Les grands singes, origines, lignées
Non, l’homme ne descend pas du singe… il est simplement un singe, et plus précisément un grand singe…
Carl Linné puis Charles Darwin, en leurs temps, en avaient déjà choqué plus d’un en plaçant l’homme dans le règne animal au milieu des autres mammifères. Ils étaient arrivés à cette conclusion à partir de l’étude des morphologies humaines et simiesques.
Pour reconstituer les origines de des grands singes l’anthropologie puis la génétique ont apporté les preuves scientifiques de cette évolution à partir d’un ancêtre commun. Il est donc tout à fait logique de dire que l’homme et les grands singes actuels ont un ancêtre commun.
Définition
Les grands singes forment la super famille des hominoïdés. Celle-ci se sépare en 2 lignées.
La première regroupe les hominidés (africains), l’homme, le chimpanzé, le bonobo, le gorille, et
les pongidés (asiatiques) avec un seul représentant, les orang-outangs.
La deuxième les hylobatidés avec les gibbons.
En 1871, Charles Darwin avait déjà recomposé notre famille !
Charles Darwin avait ainsi, bien avant que des preuves ne soient trouvées, imaginé un ancêtre commun aux singes et à l’homme.
« Il était donc probable que l’Afrique était autrefois habitée par des singes aujourd’hui disparus, étroitement apparentés au gorille et au chimpanzé ; comme ces deux espèces sont maintenant les plus proches de l’homme, nos lointains ancêtres ont sans doute vécu sur le continent africain plutôt qu’en un autre lieu ».
Darwin avait su voir le lien de parenté proche qui unit l’homme et les grands singes.
Primate ?
A l’origine c’est le naturaliste Carl Von Linné qui a nommé notre grande famille de primates, en 1758 dans son ouvrage majeur Systéma Naturea.
En donnant cette notion de « premier » ou « à la première place » parmi les autres mammifères, il voulait appuyer que l’homme était à part, au dessus de la mélée..
C’est également la première fois qu’un scientifique intégrait l’homme dans le règne animal.
Origines des primates
Les primates, une très vieille histoire de famille
On estime que les premiers primates sont apparus il y a 58 millions d’années, dans une période pas très éloignée de la disparition des dinosaures. Le plus ancien fossile connu est Altiatlasius, identifié uniquement par une douzaine de dents (c’est le seul élément du squelette qui ait résisté au temps !). Ce petit mammifère du continent africain (Maroc) devait peser environs 120 grammes.
Il y a 55 millions d’années, les primates commencent à se répandre et à se diversifier sur les terres accessibles (Europe et Asie).
Cette expansion est stoppée lors d’un refroidissement mondial (-34 millions d’années). Si la plupart des primates européens disparaissent, les asiatiques survivent et continuent leur évolution (Eosimias et Bahania par exemple)…
Nous avons peu d’informations sur la période comprise entre -32 et -23 millions d’années car, à ce jour, aucun fossile significatif n’a été retrouvé.
(A noter, toutefois, la découverte en octobre 2005 de deux nouvelles espèces d’anthropoïdes en Egypte : Biretia fayumensis et Biretia megalopsis)
Le climat commence à se réchauffer et vers -17 millions d’années débute véritablement l’âge d’or des mammifères… On trouve alors des singes hominoïdes et des cercopithèques en Afrique et hors d’Afrique. Parmis les fossiles les plus connus on peut citer le Proconsul (singe sans queue).
Une nouvelle période de refroidissement débute vers -16 Ma. Ce changement de climat est accompagné par une modification de la végétation : développement des savanes et des prairies.
En europe on trouve les restes d’un hominoïde, le Dryopithecus appelé le singe des chênes (-11 millions d’années) et ceux d’un primate arboricole, l’Oréopithèque (- 9 ma). Un autre Hominoidea, l’Ouranopithèque, prétend aussi au titre d’ancêtre possible de l’homme.
En 2009, découverte d’un nouveau singe anthropoîde : Lluc, Anoiapithecus brevirostris. En 2019 c’est en Allemagne que des ossements d’une nouvelle espèce de grands-singes qui ont été mis au jour : Danuvius guggenmosi fait ses premiers pas sur la scène anthropologique. Il pratiquait il y a 11,6 millions d’années une sorte de bipédie arboricole…
La lignée humaine se dessine
Les trois dernières grandes séparations avant l’homme…
– La lignée des gibbons (Hylobatides) s’est séparée des autres depuis 25 millions d’années, ce qui en fait l’espèce la plus éloignée génétiquement parlant.
