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Dans les pas de Néandertal- Exposition
Dans les pas de Néandertal.
Les premiers hommes en Normandie
De 500 000 à 5000 ans avant notre ère
Exposition au Musée de Normandie, Château de Caen
Du 27 juin 2015 au 3 janvier 2016.
En 2012, les fouilles du site préhistorique du Rozel (Manche) ont révélé les traces d’un groupe d’adultes et d’enfants qui ont laissé leurs empreintes sur une dune de la côte normande… il y a 110 000 ans !
Cette découverte exceptionnelle est l’occasion de proposer au public une exposition consacrée à la Normandie… bien avant les Normands. Au coeur d’un environnement alternant longues périodes glaciaires et épisodes plus tempérés, les premières populations humaines vivaient alors parmi une faune très inattendue dans les campagnes normandes : mammouths, rhinocéros laineux, ours des cavernes, troupeaux de rennes ou cervidés géants !
Les premiers hommes sur le territoire de la Normandie sont vieux d’environ 550 000 ans, mais l’essentiel de notre documentation concerne la période située entre 300 000 et 40 000 ans : celle qui voit l’homme de Néandertal s’installer à travers l’Europe. La Normandie offre aux archéologues quelques-uns des sites les plus significatifs de cette « autre humanité » disparue avec l’avènement de notre espèce.
La Normandie préhistorique
L’exposition propose de « dérouler le temps » depuis les premiers peuplements de la Normandie, il y a environ 550 000 ans en mettant en situation les différents types humains qui se sont succédé dans notre région. Les fossiles humains sont rarissimes et fragmentaires, l’archéologie de la période s’appuie donc sur l’étude de l’environnement et de la faune, sur l’identification des sols d’habitats, des foyers, des amas osseux et lithiques… Ce sont les vestiges des campements, de la consommation et de la transformation des produits de la chasse et de la collecte, de la taille de la pierre, des rites funéraires préhistoriques et de l’occupation des premiers sanctuaires. Le « contexte normand » offre la possibilité de suivre l’évolution des hommes et de leur milieu sur un territoire délimité et une très longue durée.
La longue histoire de l’humanité
On attribue à Homo erectus le premier épisode des migrations hors du berceau africain pour le peuplement de l’Asie et de l’Europe. L’homme n’est pas arrivé sur nos rivages à de si hautes époques mais la Normandie a connu, peut-être, les derniers représentants de cette espèce. A partir d’environ 500 000/450 000 ans, on identifie en Normandie la présence de l’ancêtre de l’homme de Néandertal : Homo heidelbergensis, plus connu, dans nos souvenirs d’écoliers, sous le nom « d’homme de Tautavel », d’après le site célèbre de sa découverte dans les Pyrénées Orientales.
Son « successeur », l’homme de Néandertal domine le continent européen jusqu’à l’apparition de l’homme moderne (Homo sapiens). En Normandie, les vestiges liés à Homo heidelbergensis et à Néandertal sont les plus nombreux et les mieux documentés. Par ailleurs la très bonne conservation des vestiges de certains sites où la présence de Néandertal est attestée, à partir de 300 000/250 000 ans et jusque vers 40 000 ans, a permis aux archéologues normands d’apporter des contributions importantes et originales à la connaissance de la période.
Le destin de Néandertal suscite encore bien des questions. En Normandie comme ailleurs, ses traces s’effacent lorsque Homo sapiens vient s’installer sur ses anciens territoires de chasse, vraisemblablement en plusieurs phases, contrariées par les dernières glaciations, à la fin du paléolithique supérieur.
Le site archéologique paléolithique moyen du Rozel, département de la Manche, (Normandie, France), livre des vestiges mobiliers (os, charbons, silex et quartz taillés) et des structures (amas de débitage
d’éclats, concentrations de restes osseux témoignant de traitement de carcasses animales, foyers) dans un état exceptionnel de conservation qui autorisent des analyses de type palethnographique.
Cependant l’originalité du site consiste en la présence et la conservation de dizaines de traces de pattes animales et surtout de plusieurs centaines d’empreintes de pas, de mains d’individus de tous âges constituant les groupes de néandertaliens qui ont fréquenté de manière récurrente le site, il y a environ 80 000 ans.
Le site du Rozel compte parmi les sites majeurs du Paléolithique moyen d’Europe de l’Ouest.
Neandertalrozel.com
Parcours de l’exposition « Dans les pas de Néandertal. » en pratique
Des hommes… un bras, des dents et des empreintes
Le parcours se structure autour de plusieurs thématiques : une « galerie des ancêtres » est mise en perspective avec la présentation des restes humains trouvés en Normandie : la récente et étonnante découverte des fragments du bras d’un pré-Néandertalien de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime) daté d’environ 245 000 ans et la série dentaire d’un Néandertalien de La Cotte de Saint-Brelade à Jersey (phase récente du Paléolithique moyen).
