Dernières nouvelles d’Ötzi, l’homme des glaces
Dernières nouvelles d’Ötzi, l’homme des glaces
Nouvel article 2008
les études et recherches sur le corps momifié
par Michèle Aquaron
De nouvelles études suite au premier article de 2005
« Ötzi, témoin et messager de notre passé«
Ötzi est devenu un extraordinaire sujet d’étude pour les scientifiques.
Cet « individu vivant » figé par la mort, vêtu et armé, n’a pas été trouvé dans un
contexte funéraire. Il nous offre donc l’opportunité rare de reconsidérer le Chalcolithique et le mode de vie du néolithique.
Lors du Congrès Mondial sur les momies (Turin, 2-5 septembre 2004) le Professeur Emma Rabino-Massa (Dipartimento di Biologia animale e dell’Uomo – Università di Torino) a offert aux participants une visite privée et privilégiée au Musée d’archéologie de Bolzano (Sud-Tyrol, Italie)
Avoir la possibilité d’approcher Ötzi provoque une émotion incommunicable. En septembre 2007, l’accès aux documents de la bibliothèque du Musée d’archéologie de Bolzano, me permet de compléter les informations comme « promis » dans le précédent article.
Quelques éléments complémentaires
L’émergence accidentelle de cette momie improbable, résulte de l’occurrence d’un vent de sable saharien hivernal. Entre le 19, date de sa découverte et le 23 septembre 1991, jour de son extraction complète, cette dépouille a subi quelques mésaventures qui n’ont pas été nécessairement communiquées. Cet individu fut initialement considéré comme un alpiniste moderne surpris par le froid sur le glacier, jusqu’à la découverte d’objets tout à fait inattendus, qui modifiera son statut.
Le corps, retrouvé couché sur le ventre, indiquait une éventuelle chute en avant. Cette hypothèse serait erronée, selon Konrad Spindler (1935-2005). La déformation du nez et de la lèvre supérieure serait la preuve que son visage était couché du côté gauche avant son ensevelissement sous la neige. Ce sont les mouvements du glacier qui auraient déplacé le corps par une rotation latérale, le bras gauche restant dans sa position initiale. Cette position aurait permis une bonne conservation des vêtements situés sur la face antérieure, tandis que le dos était partiellement « déshabillé » par l’écoulement du glacier.
Ci-contre : Schéma du retournement du corps par le glacier- Elisabeth Rastbichler Zissernig, 2006. « Der Mann im Eis » The Innsbruck University Press. [pp. 14]
Agressé, pourchassé par plusieurs individus, les traces de sangs différents et ses dernières blessures en témoignent, il a vraisemblablement fuit en pensant égarer ses poursuivants. Dans sa fuite, il se trouve néanmoins à portée de flèche « de 30 ou 40 mètres, à partir d’une position inférieure » a déclaré le Dr Angélika Fleckinger, archéologue et directrice du Musée d’archéologie de Bolzano.
Il est possible que Ötzi ait tenté de retirer le trait, mais la pointe en silex, désolidarisée de la hampe, reste dans la blessure. Manifestement, ce chasseur, ses armes l’attestent, a trouvé une zone à l’abri des menaces. Puis, les conditions climatiques se sont dégradées, une neige dense tombe effaçant les empreintes de Ötzi avant de l’ensevelir. Son équipement et ses armes ayant été retrouvés sur et auprès de lui expliquerait ou confirmerait que les agresseurs aient perdu sa trace ; en effet, un tel bagage aurait dû être dérobé.
Conjonctures à propos de sa mort
Cadavre ou Trésor ? Cet homme surgit du Néolithique, à la morphologie robuste, brachycéphale, au corps apparemment glabre et porteur d’une barbe, suscite encore de nombreuses interrogations. Plusieurs hypothèses sont encore avancées pour tenter d’expliquer les circonstances de sa mort, or l’atteinte de l’artère sous-clavière gauche présente des arguments significatifs.
