La grotte du Vallonnet à Roquebrune-Cap-Martin et les premiers habitants des Alpes-Maritimes.
Conférence le jeudi 10 mai de 18 à 20h.
Pierre-Elie Moulle
Musée de Terra Amata
Conférence " La grotte du Vallonnet à Roquebrune-Cap-Martin et les premiers habitants des Alpes-Maritimes."
par Pierre-Elie MOULLE
Attaché de conservation au Musée de Préhistoire régionale de Menton
La grotte du Vallonnet se trouve près du littoral méditerranéen. Les fouilles entamées en 1958, qui se poursuivent actuellement, livrent une industrie lithique et une faune datées d'un million d'années, c'est-à-dire la seconde moitié du Pléistocène inférieur. C'est le plus ancien site préhistorique en grotte connu en Europe Occidentale.
Photo : Reconstitution d'un hominidé il y a 1 million d'années dans la grotte du Vallonnet (Musée de Préhistoire régionale de Menton).
Un extrait concernant La grotte du Vallonnet dans Les Premiers peuplements de la côte d'Azur et de la Ligurie.
La grotte du Vallonnet est une petite cavité située en contrebas du vieux village de Roquebrune-Cap-Martin, à une altitude de 110 m, sur la rive droite d'un petit vallon, le Vallonnet, qui dévale vers la baie de Carnolès. Le porche d'entrée étroit et bas, s'ouvre sur un couloir de 5 m de long qui débouche sur une salle de 4m de large.
Il y a un peu plus d'un million d'années, cette grotte était occupée alternativement par de grands carnivores et par des Hommes, parmi les plus anciens habitants de l'Europe.
La grotte du Vallonnet a été signalée en 1958 par une fillette du voisinage, Marianne Poire, qui venait chercher là des cristaux de calcite et découvrit par hasard une dent de rhinocéros et une canine d'ours qui furent déterminées dans un premier temps par René Pascal, un préhistorien amateur.
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Les premiers hommes dans les Alpes-Maritimes
Les fouilles effectuées, à partir de 1962 par Henry de Lumley, Pierre-Élie Moulle et Annie Echassoux ont mis en évidence des traces d'occupation humaine qui ont élevé le Vallonnet au rang de plus ancien site paléolithique en grotte du sud de la France. En effet, au-dessous d'un plancher stalagmitique daté de 900 000 ans, a été mis au jour dans l'ensemble III un outillage de facture très ancienne composé de galets aménagés, d'outils de percussion appelés choppers et d'éclats bruts de taille destinés à fracturer les os, couper les peaux et les tendons d'animaux charriés dans la grotte.
Bien que plusieurs sols d'occupation humaine aient été mis en évidence par la présence d'outils, les niveaux archéologiques n'ont montré aucun aménagement particulier: les Hommes du Vallonnet n'avaient pas encore domestiqué le feu. En fait, la grotte servait de tanière à de grands carnivores qui rapportaient là des carcasses d'herbivores. Ce n'est qu'en l'absence des carnivores que les Hommes pouvaient fréquenter les lieux où ils ont abandonné, à côté de leurs outils, des os longs d'herbivores portant des traces de boucherie et des fracturations destinées à en extraire la moelle.
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