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Art mobilier
Définition de l’art mobilier
L’art mobilier désigne les manifestations artistiques observées sur des supports transportables. La frontière avec l’art pariétal n’est cependant pas aussi nette qu’il ne paraît, quelques blocs de pierre gravés (Vénus de Laussel) ou sculptés se sont en effet détachés de la paroi et sont donc de ce fait présentés avec l’art mobilier.
Les supports sont en pierre, en l’os, en bois de renne ou en ivoire de mammouth, le bois ne s’est pas conservé.
L’art mobilier s’observe pendant la même période que l’art pariétal, de l’Aurignacien à la fin du Magdalénien et, en gros, sur le même territoire. Les Vénus font cependant exception : elles sont inconnues en Espagne mais apparaissent jusqu’en Sibérie. Mis à part quelques exemples exceptionnels de modelage la technique se limite aux différents degrés de l’incision allant de la gravure fine à la ronde-bosse en passant par la gravure profonde. Certaines pièces portent cependant des traces de peinture.
Les outils et les armes
Les bâtons percés
Le bâton percé (1-2) apparaît dès l’Aurignacien et persiste jusqu’à la fin du Magdalénien. Ces pièces sont taillées dans du bois de renne, le trou étant percé au niveau d’une enfourchure. Leur usage a donné lieu à plusieurs dizaines d’hypothèses, la plus courante est qu’ils servaient à redresser à chaud les pointes de sagaie en os. Leur décoration parfois absente ou rudimentaire devient, au Magdalénien, très élaborée parfois originale. Il s’agit d’animaux : chevaux, bisons, cerfs, rennes, bouquetin, mammouths, poissons… mais aussi souvent phallus (3-4) et plus rarement vulves.
En savoir plus sur le bâton percé.
Les propulseurs à crochet
Cet objet, également en bois de renne, servait à propulser des sagaies. Les propulseurs de la préhistoire présentent une tige rectiligne d’une vingtaine de centimètres parfois terminée par un œillet, l’autre extrémité porteuse du crochet est décorée d’une ou deux figures animales sculptées en ronde-bosse : cheval, bouquetin, poisson, bison…. Les propulseurs ne s’observent qu’au Magdalénien et dans une région limitée : le Périgord et les Pyrénées (5-6-7).
Les spatules
Ces objets, d’usage inconnu, sont des pièces d’os plates allongées et polies dont une extrémité semblant former un manche a parfois la forme d’une queue de poisson.
Les baguettes demi-rondes
Découpées dans des perches de bois de renne, de section semi-circulaire, parfois longues d’une vingtaine de centimètres, ces pièces étaient, très vraisemblablement assemblées deux à deux par collage pour former des pointes de sagaie. Il en existe de simples non décorées et des exemplaires décorés plus rares qui devaient être des objets d’apparat. Le décor est le plus souvent géométrique, plus rarement figuratif. Ces pièces apparaissent au Gravettien et atteignent leur apogée au Magdalénien.
Baguettes demi-rondes ornée de motifs en volutes – Grotte des Harpons, Lespugues – Musée de l’Homme – Photo Kroko pour Hominides.com
Relevé L’Homme avant l’écriture – André Varagnac – 1959
Les lampes peuvent également être des supports d’art mobilier
De très nombreuses lampes ont été retrouvées. Il s’agit le plus souvent de pierres brutes ou discrètement aménagées servant à transporter dans un léger creux un morceau graisse enflammée. Deux seulement sont des pièces travaillées et décorées, l’une provient de la grotte de La Mouthe, l’autre a été découverte au fond du puits de Lascaux.
Les éléments de parure
Les objets destinés à la parure apparaissent tôt, dès le Châtelperronien, sous forme de dents percées ou, plus rarement aménagés par un sillon permettant de les suspendre. La crache de cerf, canine surnuméraire atrophiée, est particulièrement appréciée, au point de se rencontrer à la fois sous forme naturelle et sous forme de copies en os. Jusqu’à une époque récente, d’ailleurs, cette dent particulière ornait couramment les épingles de cravate et les chaînes de montre des chasseurs. Il est également possible que certaines statuettes féminines (les vénus préhistoriques) aient pu être portées, attachées autour du cou.
Voir aussi notre dossier consacré à la Parure dans la Préhistoire.
Les pendeloques
On range traditionnellement dans cette catégorie des objets à suspendre dont la seule particularité est de n’être ni des contours découpés ni des rondelles. Ci-dessous quelques exemples magdaléniens, gravés et complémentaires sont suffisants pour illustrer cette rubrique.
Les contours découpés
Ces pièces originaires de Dordogne ou des Pyrénées sont datées du Magdalénien moyen. Elles représentent en grande majorité des têtes de chevaux finement gravées et découpées dans des os hyoïdes du même animal. L’os hyoïde, situé dans la gorge de l’animal, a une forme qui, pour un œil exercé, évoque une tête de cheval. Les contours découpés sont donc un exemple appliqué à l’art mobilier de la technique dite de l’utilisation des reliefs naturels qui est propre aux paléolithiques.
Les rondelles
Les rondelles se rencontrent à la même époque et dans les mêmes gisements que les contours découpés. Ce sont des rondelles d’environ 4 cm de diamètre, percées en leur centre. Elles sont découpées dans la partie mince d’une omoplate et présentent sur l’une de leur face, plus rarement les deux, une décoration en règle animalière faite de fine gravure .
Les plaquettes
D’assez nombreux sites produisent des plaques ou des plaquettes de dimensions variables, porteuses de décorations gravées Les supports sont en calcaire, en grès, ou en schiste pour les plaquettes, en quartz pour les galets. Trois sites ont produit ces pièces en nombre considérable, plusieurs centaines voire plus du millier, La Marche en Haute-Vienne, Enlène en Ariège. Le Parpallo en Espagne (Valence) détient le record 5 000 sur une période de 13 000 ans.
Musée de Lussac les Chateaux
Suite du dossier consacré à l’art mobilier : les Vénus de la Préhistoire