L’homme de Néandertal est illustré par la présentation de moulages de pas et de main du Rozel (Manche) dont ceux d’un enfant mis en lien avec la reconstitution par dermoplastie de l’enfant du Roc de Marsal aux Eyzies de Tayac (Dordogne).
Photo – Empreinte rarissime de pas de Néandertalien, Le Rozel (Manche), vers – 110 000 ans. © G. Laisné
Vivre en Normandie au paléolithique
Les premiers peuplements sont évoqués avec le cas du site des bords de Seine à Saint-Pierre-lès-Elbeuf (Seine-Maritime) vers 410 000 ans et vers 350 000 ans, ou des sites de haut de plage de Barneville (Manche) vers 320 000, et de La Cotte de Saint-Brelade à Jersey occupée à partir de 280 000 ans.
L’évolution climatique, avec la restitution des paysages et des faunes des périodes tempérée, froide et pléniglaciaire, est suggérée par des évocations des paysages et de la végétation, reconstitués pour illustrer les différents milieux, et par la présence d’animaux provenant des collections des Museum d’Histoire Naturelle ou de reproductions de specimens disparus du quaternaire. Ces variations sont illustrées par des maquettes qui traduisent l’évolution des paysages littoraux à Saint-Germain-des-Vaux (Manche) entre 128 000 et 20 000 ans et des environnements continentaux : site de Saint-Brice-sous-Rânes (Orne) entre 40 000 et 8 000 ans.
Néandertal, le Normand
Le coeur de l’exposition est consacré aux modes de vie néandertaliens surpris dans leurs activités caractéristiques de chasseurs nomades, notamment le traitement des proies chassées ou charognées : les aires spécialisées de travaux de boucherie du Rozel (Manche) vers 110 000 ans en constituent l’élément majeur. Les vestiges, dans un état de conservation exceptionnel (foyers, empreintes de pas, amas de débitage du silex, ossements) illustrent le quotidien d’un groupe de Néandertaliens. Le visiteur est même amené à s’imprégner de l’atmosphère du site… restituée par des boites à odeur !
Le site de Ranville (Calvados) vers 230 000 ans illustre quant à lui les stratégies d’acquisition de viande. Il a été possible d’identifier là le dépeçage et la consommation d’un éléphant antique.
Les habitats de Néandertal se structurent autour de foyers comme au Rozel, mais le feu est aussi utilisé sur des aires de « fumage », peut-être déjà dans un but de conservation de la viande, aménagées sur l’estran à Port-Racine et à Saint-Vaast-la-Hougue (Manche).
Il faut parfois aller chercher les informations sous la mer dans les sites immergés après le réchauffement climatique de la fin de notre période. L’occupation de pied de falaise de la Mondrée à Fermanville (Manche) permet d’évoquer l’habitat, les variations du niveau marin et les techniques de fouilles subaquatiques. A l’intérieur des terres, ce sont les grands ateliers de production d’outils bifaciaux que l’on retrouve en plein air sur les gîtes de matières premières comme à Saint-Brice (Orne), à Sainte-Croix-Grand-Tonne (Calvados) ou à Saint-Julien de la Liègue (Eure). Certains ont pu prendre une extension considérable et donner lieu à une très abondante production de pierres taillées.
La culture matérielle est la seule que nous pouvons vraiment approcher à travers la collecte des objets et l’étude des sites, mais le soin apparemment apporté à la fabrication de quelques objets insolites de la phase récente du Paléolithique moyen témoigne, chez les Néandertaliens, de préoccupations qui dépassent celles de la satisfaction des besoins vitaux. La pièce en jais rainurée de Saint-Vaast-la Hougue (Manche), le biface parfaitement triangulaire de Montgaroult (Orne), ou le silex à cortex gravé de Saint-Brice-sous-Rânes (Orne) posent la question de l’intention artistique dans ces réalisations et suscitent de grands débats sur l’émergence des préoccupations immatérielles dans la vie des hommes préhistoriques.
Sapiens en Normandie
Les premiers hommes modernes font timidement leur apparition dans le nord de la France vers
38 000 ans : la culture dite de l’aurignacien – celle qui a produit les oeuvres de la Grotte Chauvet en Ardèche – est attestée à Lommoye (Yvelines), aux frontières de la Normandie et à Épouville (Seine-Maritime).
