Accueil / Chronologie / Néandertal en France !
Néandertal en France !
Les néandertaliens à la conquête de l’hexagone Les sites et gisement en France ou l’on a identifié des outils ou des restes fossiles attribués à Néandertal. |
Sans vouloir rechercher à tout prix le premier Français pour revendiquer une origine particulière, les plus anciennes traces de passage d’une humanité sur l’Hexagone sont datées d’environ 1 million d’années, bien avant les premières traces de Néandertal en France. Et pour l’instant, ces sites ont seulement délivré de l’outillage et des ossements d’animaux, mais pas de fossile humain. On peut citer Soleihac, Lézignan-la-Cèbe ou encore La grotte du Vallonet. A cette période, il est probable que les hominidés qui traversaient nos régions étaient des Homo erectus en provenance d’Afrique mais sans preuve paléoanthropologique directe.
Un peu plus récents, si l’on peut dire (!), entre 500 000 et 250 000 ans, comme dans le reste de l’Europe, ce sont des Homo heidelbergensis et des Homo antecessor, des hominidés qui vivaient sur le territoire. Silvana Condemi précise « Les Homo heidelbergensis correspondent sans doute à une autre vague migratoire qui a atteint l’Europe pendant une période interglaciaire il y a 600 000 ans. » Ces pré-néandertaliens ont aissé un grand nombre de traces de leur passage, pas forcément des fossiles humains mais des outils, des ossements charognés notamment à la Caune de l’Arago, Menez Dregan, Terra Amata, La Micoque, La Baume Bonne…
En France, c’est à partir de – 250 000 ans que Néandertal « se déploie » sur l’Hexagone. On commence à retrouver des fossiles de cette période présentant des traits néandertaliens de plus en plus fréquents et nombreux. Le préhistorien Bruno Maureille indique que « La France est le pays d’Europe qui possède le plus grand nombre de sites livrant des restes humains de la lignée néandertalienne. Plusieurs de ces gisements sont mondialement connus comme La Ferrassie, La Chapelle-aux-saints, la Quina, La Roche à Pierrot…
En France, les Néandertaliens ont laissé un grand nombre de gisements présentant des aménagements divers : site de taille lithique ou de découpe animale, campement provisoire de chasse, campement saisonnier récurrent, sépultures… Les activités pouvaient être réalisées sur des sites de plein air, à proximité des grottes ou sous les porches d’entrée des cavités. Les Néandertaliens n’ont pas laissé de traces d’incursions au fond des grottes, ou du moins elles n’ont pas été encore retrouvées ailleurs qu’à Bruniquel.
Sites pré-néandertaliens
La Micoque
Un gisement occupé par des pré-néandertaliens ou des Homo heidelbergensis pendant une très longue période entre – 470 000 et –300 000 ans. Découvert en 1895, les fouilles se sont succédé sur ce site de plein air. Les outils découverts dans le gisement ont permis d’identifier deux industries lithiques : le Micoquien et le Tayacien. A noter, les chevaux étaient la proie la plus chassée par les pré-néandertaliens de la Micoque : ses ossement représentent 90% des restes de faune.
En savoir plus sur La Micoque
Tourville-la-rivière
Il y a 210 000 ans environ des Néandertaliens débitaient des lames et des éclats de type Levallois sur le site de Tourville-la-rivière, près de Rouen. Le site a livré plus de 500 artefacts sur une surface totale d’un hectare. En 2014, ce sont des ossements humains qui ont été trouvés : os longs du bras gauche d’un même individu (humérus, cubitus et radius). Ils sont attribués à un pré-néandertalien.
En savoir plus sur Néandertal à Tourville-la-Riviere
Blache-saint-Vaaste
Deux crânes fragmentaires ont été exhumés sur le site de Biache-saint-Vaaste : Biache 1 la même année que la découverte du site en 1976 (pariétal, occipital et dents), et Biache 2 en 1986 en identifiant des fragments osseux. La datation des restes pré-néandertaliens est confirmée à 200 000 ans. Les crânes présentent des traits morphologiques spécifiques aux Néandertaliens, comme la formation d’un bourrelet sus-orbitaire. Une industrie lithique de type Moustérien était associée ainsi que des ossements d’animaux, dont de l’aurochs, du rhinocéros et de l’ours brun.