Les anatomistes de l’Université de Zurich en collaboration avec les italiens (Dr. Eduard Egarter, médecin légiste chef de la Section pathologie, hôpital de Bolzano. Dr. Paul Gostner et Dr. Patrizia Pernter, radiologues à l’hôpital de Bolzano) annonçaient, en juillet 2007, que la « tomographie axiale calculée aux rayons X, assistée par ordinateur ou CT-scan (Tomodensitométrie) montre une lacération de 13mm de l’artère sous-clavière gauche, cause immédiate de la mort. « Ces images montrent aussi un hématome majeur, ce qui signifie qu’il doit y avoir eu une importante hémorragie interne » Frank Rühli. (MD, PhD Division of Macroscopic Anatomy Institute of Anatomy University of Zurich) Cette technologie contribue à « traquer » la (ou les) causes de cette mort énigmatique sans effectuer une autopsie destructive. à Bolzano en 2007, l’équipe italiano-autrichienne a mis en évidence, grâce à une nouvelle série d’images en 3D, de graves lésions crâniennes sur Ötzi.
Il n’est pas rare de découvrir, au mésolithique et au néolithique, des squelettes humains avec des flèches fichées dans les os. Les ossements d’un individu de sexe masculin, vieux de 5600 ans, découvert à Feldmeilen (Suisse) dévoilent deux pointes de flèches en silex plantées dans les os.
https://www.hominides.com/html/lieux/arc-fleche-neolithique-solutre.html
Précisions sur la datation d’Ötzi
La datation a éte estimé à 5300 ans BP (Before Present) puis à 4546 ± 15 ans BP d’après l’analyse par SMA (La spectrométrie de masse par accélérateur) des isotopes 12 et 13 du carbone, qui nécessite très peu d’échantillon . Si la chronologie du Néolithique est particulièrement délicate à établir (elle diffère en fonction des régions du monde), les conclusions de cette étude bousculent la hiérarchie historique du Néolithique Européen.
L’âge du Cuivre ou Chalcolithique des préhistoriens français (Eneolitico, pour les préhistoriens italiens) désigne souvent une étape de transition entre les industries lithiques et osseuses, caractéristiques du néolithique final et l’âge de Bronze,
soit vers 2 500 à 1 000 av J.-C. par convention.
Estimation de l’âge au décès
L’âge évalué au décès d’Ötzi indique qu’il avait environ 46 ans.
Face à des restes humains, deux questions essentielles se posent : quel est le sexe de l’individu et à quel âge est-il décédé ?
L’estimation de l’âge au décès des individus adultes représente actuellement certaines difficultés dans toutes recherches paléoanthropologiques (Masset, 1990, 1993 ; Mays, 1998 ; Cox, 2000). L’usure dentaire a fait l’objet de nombreuses explorations, mais elle dépend également des paramètres culturels comme indicateur de l’âge des populations anciennes.
Est également exploitée, la pathologie dégénérative des articulations. La sénescence n’est pas à l’origine de ces pathologies, ce n’est qu’un facteur de risque supplémentaire, au même titre que les facteurs de risques mécaniques, constitutionnels et génétiques (Dutour, 1986 ; Peyron, 1987 ; Resnick, Niwayana, 1988 ; Fournié, 1993 ; Menkes, 1995)
L’évaluation par étude de la synostose des sutures crâniennes, longtemps utilisée, s’est avérée moins fiable à cause de l’inadéquation entre l’âge estimé et l’âge osseux réel du sujet. Cependant, elle est indiquée pour des analyses complémentaires dans le cadre d’une méthode multifactorielle. (Schmitt, A. 2002 Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, Tome 14, Fascicule 1-2)
La momification d’Ötzi
Les conditions climatiques, au moment de son trépas, paraissent coïncider avec un phénomène météorologique qui a lieu principalement dans les hautes montagnes. Il se caractérise par de fortes précipitations sur le versant situé au vent chaud et sec surnommé : effet de Föhn (Foehn). Son corps a gelé et s’est desséché, apparemment à plusieurs reprises, lors des changements climatiques survenus au cours de ces derniers siècles « il a séjourné dans l’eau avant sa momification, ce qui a eu pour effet de « dissoudre » son épiderme et provoqué la formation d’adipocire » (Bereuter et all. 1997) Si le corps présente de nombreuses lésions, déjà citées, ses doigts et ses orteils sont restés intacts mais les ongles ont disparu. Le tamisage du site, l’année suivante, a permis de récupérer l’un d’entre eux. Un deuxième ongle aurait été retrouvé fort à propos lors des fouilles 2007.