Passé cet épisode, la glaciation s’intensifie ; animaux et homme descendent vers le sud de l’Europe. Une dernière et brève offensive du froid se produit vers 10 800 / 10 200 (Dyas récent) mais déjà, vers 12 000, le radoucissement climatique a permis le retour des hommes au nord de la Loire.
Les cultures identifiées dans le sud de la France (cultures aziliennes, nommées d’après le site de la Grotte d’Azil, Ariège, vers 12 000/9000 ans) sont illustrées par l’habitat d’Alizay (Eure) et ses aires d’activités spécialisées en périphérie : découpe de faune, tannage des peaux, débitage du silex. La steppe froide et glacée en périphérie du monde des glaces est désormais remplacée par la forêt sous les bienfaits du réchauffement climatique. La panoplie des chasseurs s’adapte à un environnement davantage boisé ; la sagaie laisse place aux armatures en silex comme à Saint-Pierre-Église (Manche), Curcy (Calvados), ou Acguigny (Eure).
C’est aussi la période où l’homme moderne investit les cavités pour graver et pour peindre des animaux, des représentations humaines et des signes géométriques. Sur les falaises de la vallée de Seine, près de Rouen, Orival et Gouy poussent le plus loin au nord sur le territoire de la France, l’avancée de l’art pariétal. La reconstitution virtuelle de la grotte de Gouy révèle au grand public ces sites connus seulement des spécialistes.
Le parcours s’achève avec les derniers chasseurs-cueilleurs du Mésolithique (10 000 à 5 000 ans) qui généralisent l’utilisation de l’arc et la flèche. Le travail de la pierre s’est affiné jusqu’à la production des micro-pointes qui équipent les armes de chasse rencontrées à Auderville (Manche) ou à Saint-Ellier-les-Bois (Orne).
En pratique Dans les pas de Néandertal Musée de la Normandie Du 27 juin 2015 au 3 janvier 2016. |
Horaires :
Horaires d’ouverture au public : 9h30-18h.
• Ouverture de 9h30 à 18h tous les jours, sauf le mardi à partir du 1er novembre et jours fériés (1er novembre, 25 décembre, 1er janvier).
Tarifs :
• Entrée 5,50 €, tarif réduit 3,50 €. Gratuit pour les moins de 26 ans, les Abonnés Pass’murailles, les Amis du musée de Normandie et les Amis du musée des Beaux-Arts. Entrée libre et activités gratuites pour tous, le premier dimanche de chaque mois et lors des Journées Européennes du Patrimoine. • Accueil billetterie à l’église Saint-Georges du château de Caen (vente des billets d’entrée jusqu’à 17h15). |
Lieu de l’exposition :
Musée de Normandie – Château
14000 Caen
Billetterie : Eglise Saint-Georges du château de Caen
Tél. : 02 31 30 47 60
Dans les pas de Néandertal Collectif Les premiers peuplements sur le territoire de la Normandie remontent à environ 550 000 ans en vallée de Seine. L’essentiel de la documentation qui a pu être rassemblée concerne les pré-Néandertaliens (Homo heildenbergensis) et l’homme de Néandertal, entre 300 000 ans et 40 000 ans. Il faut attendre le radoucissement climatique, il y a environ 10 000 ans, pour voir l’arrivée d’Homo sapiens, au temps des derniers chasseurs cueilleurs. Produit d’un programme collectif de recherche confié aux meilleurs spécialistes de la période, cet ouvrage met à la disposition du grand public le bilan de nos connaissances sur la préhistoire ancienne de la Normandie. Plus de 250 images, reconstitutions, cartes ou schémas guident le lecteur dans des articles de synthèse ou des « gros plans » sur des sites emblématiques. Sa publication s’inscrit dans un projet honoré par le label d’Exposition d’intérêt national du ministère de la Culture. | |
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Rozel, l’empreinte des hommes-oiseaux Une BD d’Emmanuel Roudier Jadis, les Hommes-Oiseaux hivernaient près du territoire de la tribu de Zetti, la jeune fille intrépide. Saison froide après saison froide, ils luttaient contre des hivers de plus en plus rudes. Jusqu’au pire de tous, au cours duquel ils disparurent. Désormais, il ne reste que la mémoire pour témoigner de cette époque. Les Hommes-Oiseaux semblent partis à jamais, emportant avec eux leurs étranges croyances. Quel drame a bien pu se jouer là, ne laissant qu’une vague empreinte de leur passage au pied de la falaise ? Avec un trait aussi fin que puissant, Emmanuel Roudier nous conte la fin d’un âge où les esprits étaient encore les maîtres des Hommes. | |
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Silvana Condemi, Jean-François Mondot