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Néandertal, un développement pas si différent de sapiens ?
Homo sapiens et Homo neanderthalensis grandissaient-ils de la même façon ? Le cerveau notamment avait-il un développement particulier ?
L’étude
La nouvelle étude est basée sur le squelette d’un enfant néandertalien découvert dans la grotte d’EL Sidron, dans le nord-ouest de l’Espagne. Au total, les restes de sept adultes et six enfants avaient été exhumés dans la cavité en 1994. Ils vivaient dans la région il y a 49 000 ans selon les mesures radiocarbone effectuées. L’étude ADN des différents fossiles montre que les individus étaient issus de trois lignées maternelles. Parmi les plus jeunes membres du clan les chercheurs ont étudié plus précisément le squelette et le crâne d’un jeune Néandertalien. C’est un cas très particulier qui cumule le fait d’appartenir à un jeune Homo neanderthalensis et d’être très bien conservé, malgré l’âge et la fragilité des ossements. L’enfant était âgé entre 7 et 8 ans, pesait 26 kilos et mesurait 111 centimètres au moment du décès. Au total les chercheurs ont identifié 138 restes de son squelette et de son crâne, dont 30 dents (y compris des dents de lait).
Cette étude a été publiée dans le revue Science par Antonio Rosas (CSIC – Spanish National Research Council – Madrid) qui dirigeait une équipe multidisciplinaire.
Les évolutions de la capacité crânienne de néandertal
Les chercheurs ont comparé le squelette de cet enfant néandertalien avec celui d’un enfant Homo sapiens du même âge. Ils souhaitaient savoir si le développement de cette espèce était semblable au nôtre. Selon les résultats de l’étude, les deux espèces régulaient leur croissance différemment pour adapter leur consommation d’énergie à leurs caractéristiques physiques.
Au Paléolithique, les Néandertaliens avaient une plus grande capacité crânienne que les humains d’aujourd’hui. Les auteurs de l’étude indiquent que les Néandertaliens adultes avaient un volume intracrânien de 1 520 centimètres cubes, alors que celui de l’homme adulte moderne est de 1 195 centimètres cubes.
Celui de l’enfant de Néandertal dans l’étude atteignait les 1 330 centimètres cubes au moment de son décès, c’est-à-dire qu’à l’âge de 8 ans, ce jeune Néandertalien avait donc atteint « seulement » 87,5% du volume intracrânien d’un adulte de son espèce. Chez l’homme moderne, à l’âge de 6 ans, les enfants ont déjà atteint 95% du volume total de l’adulte.
«Le développement d’un grand cerveau implique des dépenses énergétiques importantes et par conséquent, cela freine la croissance d’autres parties du corps. Chez Sapiens, le développement du cerveau pendant l’enfance a un coût énergétique élevé et, par conséquent, le développement du reste du corps ralentit « , explique Antonio Rosas (Spanish National Research Council).
De fait, le squelette et la dentition de ce Néandertalien présentent une physiologie semblable à celle d’un Sapiens du même âge. Toutefois, la zone du thorax correspond plutôt à celle, moins développée, d’un enfant Sapiens entre cinq et six ans.
De petites différences mais pas de rupture
Il apparaît que le développement des deux espèces était relativement semblable.
«Ce que nous voyons avec ce Néandertalien est que leur modèle de croissance était très similaire à celui des hommes modernes», a précisé Luis Rios, co-auteur de l’étude.
L’anthropologue Adam Van Arsdale (Wellesley Colleg) indique que cette étude est «une contribution importante à notre compréhension de l’évolution humaine», et qu’elle corrobore «un nombre important d’études qui démontrent que l’on trouve de grandes similitudes entre les Néandertaliens et les hommes modernes». Il rajoute que les différences entre les deux espèces «subtiles».
A noter, cette étude a été réalisée à partir d’un seul squelette fossile. Si ce fossile est très complet pour un enfant, il faudra néanmoins confirmer les conclusions avec d’autres petits Néandertaliens…
L’enfant de la grotte d’El Sidron garde encore une partie secrète
Si les chercheurs sont tous d’accord pour qualifier ce Néandertalien de « robuste », il les causes de son décès restent encore inconnues : pas de trace de maladie ou de choc. En revanche, de petites marques sur certains ossements pourraient indiquer des traces d’anthropophagie…
C.R.
Sources
The growth pattern of Neandertals, reconstructed from a juvenile skeleton from El Sidrón (Spain). Antonio Rosas, Luis Ríos, Almudena Estalrrich, Helen Liversidge, Antonio García-Tabernero, Rosa Huguet, Hugo Cardoso, Markus Bastir, Carles Lalueza-Fox, Marco De La Rasilla, Christopher Dean
Exposition Los 13 de El Sidron – Museo de la Universitat d’Alacant
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