Ses tatouages
De petits signes de tatouages, très stylisés (croix ou traits) observés sur sa peau, semblent suivre le trajet de certains points d’acupuncture, pratique thérapeutique déjà mentionnée il y a environ 5 000 ans dans l’Ayurveda. (médecine indienne) L’acupuncture avait-elle cours sur le continent eurasien avant qu’elle ne soit documentée en Chine ?
Actuellement, Ötzi serait le plus vieil exemple de tatouage néolithique connu en Europe, attestant d’une pratique ancestrale. Les premières traces pourraient remonter à l’âge de pierre où des instruments affûtés auraient été utilisés pour soigner les douleurs. Curieusement, des poinçons en bois préhistoriques, trouvés sur le gisement d’Aurignac (Haute-Garonne), ont été interprétés comme des instruments de tatouage.
Ses origines géographiques
L’examen de l’une de ses canines a démontré qu’il est né dans une région à terre volcanique du nord de l’Italie. Il s’agit de la vallée de l’Isarco (Wolfgang Muller et son équipe, Université de Camberra, Australie) Le Royal Lolloway Université de Londres envisage d’étudier ses ongles pour confirmer qu’il est né dans cette vallée et d’argumenter que, probablement, il n’a jamais parcouru plus de 60 kilomètres aux alentours de son lieu de naissance. Dans ce cas, on ne pourrait pas affirmer que Ötzi était un nomade du Néolithique.
Dix sept spécimens d’arbres et d’arbrisseaux ainsi que trente espèces de bryophytes (les mousses, les hépatiques et les sphaignes) ont pu être identifiés sur son corps, son équipement et ses vêtements. Cela a permis de déterminer son habitat, ses origines et d’affirmer, selon la thèse de l’archéologue Urs Leuzinget (Thurgau, Suisse) que sa parenté aurait séjourné sur les bords du lac de Constance.
Quant à ceux qui affirment que, par ses tatouages, Ötzi était Celte, les données archéologiques ou historiques actuelles ne permettent pas d’établir de concordance.
Son ADN
Si les pratiques alimentaires se diversifient considérablement en fonction de la géographie ou des cultures, elles peuvent contribuer à forger, pour une population donnée, un sentiment d’appartenance commune. L’alimentation de base, à cette époque, est composée de céréales complétée par des fruits comme les pommes sauvages, des baies, des champignons et des prunes (une prune rose a été trouvée près du corps).
Les prélèvements effectués par endoscopie, sur ses viscères, révèlent qu’il a ingéré des céréales et du bouquetin lors de son avant-dernier repas, et du cerf lors du dernier. Voilà qui prouve, contrairement à certaines affirmations, qu’il n’était pas végétarien et qu’il n’est pas mort de faim. à sa mort, son estomac était vide, donc la digestion était bien avancée. Les restes de végétaux trouvés dans ses intestins présentent 75 % de céréales. Des fragments de petite taille dominent, ce qui indique clairement que les graines on été moulues et des morceaux de carbone révèlent une cuisson directe sur un feu.
Son équipement
Sans conteste, il possède un équipement adapté à la vie en montagne qui lui permet une certaine autonomie : vêtements, armes, récipients en écorce de bouleau, sac et nécessaire à feu.
Ses vêtements
D’après Angélika Fleckinger, son manteau d’herbes des marais (cape en sparterie) lui servait, aussi, de « tente » protectrice contre la pluie. Peut être, aussi, d’isolant avec le sol pour dormir. Manteau multifonction ? Cette cape pouvait, également, lui permettre de se dissimuler facilement lors d’une équipée rapide ou pour la chasse à l’affût.