Bruniquel
A -30 000 ans, si l’outillage et les armes deviennent complexes et travaillés, on commence à trouver de En 1990, la grotte de Bruniquel est explorée et permet de découvrir des ossements d’animaux, des traces de foyers ainsi qu’une construction de stalagmites brisés. Une première datation sur un os brûlé donne un âge de – 47 000 ans. En 2016, c’est la calcite déposée sur les stalagmites cassés qui est datée (méthode U/Th) et les chiffres sont vertigineux puisque les structures stalagmitiques ont été réalisées il y a plus de 176 000 ans, à une époque où seul Néandertal était sur le territoire !
Voir les structures de Bruniquel
Les grottes de la Chaise
Les restes humains de l’abri Suard sont datés entre 160000 et 180 000 ans (stade isotopique 6). Ils ont été retrouvés mêlés aux ossements d’animaux de climat froid : cheval, renne, antilope saïga. L’abri Suard a livré une accumulation de bois de rennes (majoritairement des bois de massacre) travaillés par les pré-néandertaliens. Les fouilles ont permis la mise au jour des fragments osseux présentant des coches parallèles, façonnées volontairement. L’industrie des Hommes de La Chaise se rapporte au Moustérien.
Sites néandertaliens en France
La Chaise à Vouthon
A -13 000 ans parois, outils, armes… tous les supports sont utilisés par l’Homo sapiens pour représenter Le site de La Chaise à Vouthon est constitué de l’abri Suard et de l’abris Bourgeois-Delaunay. C’est dans ce dernier qu’on été exhumés 23 restes fossiles appartenant à des adultes et des enfants. lLs chercheurs ont identifié des éléments très caractéristiques : une calotte crânienne, un os zygomatique, un os temporal, un os occipital, une mandibule avec sa série complète de dents, un fragment de maxillaire portant les trois molaires, une scapula, un fémur et des fragments de côtes. Les fossiles de l’abri ont été retrouvés sur une surface réduite dans laquelle aucun outil n’était associé. Le gisement est daté de -135 000 ans.
The Neanderthal mandible BD 1 from La Chaise-de-Vouthon Abri Bourgeois-Delaunay (Charente, Southwestern France, OIS 5e). Dental tissue proportions, cortical bone distribution and endostructural asymmetry
Combe Grenal
Un site occupé à plusieurs reprises par des Néandertaliens entre – 130 000 et – 42 000 ans. 54 niveaux dans la stratigraphie démontrent l’importance de cet abri effondré. Au total, les chercheurs ont trouvé 26 vestiges humains constitués principalement de dents et de fragments de crânes. Ces derniers présentent des stries qui pourraient être une trace d’anthropophagie. Des outils moustériens et des restes de faunes ont également été exhumés dont, en particulier, des serres d’aigle royal sélectionnés par des Néandertaliens il y a 90 000 ans.
La grotte de la Niche
La cavité du site de Coupe-Gorge a livré une mandibule humaine en 1949. Ce reste humain, découvert par Raoul Cammas, a d’abord été daté de plus de 200 000 ans du fait des caractères très archaïques des dents. Il apparaît aujourd’hui qu’elle appartenait probablement à un pré-néandertalien il y a 130 000 ans. Par ailleurs, de nouvelles études ont permis de distinguer un tibia et une vertèbre parmi les fossiles de faune (Amélie Vialet, 2018). La présence de nombreux restes de félins, canidés et ursidés indiquent que la cavité était occupée alternativement par des Néandertaliens et des carnivores.
En 2020 découverte d’une dent néandertalienne dans la grotte de Coupe-Gorge.
2022 : un humérus humain sans assurance de l’espèce
Pech-de-L’Azé
Ce sont quatre gisements (numérotés de I à IV) constitués d’épaisses couches stratigraphiques qui ont délivré une grande quantité d’outils moustériens permettant de montrer l’évolution et la diversité de cette culture lithique. Les sites ont régulièrement été occupés par des Néandertaliens entre – 100 000 et – 40 000 ans. Les chercheurs ont exhumé de nombreux restes humains parmi lesquels on distingue Pech-de-l’Azé I (daté entre 41 000 et 51 000 ans), le crâne très complet d’un Néandertalien de 2-3 ans avec de nombreux blocs de pigments noirs. Les autres restes humains, principalement des dents, sont également attribués à de jeunes individus entre 2 et 9 ans.
La grotte Mandrin
La grotte Mandrin est un abri sous voûte qui est fouillé depuis 1990. La stratigraphie mise au jour a déjà permis de distinguer 9 ensembles sédimentaires avec des ossements humains, des outils lithiques et osseux, des traces de foyers et de possibles éléments de parures. Pour Ludovic Slimak « Ces enregistrements archéologiques documentent les inflexions climatiques et l’organisation des sociétés néandertaliennes, des environs du 100e millénaire, jusqu’à leur extinction au tournant du 42e millénaire« .
