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Nouvelle datation pour Omo 1 : il vivait sur les bords de la rivière Omo il y a 230 000 ans.
Découvert en 1967 en Éthiopie, les restes fossilisés d’Omo 1 étaient datés jusqu’à présent de 190 000 ans. Ce qui en faisait l’un des plus anciens fossiles d’Homo sapiens découvert à ce jour.
L’histoire d’Omo 1, une datation qui recule dans le temps
Les restes d’Omo Kibish 1 ont été découverts en 1967 dans la vallée de l’Omo, au sud de l’Éthiopie, ce gisement préhistorique est une véritable mine pour les paléoanthropologues : il a délivré un grand nombre de fossiles d’hominidés.
A l’origine c’est l’équipe du paléoanthropologue kényan Richard Leakey qui avait découvert les restes d’Omo 1. Les restes fossiles étaient nombreux mais incomplets et en mauvais état.
Les paléoanthropologues avaient toutefois pu remonter partiellement le crâne et le squelette et faire apparaitre des caractéristiques très modernes. Le fossile Omo 1 appartenait clairement à l’espèce Homo sapiens (la nôtre !). C’était le plus ancien représentant sur le continent africain.
Les moyens de datation il y a 50 ans ne permettant pas une datation très précise les équipes estimèrent que l’individu vivait il y a 130 000 ans.
Une étude plus approfondie est publiée en 2005 dans la revue Nature par une équipe australo-américaine. Le paléoanthropologue Ian McDougall (Université nationale d’Australie à Canberra) et son équipe ont analysé les sédiments d’où les crânes avaient été extraits en mesurant le taux de désintégration des isotopes de l’argon.
Leurs conclusions (à plus ou moins 5000 ans) repoussent la datation des crânes de 65 000 ans, à – 195 000 ans.
Une nouvelle étude repousse Omo 1 à 230 000 ans minimum !
En 2022 , la volcanologue Céline Vidal (Université de Cambridge) publie, avec ses collègues dans la revue Nature une nouvelle étude mais en se basant sur la stratigraphie du gisement et le bassin sédimentaire d’Omo Kibish. La région du Grand Rift était sujette à de nombreuses éruptions volcaniques entre – 300 000 et – 60 000 ans. La volcanologue a examiné une couche de cendre qui se trouvait au-dessus des restes fossiles. Cette couche provenant de l’activité volcanique s’était donc déposée après que les restes d’hominidés ait été ensevelis. “Les fossiles ont été trouvés dans une séquence, sous une épaisse couche de cendres volcaniques que personne n’avait réussi à dater avec des techniques radiométriques car la cendre est à grain trop fin” indique Céline Vidal.
La datation de cette couche de cendres a été réalisée à partir des pierres ponces retrouvées dans la même couche de cendre, au pied du volcan Shala. Grâce à la méthode Argon-Argon, les scientifiques ont pu déterminer que l’éruption volcanique avait eu lieu il y 230 000 ans. Les restes d’Homo sapiens étaient donc au minimum aussi âgés que l’éruption. Les chercheurs précisent que la datation est de – 230 000 ans, plus ou moins 22 000 ans.
Quelle est la différence avec les restes d’Homo sapiens du Djebel Irhoud ?
En 2017, le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin publie une étude sur le site de Jebel Irhoud et les restes fossiles de cinq individus datés de – 300 000 ans. Pour le paléoanthropologue ces restes sont ceux des premiers de la lignée qui mène à Homo. Ils n’ont pas encore toutes les caractéristiques modernes d’Homo sapiens. Ce sont donc des sapiens anciens ou « primitifs » avec un crâne allongé.
Par contre les Homo sapiens d’Omo kibish ont développé clairement les caractéristiques morphologiques de l’Homme moderne. Et leur datation à 230 000 ans est un véritable petit événement. Pour le paléoanthropologue Aurélien Mounier (Musée de l’Homme, Paris) « On se rapproche de la date avancée par la génétique, selon laquelle c’est aux alentours de 300 000 ans que l’homme moderne a divergé des autres lignées humaines ».
C.R.
Sources
Age of the oldest known Homo sapiens from eastern Africa