Ci-contre Ötzi. Dessin d’après Egg, M & Spindler, K.Die Gletschermumie, 1993
Ses vêtements sont réalisés à partir de peaux travaillées avec de la graisse animale, en étirant les peaux, puis fumées pour qu’elles soient souples. Peut-être possédait-il des gants, les extrémités du corps humain se refroidissent très rapidement. Ses éventuelles protections étaient-elles conçues comme celles des Inuits, à deux pouces pour être interchangeables ?
http://www.museum-aix-en-provence.org/fiche_gants_inuit.htm
Après étude et reconstitution, ces mocassins de cuir, associés à des fragments de bois, ont suscité une audacieuse hypothèse de raquette de neige (Wood, J. 2005 ). Si son origine exacte reste inconnue, nous pouvons concevoir que des peuples ancestraux, confrontés à des difficultés de déplacements sur des terrains enneigés, inventèrent ce moyen de locomotion.
Ses armes
Après la hache, le glacier met à jour d’autres armes composites dispersées : arc, carquois, flèches…
«De la même façon, Le recul des glaciers de l’Oberland bernois a mis au jour, en 2003, près d’un champ de glace situé entre le grand glacier du Wildhorn et le Schnidejoch (2.756 mètres) un fragment de carquois en écorce de bouleau, des restes de vêtements et divers objets. La datation au carbone 14 (14C) a révélé que certains d’entre eux sont vieux de 5 000 ans. Un morceau de cape est du même type que celle retrouvée près de Ötzi. Plusieurs fragments en cuir permettent de reconstituer une chaussure et des restes de pantalon pourraient contenir des particules de peau humaine. Elles sont actuellement soumises à des analyses d’ADN […] » Communiqué de presse du canton de Berne (11/11/2005)
Ci-contre: les armes éparses de Ötzi.
Elisabeth Rastbichler Zissernig, 2006. « Der Mann im Eis » The Innsbruck University Press. [pp. 26]
Photo de Anton Klocker, gendarme à Innsbruck.
Le 20 septembre 1991 à 14h 15.
Sa hache
La valeur archéologique de la hache trouvée auprès de lui, sera déterminante dès son estimation du Chalcolithique, par le Pr. Konrad Spindler. Cette hache de cuivre intéresse particulièrement Urs Leuzinger puisqu’on en connaît un autre exemplaire, découvert à Kreuzlingen, près du lac de Constance (dans les vestiges d’un village lacustre du néolithique d’Arbon/Bleiche) Nous savons que sur le plan social, l’objet de métal est associé au prestige, ainsi l’émergence de la métallurgie souligne une accélération de la hiérarchisation sociale. Il est donc envisageable que Ötzi ait eu un statut particulier grâce à « sa » hache mais rien de formel ne prouve qu’il fût un chaman.
Son arc
Les arcs les plus anciens remontent au Mésolithique, c’est une arme à tir tendu qui permet d’atteindre le gibier à distance.
« Sur la base des pratiques actuelles des tireurs à l’arc, on imagine que les hommes préhistoriques tendaient leur arcs à pleine allonge … en fait on n’en sait rien ! L’ethnographie montre en effet que la longueur de l’arc et de la flèche est variable selon les civilisations, les cultures et les usages que l’on attend de l’arc » Christian Lepers (archer spécialiste du néolithique)
Le carquois contenait une corde en fibres d’écorce torsadées (2 m) soigneusement roulée en pelote au fond de l’étui, qui a été interprétée par certains comme une corde d’arc. Christian Casseyas (archéologue. préhistorien) a réalisé, en 2004, des cordes d’arc en liber de tilleul. Le but de cette tentative était d’apporter une réponse quant à l’usage de la corde retrouvée. Son expérimentation confirme qu’elle a pu servir pour tendre un arc. Cependant, celle-ci est peu souhaitable pour un archer moderne.
« Les tendons trouvés dans le carquois avec la corde d’arc servaient certainement de matériel de réparation pour les vêtements, de ligature pour le poignard et les pointes en bois de cerf à monter sur les hampes de flèches non terminées » Casseyas, C. 2007.
Ses flèches
Les flèches de Ötzi étaient munies d’un empennage radial composé de trois plumes d’oiseaux collées (au brai de bouleau) et ligaturées en gardant un arc de cercle de 120 degrés entre elles (Spindler, 1995; Spindler,1997). Ce système est probablement le plus communément utilisé dans un grand nombre de cultures utilisant l’arc (Roth, 2004).