Le Regourdou
Découvert en 1957, le gisement du Regourdou, à Montignac (à proximité de la grotte originale de Lascaux) est une ancienne grotte dont le plafond s’est écroulé. Le squelette d’un jeune adulte a été exhumé, particulièrement bien conservé pour un fossile estimé entre – 85 000 et – 75 000 ans. L’excellente conservation ainsi que l’absence de crâne laisse penser qu’il pourrait s’agir d’une inhumation volontaire. Le gisement a délivré de nombreux ossements d’ours.
En savoir plus sur le gisement du Regourdou
La Quina
En 1911 fut trouvé le squelette de la « femme de la Quina », puis en 1916 le crâne d’un enfant. Ils appartiennent au groupe des Néandertaliens (Homo sapiens neanderthalensis). Au total, une dizaine de fossiles humains ont été découverts, adultes et enfants. Ils ont occupé le site entre -71 000 et – 40 000 ans. Accompagnant les ossements de H5, les archéologues ont trouvé des racloirs, des pointes et une bola. Cette accumulation d’objets pourrait être le signe d’une inhumation volontaire.
Depuis 1986 les fouilles ont permis de mettre au jour d’autres restes humains dans les couches moustériennes. Au total, La Quina a délivré les ossements d’une dizaine d’individus.
La Roche-Cotard
Le site de la Roche-Cotard est situé en Touraine, il est daté du Paléolithique moyen.
Il est composé de plusieurs locus : une grotte principale (Roche-Cotard I) et de différents gisements ayant délivré des racloirs et des petites lame d’origine moustérienne attribuée à Néandertal. Dans un trou naturel situé sur Roche-Cotard II, un bloc de silex à été découvert avec une pointe osseuse enfichée dans un orifice de la pierre formant une sorte de visage (ou masque comme l’a surnommé le préhistorien Michel Lorblanchet). Cette « face » est constituée de deux yeux et du nez. L’ensemble porte quelques traces de retouches montrant une volonté de représentation.
Les premières datations de la couche (7c) qui contenait « Le masque » indiquent un âge de 37 000 à plus de 40 000 ans. Mais en 2018 de nouvelles datations avec la méthode OSL indiquent un âge de plus de 70 000 ans !
Arcy-sur-Cure
Sept des grottes d’Arcy-sur-Cure ont permis de trouver des traces du passage de Néandertal. Parmi elles, des restes humains ont été identifiés dans les grottes du Bison, du Loup, du Renne et celle du Hyène. D’après les éléments retrouvés (ossements, outils) il a été attesté que les Néandertaliens y ont établi à plusieurs reprises leur campement entre – 60 000 et -30 000 ans. Au total, plus de 60 restes humains néandertaliens ont été mis au jour sur l’ensemble du complexe d’Arcy-sur-Cure. De l’outillage moustérien et châtelperronien provenant de tous les niveaux de la stratigraphie, montre une présence régulière sur le site.
Plus sur les grottes d’Arcy-sur-Cure
La Ferrassie
A l’origine de la découverte, en 1895, le site regroupait le grand abri, la grotte et le petit abri. Un site de référence pour sa stratigraphie qui couvre 15 000 ans (entre -40 000 et -25 000 B.P.) du Moustérien à l’Aurignacien. Un gisement mondialement connu pour ses huit sépultures qui ont permis l’étude des fossiles néandertaliens d’enfants, d’adultes et de vieillards datant de -60 000 ans. Les derniers niveaux du grand abri de la Ferrassie sont de l’Aurignacien, bien après la disparition de Néandertal.
En savoir plus sur l’abri de La Ferrassie
La Chapelle-aux-Saints
C’est un squelette presque complet qui a été découvert en 1908 dans la grotte de la Bouffa Bonneval, à proximité du village de la Chapelle-aux-Saints. L’individu a probablement été inhumé volontairement dans la cavité, ce qui a permis une bonne conservation et l’intégrité du squelette jusqu’à nos jours. Avec les restes fossilisés, les archéologues ont mis au jour des restes de bison et des éclats du Moustérien. La sépulture est datée de – 60 000 ans.