– 15 millions d’années c’est la date à laquelle on estime que la branche des orang-outans s’est séparée de celle des autres primates.
– La séparation des grands singes africains de la lignée humaine a du se produire entre -8
et -9 millions d’années en arrière. Cette date a été repoussée du fait des découvertes récentes de nouveaux fossiles : Toumaï (7 millions d’années) et Orrorin (6 millions d’années).
La découverte en novembre 2004 du singe hominoïde Pierolapithecus catalaunicus en Espagne ne fait que confirmer cette dernière hypothèse.
Les dernieres études se contredisent…
Une nouvelle découverte de dents fossilisées de chimpanzés est publiée dans la revue Nature de septembre 2005. La séparation Homme moderne des grands singes est encore repoussée ?
Une étude de l’ADN de l’homme et des chimpanzés publiée en mai 2006 dans la revue Nature rajeunit la séparation des 2 espèces à 6 millions d’années…
Les grands singes actuels
Caractéristiques des grands singes
Primates avant tout, les grands singes se distinguent des autres singes par quelques caractéristiques particulières.
Une taille et un poids plus importants (de 0,70 à 2,00 mètres)
L’absence de queue. Cette particularité impacte énormément sur le reste de la morphologie : le torse et les membres sont sollicités pour effectuer des mouvements normalement réalisés par la queue.
Les bras sont plus longs, plus mobiles et permettent la suspension (et pour certains la brachiation).
Un cerveau plus développé avec des capacités cognitives importantes.
Une vision binoculaire : les yeux sont positionnés sur la face et non sur les cotés ce qui permet de voir en « relief » et de mieux appréhender les distances !
et… la fabrication d’un nid pour la nuit… que l’Homo sapiens semble avoir oublié !
Portraits des 6 derniers Grands singes
Cliquez sur les images pour en savoir plus sur l’espèce concernée.
(A noter, il n’y a pas de fiche consacrée au Gibbon, celui-ci n’étant pas un hominidé)
A part l’homme, tous les grands singes disparaissent de la planète, ils ne subsistent que dans quelques « poches de résistances » . Voir la répartition des grands singes dans les monde.
Et maintenant ?
On estime qu’il ne reste, actuellement, que 300 à 400 000 grands singes sur la planète. De nombreuses organisations et associations luttent sur le terrain, pour enrayer ce déclin. Le combat n’est pas gagné d’avance car cette extinction ne passionne pas vraiment les populations et les gouvernements. C’est pourtant un risque majeur pour la biodiversité… et pour l’homme.
En sauvant les grands singes, l’homme pourrait pourtant se sauver lui-même car il ne faut pas ouvlier que nous sommes, nous humains, très proche génétiquement des grands singes.
Programmes et associations
Le GRASP (Great Apes Survical Project) lancé par les Nations Unies en 2001 regroupe vingt-trois pays africains et asiatiques. Son but est de financer des actions de protection, d’études et de sensibilisation des populations locales pour la survie de grands singes.
L’institut Jane Goodal et la Fondation Dian Fossey sont également présents sur le terrain et mènent des actions concrètes comme le financement de centres de recherches dédiés aux gorilles et aux chimpanzés.
A suivre pour en savoir plus sur la sauvegarde des grands singes.
Pour aller plus loin…
L’ADN du chimpanzé
Septembre 2005, la revue Nature publie un article sur le séquençage de l’ADN de chimpanzé.
Photos de singes
Découvrez de nouvelles photos de gorilles et des photos de chimpanzés prises au zoo de Sydney en Australie
La Vallée des singes
Visitez la Vallée des singes en France pour découvrir des singes en liberté.
Voir aussi le dossier en ligne :
Homme et singe – ressemblances et différences
Dossier grands singes
Origines et évolution des grands singes
Répartition des grands-singes actuels
Les grands singes en danger
La sauvegarde des grands singes
Entretien avec Emmanuelle Grundmann
Brigitte Senut avec Michel Devillers