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Les jambes courtes de Néandertal, aussi une adaptation au relief ?
Une étude compare la taille des jambes des néandertaliens par rapport à celles des Homo sapiens.
Cette particularité du squelette était-elle une adaptation d’Homo néandertalensis à une région au relief accidenté.
Publiée dans l’American Journal of Physical Anthropology, une étude américaine tend à montrer que si la longueur réduite des jambes de Néandertal (par rapport aux nôtres) est généralement considérée comme une adaptation au froid, elle est aussi une adaptation efficace au relief plutôt accidenté de son habitat eurasien. Une corrélation qui se vérifie également chez d’autres espèces de mammifères.
L’étude
Ryan Higgins et Christopher B. Ruff, du Centre Johns Hopkins pour l’anatomie fonctionnelle et l’évolution de l’Ecole de médecine de Baltimore, (Maryland, États-Unis), ont étudié, à l’aide d’un modèle mathématique, la corrélation entre longueur de la partie inférieure de la jambe et degré de dénivellation : chez certains groupes de bovidés, mais aussi et surtout chez l’homme de Néandertal, des jambes courtes représentent, mécaniquement, un avantage pour arpenter des zones de collines ou de montagnes – ce qui était le cas d’une grande partie du territoire eurasien de cet hominidé.
Le froid, un paramètre qui saute aux yeux
Les mammifères des zones froides ayant tendance à être plus compacts, avec une surface de peau plus petite (limitant les déperditions de chaleur), les scientifiques ont tout naturellement conclu, jusqu’à présent, que les températures de l’Europe et de l’Asie occidentale, où vécurent les Néandertaliens entre – 200 000 et – 30 000 ans (période de nombreuses glaciations), avaient induit chez ces derniers cette petite stature et ces jambes plus courtes que celles de Sapiens, qui venait, lui, d’un environnement plus chaud.
Un paramètre longtemps oublié
« Les études s’intéressant à la longueur des membres ont toujours conclu que des membres courts, y compris chez Néandertal, induisent une moindre efficacité des mouvements, parce qu’il faut faire d’avantage de pas pour parcourir une distance donnée. Mais ces études ne prenaient en considération que le cas des terrains plats. La nôtre suggère que les pas des Néandertaliens n’étaient pas moins efficaces que ceux des hommes modernes dans l’environnement montagneux et pentu où ils vivaient. Les dimensions réduites de leurs jambes rendaient en fait les Néandertaliens plus ‘experts’ dans le déplacement en terrain de collines », dit Higgins.
« C’est une question de ‘dégagement’ de la jambe quand vous montez une pente », précise Ruff, qui explique que si la moitié inférieure de la jambe – sous le genou – est plus courte, le marcheur peut faire de plus grands pas, par rapport à sa taille, en gravissant une colline, parce qu’il n’a pas à fléchir autant le genou ou la hanche pour progresser.
Confirmation par la zoologie
« Dans notre domaine, lorsqu’on veut prouver une adaptation à l’environnement, comme le fait que les montagnes entraînent des jambes plus courtes, on ne peut pas se contenter de regarder ce qui se passe pour une seule espèce : on doit étudier beaucoup d’espèces dans la même situation, et voir le même phénomène se produire encore et encore », avertit Higgins.
Epluchant la documentation scientifique disponible concernant les os des pattes des bovidés – la vaste famille zoologique comprenant notamment gazelles, antilopes, chèvres et moutons -, les chercheurs ont fait les constats suivants : à climat égal, chèvres et moutons (montagnards) ont globalement les os inférieurs des pattes plus courts que leurs cousins antilopes et gazelles (de plaine). A un niveau plus fin, la seule espèce de gazelle de montagne étudiée a une patte sensiblement plus courte que les autres gazelles, et, de même, parmi les caprins, essentiellement montagnards, la seule espèce de plaine étudiée a des pattes relativement plus longues que ses cousines.
C. Q. F. D… Mais ceci ne rend-il pas d’autant plus problématique la disparition, encore mal élucidée, de Néandertal ?
C.R
Sources :
ScienceDaily,
LiveScience