Plus sur le Musée de l’Homme de Néandertal à La-Chapelle-aux-Saints
Les Pradelles
Un site qui a dû servir de halte de chasse il y a environ 60 000 ans pour des chasseurs de rennes néandertaliens. Au total, ce sont les fragments osseux de huit individus qui ont été retrouvés, mélangés aux restes de rennes. Une analyse biochimique des ossements néandertaliens a montré que ces derniers avaient un régime alimentaire majoritairement carnivore. Les traces de décharnement identiques sur les tous les ossements (humains ou animaux) signifie que les Néandertaliens pouvaient également consommer leurs congénères ! On ne sait pas si ces pratiques cannibales étaient purement alimentaires, culturelles ou rituelles…
La Folie
Ce gisement de plein air a été trouvé en 2004. Les fouilles ont permis de reconstituer ce qui a dû être un campement néandertalien constitué d’une palissade (trous de poteaux), de pierres de calage, de restes de foyers et probablement d’un lieu de repos (une sorte de litière ?). Le campement mesurait 10 mètres de diamètre et devait accueillir une quinzaine d’individus. Les traces de la structure indiquent que même pour un campement provisoire ou saisonnier, Néandertal investissait en travail et en temps pour construire une aire de vie protégée. Les chercheurs estiment que ce campement date de 60 000 à 55 000 ans avant notre ère.
Le Moustier
Les abris du Moustier, fouillés dès 1863, ont permis les découvertes de deux fossiles néandertaliens : celui d’un adolescent de 13-16 ans (Moustier 1) et celui d’un bébé âgé de neuf mois ( Le Moustier 2 retrouvé dans les réserves du Musée de l’Homme 80 ans après sa découverte !). Ce deuxième squelette de nouveau-né est important pour la recherche car il est très complet et que les ossement de petits enfants sont rarement aussi bien conservés. Le Moustier est le site de référence pour la culture moustérienne qui est exclusivement reliée aux Néandertaliens. Le site a été occupé entre -60 000 et – 40 000 ans.
En savoir plus sur l’abri du Moustier
Grotte des fées Châtelperron
Un très ancien site occupé à deux reprises par Néandertal : entre -40 000 et -38 000 ans, et entre -36 000 et -35 000 ans, les chercheurs ont principalement mis au jour de l’outillage lithique du Moustérien (silex taillés) et du Châtelperronien (lames, burins …). Tout serait ainsi très simple, si une strate contenant des outils aurignaciens ne venait s’intercaler entre -38 000 et -36 000 ans. Plusieurs interprétations du site sont possibles : soit les hommes modernes ont alterné sur le site avec Néandertal, soit Néandertal a copié les outils aurignaciens de Sapiens, soit les deux populations se sont rencontrées et ont fait des échanges.
La Roche-à-Pierrot (Saint-Césaire)
Le site de La Roche-à-Pierrot en Charente-Maritime a délivré une stratigraphie complète de 17 occupations moustériennes, châtelperroniennes et aurignaciennes. Le squelette très bien conservé d’une jeune Néandertalienne a été exhumé dans un niveau châtelperronien ; sa mort a été probablement assez brutale car son crâne a été fracassé, ce qui a du provoquer une forte hémorragie et probablement un coma. Daté de – 39 500 ans il est pour l’instant le fossile à la fois le plus complet le plus récent avant la disparition de Néandertal.
Plus sur la Roche-à-Pierrot au Paléosite
Silvana Condemi, Jean-François Mondot
Sources
Nouvelle datation du « masque » de La Roche-Cotard (Langeais, Indre-et-Loire, France)
Exposition Néandertal à la loupe 2016 Eyzies-de-Tayac
Les Néandertaliens de la grotte de Combe-Grenal (Domme, Dordogne, France) / The Neanderthals from Combe-Grenal cave (Domme, Dordogne, France) [article]
Chronologie du site moustérien de type Quina des Pradelles (Marillac-le-Franc, Charente, France)
Approche techno-économique des industries lithiques des grottes de la Terrasse, de Coupe-Gorge, de la Niche, Boule et des Putois, à Montmaurin (Haute- Garonne), France et potentiel d’application sur quelques sites sénégalais. Djibril Thiam
Utilisation des textes ou schémas du site :
En dehors du cadre personnel, vous devez impérativement soumettre à la rédaction d’Hominides.com une demande d’utilisation des textes et/ou schémas figurant sur le site, en précisant vos motivations.
Particulièrement, la reprise d’articles, de dossiers ou de schémas, pour une publication sur internet doit obligatoirement faire l’objet d’une demande d’autorisation préalable.