Ötzi possédait un grand arc (182,5 cm) et de grandes flèches (1m en moyenne). Il est établi qu’une personne de taille moyenne peut utiliser un grand arc.
Celui de Ötzi n’a pas besoin de flèches aussi longues, mais il devait avoir ses raisons (comme les Hadza, en Afrique, quand ils chassent le rhinocéros). La force nécessaire pour bander un arc de façon répétitive, peut entraîner une pathologie de la coiffe des rotateurs (s’il chassait par nécessité, l’épaule était sans doute très sollicitée). Des recherches, sur cette atteinte biomécanique relevée en paléopathologie (et chez certains archers modernes) seront peut-être envisagées ultérieurement.
Tendons trouvés dans le carquois – Crédit : © Musée d’archéologie de Bolzano, Sud-Tyrol.
Ses objets
Comme Ötzi, les russes utilisaient, autrefois, des récipients en écorce de bouleau. Le sien contient des essences antibactériennes qui permettent de conserver toutes sortes de produits. Dans un des deux contenants, des braises ont été retrouvées, emballées dans des feuilles. Actuellement, ces objets sont encore fabriqués en Sibérie.
Même si les cours d’eau lui permettaient de se désaltérer, une gourde d’eau, nécessaire et indispensable pour compenser l’effet déshydratant de l’air sec de la montagne, manque malgré les investigations.
Son alimentation
Ötzi a vécu dans une société où la culture des céréales est déjà maîtrisée, comme en témoigne l’examen de ses dents. Sans caries, ni dépôts de tartre, elles présentent une abrasion très importante. Cette altération des dents prouve qu’il absorbait régulièrement et involontairement une fine poussière de silice venue des pierres meulières avec lesquelles il broyait les grains de céréale. (Revue de Paléobiologie, 2005. Genève.Vol. décembre spéc. 10 : 37-47)
Une autre hypothèse, l’usure des dents par « mâchouillement » des peaux pour les assouplir, est moins probable. Ce type d’atteinte peut correspondre à certains gestes techniques, comme l’utilisation des incisives pour assouplir le cuir de phoque chez les Inuit.
Nous savions déjà qu’il a ingéré des céréales et du bouquetin lors de son avant-dernier repas, et du cerf au dernier. « L’analyse des pollens confirme dans les mêmes échantillons, la présence de blé et de fougères. Elle révèle aussi des légumineuses, des plantes de la famille des épinards, des primevères et des boutons-d’or » (Constans Nicolas, 2007) Quant aux autres prélèvements effectués dans son estomac et ses intestins, la mise en évidence de diatomées spécifiques, atteste qu’il a absorbé l’eau des torrents du Val Senales (province de Bolzano) sans doute au cours de son dernier repas. L’eau contenait un petit morceau de pollen d’Ostrier Charme-Houblon (Ostrya carpinifolia). Cette espèce n’existe pas au Nord, elle intéresse seulement la région autour de Katharinaberg (492 m), de Bolzano à Vernagt, au bout du Val Senales. D’autre part, ses intestins étaient parasités par la Trichine (Trichinella spiralis). La recherche des lésions musculaires, causées par Trichinella spiralis, sera effectuée plus tard par l’équipe médicale.
Lors du congrès, célébrant le 10e anniversaire de la découverte d’Ötzi (1991-2001), au Musée archéologique du Haut Adige, fût annoncé par Franco Rollo (Biology Department MCA, UNICAM, Camerino, Italy) la découverte d’Epulopiscium fishelsonii, bactérie géante vivant en symbiose dans l’intestin des acanthures bruns (Acanthurus nigrofuscus, poisson-chirurgien) de la mer Rouge. C’est la seule jamais retrouvée dans des fèces humaines.
« Si Ötzi a mangé de l’Acanthurus la veille de sa mort, c’est que la Méditerranée (« mer au milieu des terres », en latin mare medi terra selon Isidore de Séville au VII e siècle) était chaude à cette époque. Il fut un temps où cette dernière était reliée à la mer Rouge » François de Sarre, ichtyologiste, SPH à Nice.
