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Laussel abri
L’abri de Laussel célèbre pour la superbe femme à la corne et ses autres blocs gravés.
Périgord Marquay
Situation
C’est sur la commune de Marquay que se situe l’abri de Laussel. Orienté au sud, l’abri est creusé dans un calcaire coniacien de la vallée de la Beune, sur la rive droite. A 500 mètres en amont, au-dessus de la falaise, se trouve le Château de Laussel qui fait face, sur l’autre rive, au Château de la grotte de Commarque.
L’abri sous roche de Laussel s’étend sur plus de 115 mètres de longueur et sur une largeur de 15 à 25 mètres. A l’est du Grand abri se trouve le Petit abri de Laussel qui présente les mêmes phases d’occupation préhistorique, mais dans lequel aucune découverte d’art préhistorique n’a été faite.
Découverte et fouilles à Laussel
L’abri, de grandes dimensions, visible et accessible facilement, était connu par tous les habitants de la région. Le préhistorien Emile Rivière commence des fouilles dans les couches supérieures de l’abri en 1894 qu’il détermine comme niveaux solutréens.
A partir de 1908, le docteur J.-G. Lalanne 1 loue le terrain et mandate des ouvriers (dirigés par R. Peyrille) pour fouiller activement et complètement l’abri sous roche. Les fouilles permettent de définir 8 couches, du Moustérien (à la base de la statigraphie) au Solutréen, en passant par l’Aurignacien. Malheureusement les fouilles entreprises à l’époque sont plus tournées vers la recherche d’objets, ce qui fait que la localisation des artefacts et la topologie des lieux sont peu documentées.
On peut noter, toujours en 1908, la visite active de l’abbé Breuil, accompagné, entre autres, d’Emile Cartailhac et de Denis Peyrony.
En 1911, plusieurs blocs de calcaire sont dégagés. Ce sont ces blocs gravés qui vont faire la renommée de l’abri Laussel. Les représentations humaines qui y figurent sont gravées en bas-relief et présentent des traces d’ocre rouge.
La même année, l’un des blocs gravés est détaché et revendu au Muséum de Berlin avec la complicité de Peyrille. La figure, devenue allemande, est surnommée la Vénus de Berlin.
Les fouilles du docteur Lalanne s’arrêtent en 1914.
Ce n’est qu’en 1946 que G. Lalanne et J. Bouyssonie publient les archives de l’abri grâce aux notes manuscrites de J.-G. Lalanne.
En 1961, la plupart des collections de la famille Lalanne sont léguées et exposées au Musée d’Aquitaine de Bordeaux.
L’industrie lithique
Le gisement de Laussel a délivré d’importantes quantités d’outils préhistoriques appartenant à différentes périodes préhistoriques : Moustérien, Solutréen, Magdalénien…
– dans la couche solutréenne on a dégagé principalement des pointes à cran, des feuilles de laurier et des pointes à face plane.
– le niveau gravettien, sur presque 80 cm de hauteur, a délivré la plus importante industrie de Laussel puisque plus de
10 000 outils y ont été dégagés (selon J. Bouyssonie) : grattoirs, burins, pointes, flèches… c’est également dans cette couche que des éléments de parure, des dents et coquillages percés ont été mis à jour.
– datant de l’Aurignacien, des lames étranglées, des grattoirs carénés, des pics viennent compléter les outils en os, dont des pointes de sagaies à base fendue.
– le niveau chatelperronien est beaucoup moins riche que les périodes plus récentes. On peut toutefois noter la présence de grattoirs sur lame et quelques pointes…
Les gravures de Laussel
L’animal le plus représenté dans l’abri est le cheval qui totalise 8 figures de toutes tailles : du cheval Les blocs gravé de vulves
Plusieurs blocs sont gravés de vulves. De 17 à 50 cm de longueur maximum, les organes génitaux féminins stylisés sont accompagnés de cupules (petites cavités creusées dans la roche). Ces blocs, décrits par J. Bouyssonie, ont par la suite été étudiés par Brigitte et Gilles Delluc. Les notes de J.-G. Lalanne sont insuffisantes pour déterminer avec précision la localisation et l’emplacement dans la stratigraphie de Laussel. Toutefois, leur ressemblance avec les blocs trouvés à l’abri Blanchard (Castel Merle) incite à les dater de l’Aurignacien.
Les blocs gravés de corps humains
Pour faire émerger les sculptures de la paroi de Cap Blanc, l’homme du Magdalénien a utilisé des Cinq blocs retrouvés à Laussel sont gravés d’une représentation humaine. Les gravures sont assez profondes et permettent au sujet de se détacher nettement de son support. La profondeur de la gravure classe les représentations dans les bas-reliefs.
La Vénus à la corne
La Vénus de Laussel, la plus complète et la plus connue des sculptures de Laussel.
Le chasseur, la Vénus à la tête quadrillée, Vénus de la carte à jouer, la Vénus de Berlin
Toutes ces pièces sont exposées au Musée d’Aquitaine à Bordeaux, dans la salles de Préhistoire
Le Chasseur
Cette sculpture, dont il manque la tête et les bras, évoque par sa posture un chasseur. Cela pourrait être un homme ou une jeune femme.
Le bloc mesure 45,5 cm de haut sur 24 cm de large. Ci-dessous à gauche :
Vénus à la tête quadrillée
Une représentation féminine dont le morceau de tête qui reste est quadrillé, comme si elle portait un filet couvrant toute sa tête : coiffure, porte-chef ? L’avant-bras gauche est fléchi, comme sur la Vénus de Laussel, mais aucun objet n’est visible.
Le bloc mesure 39 cm de haut sur 38 de large. Ci-dessus au centre et à droite.
Vénus dite de la « carte à jouer »
Une représentation unique dont les interprétations sont nombreuses : deux femmes imbriquées comme pour la reine dans un jeu de carte, une femme qui enfante… C’est la première sculpture à avoir été retrouvée, avec la Vénus à la corne fin 1911. Ci-dessous à gauche.
Vénus de Berlin (moulage)
Cette représentation féminine semble tenir un objet (une corne ?) dans sa main droite. Elle a été vendue en 1912 au Museum für Völkerkunde de Berlin par Peyrille, le chef des ouvriers du chantier de fouilles. Elle a été probablement détruite pendant les bombardements.
Le bloc mesurait 43 cm de haut sur 38 cm de large. Ci-dessus à droite.
Notes
1 Jean-Gaston Lalanne était psychiatre (aliéniste à l’époque) et dirigeait une maison de santé au Castel D’andorte (Buscat). Passionné de Préhistoire il a également participé aux découvertes de l’abri de Cap Blanc
Sources :
– Inventaire typolologique des industries de Laussel ( tableaux inédits de Jean Bouyssonie), d’Alain Roussot
– The « Venus » of Laussel in the light of Ethnomusicology
– Art et civilisation des chasseurs de la Préhistoire – Collectif
Le gisement préhistorique de Laussl ne se visite pas
Le gisement préhistorique de Laussel ne se visite pas et n’est plus accessible. Il est maintenant envahi par la végétation. L’abri a été littéralement vidé de tout reste préhistorique… mais un panneau rappelle toutefois que les fouilles sont interdites !
Type | Techniques employées | Période artistique | Occupation | Restes Humains |
Abri sous roche | Gravures sur bloc | – 25 000 ans Gravettien | Du Moustérien au Solutréen | non |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
Abri sous roche de 115 mètres | 5 représentations humaines | Oui | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Marquay , face à Commarque – Périgord | Ne se visite pas | 1894 | Classé Monument Historique le 29/03/1913 |