Peut-on envisager qu’à cette époque des poissons de massifs coraliens aient pu évoluer dans les eaux alpines ?
Les derniers résultats concernant les séquences d’ADN de la bactérie géante, études réalisées en 2007 par le Dr. Franco Rollo et son équipe (laboratoire d’archéo-anthropologie moléculaire) ne confirment pas, actuellement, l’identification d’Epulopiscium fishelsonii. (Information communiquée par le Dr. Franco Rollo le 31 décembre 2007)
Son dernier parcours
« L’analyse des pollens, de la végétation environnante, par des paléobotanistes et des palynologues, comparée à l’étude des pollens recueillis dans son colon, indique que Ötzi n’aurait pas mangé deux mais trois fois. En effet, trois zones de caractéristiques bien distinctes se sont succédé dans les échantillons du contenu colique. Ils ont confirmé que son dernier repas a été absorbé sur les pentes de la vallée de Senales » (Constans Nicolas, 2007)
Les pollens retrouvés sur ses vêtements, et surtout dans les herbes séchées récupérées dans les « chaussures » prouvent que l’homme vivait en temps normal à moins de 1 600 m d’altitude, c’est-à-dire dans la zone de forêt fréquentée par les cervidés.
Toutefois, les véritables raisons de son périple tiennent encore de l’hypothèse.
Conclusion
De multiples analyses scientifiques ont été effectuées sur cette momie, puisque ce corps humain est la meilleure source d’étude des conditions de vie du Néolithique.
https://www.hominides.com/html/chronologie/neolithique.html
Toutes les informations fournies depuis seize ans, à propos de Ötzi, bouleversent les données antérieurement connues.
Sa présence confirme l’histoire locale des premières traces néolithiques de communautés dans la vallée de l’Ötz au Tyrol. à seulement 10 km du lieu de la découverte de Ötzi, le professeur Walter Leitner (Institut d’Histoire Ancienne de l’Université d’Innsbruck) a découvert un campement, dans un abri-sous-roche nommé Hohler Stein, près de VENT où se trouvaient des foyers et des outils en silex datant du VIe-Ve millénaire av. J.-C. « Avant cette découverte en 1991, la colonisation des hauts massifs dans les Alpes occidentales, à la fin du IVe millénaire, n’avait pas été envisagée » (Bocquet, A. 1993).
Aucune affirmation singulière ne peut garantir des faits reconstitués, auxquels manquent des éléments de découverte et d’analyse scientifique.
Les glaciers en retrait depuis le XIX° siècle, vont peut-être livrer, ultérieurement, d’autres vestiges. Ils constitueront de nouveaux challenges pour les scientifiques et un support pour concevoir des datations cohérentes de l’histoire alpine et du néolithique.
Auteur : Michèle Aquaron, DEA d’anthropologie biologique
postmaster@michele-aquaron.com
Remerciements
Michèle Aquaron remercie particulièrement les personnes suivantes qui ont contribué à la réalisation de cet article:
– Le Professeur Emma Rabino-Massa, Dipartimento di Biologia animale e dell’Uomo – Università di Torino.
– Le Docteur Frank Rühli, MD, PhD Division of Macroscopic Anatomy Institute of Anatomy University of Zurich.
– François Moser : ancien conservateur au Musée Labenche de Brive-la-gaillarde
– Le Dr. Franco Rollo laboratoire d’archéo-anthropologie moléculaire de l’université de Camerino (Italie)
– Christian Casseyas, archéologue, préhistorien et archer http://www.chercheursdelawallonie.be/cetrep_sparterie.html
– Christian Lepers, spécialiste de l’archerie néolithique.
– François de Sarre, ichtyologiste, SPH à Nice
– Aimé Bocquet, préhistorien des Alpes http://bocqueta.club.fr/index.htm
– Aillon Evelyne, Musée international de la Chaussure.
– Melitta Franceschini, responsable photo au Musée d’archéologie de Bolzano www.iceman.it
– Katharina Hersel, relations publiques du Musée d’archéologie de Bolzano www.iceman.it
– Luis Egger, bibliothécaire du Musée d’archéologie de Bolzano www.iceman.it