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Les restes d’australopithecus africanus repoussés d’un million d’années en arrière.
Cette nouvelle étude des sédiments qui entouraient le fossile repoussent la datation de l’espèce entre 3,4 et 3,6 millions d’années.
Un ancien fossile a la datation incertaine et incohérente…
C’est dans les grottes de Sterkfontein en Afrique du sud que plus de 500 restes fossiles d’Australopithèques ont été mis au jour en 1947 par Raymond Dart. C’est cette profusion de fossiles qui a permis de surnommer la région le « berceau de l’humanité ». Parmi les ossements certaines découvertes ont été plus médiatisées que d’autres du fait de squelettes ou de cranes plus complets. Le crâne de Madame Ples (STS-5) découvert par Robert Broom et John T. Robinson fait partie de ces stars de la paléoanthropologie car c’est le crâne le plus complet de son espèce. Autre spécificité il présente une capacité crânienne d’environ 485 cm3 ce qui se situe en haut de la fourchette du genre Australopithèque.
En 2011, en Afrique du Sud, pour retracer l’histoire d’un fossile dans une grotte, les scientifiques utilisaient généralement deux méthode. La première consiste à associer les restes d’animaux dans la même couche stratigraphique, la deuxième étudie les sédiments qui sont agglomérés autour du fossile ainsi que la calcite qui a pu se déposer. A ce moment-là le fossile a donc été estimé entre 2,1 et 2,6 millions d’années.
Cette datation posait plus de question qu’elle n’apportait de réponse car il était étonnant qu’une espèce d’australopithèque soit présente sur une période de temps aussi longue. Pour le géomorphologue Laurent Bruxelles (CNRS), Il était étonnant « de voir perdurer des australopithèques aussi longtemps« . Par ailleurs, enfoui plus profond dans la grotte une autre fossile très connu (Little Foot ) avait été daté de 3,67 millions d’années. Les couches sédimentaires les séparant ne correspondaient pas.
Nouvelle datation
Dans une étude publiée fin juin dans les PNAS, Darryl E. Granger et une équipe de scientifiques comprenant des chercheurs de l’Université du Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud et de l’Université Toulouse Jean Jaurès en France, ont donc revu la datation des Australopithèques de Sterkfontein. Les scientifiques ont utilisé la spectrométrie de masse par accélérateur pour mesurer les nucléides radioactifs dans les roches, ainsi que la stratigraphie et différents dépôts de sédiment dans le temps. Cela a permis, de montrer pourquoi des ossements d’animaux ont été mélangés dans les couches dans les années 40 et l’impact sur la compréhension du site.
La nouvelle méthode de datation, développée par Darry E. Granger a littéralement vieilli les fossiles d’australopithecus africanus de Sterkfontein d’un million d’années, dont le fameux fossile de Mme Ples. Ils ont maintenant un âge compris entre 3,4 et 3,6 millions d’années.
Par ailleurs il rapproche dans le temps cette espèce avec les austropithecus afarensis (Lucy) qui vivaient il y a 3,5 millions d’années en Afrique de de l’Est. Les deux espèces étaient donc contemporaine et il faut maintenant définir les rapports généalogiques qui les unissent.
Pour le géomorphologue Laurent Bruxelles qui a participé à l’étude, si deux espèces « contemporaines » vivant à 4.000 kilomètres l’une de l’autre, se ressemblant beaucoup, la question se pose d’une appartenance à une même espèce. « Les premiers australopithèques de l’espèce de Little Foot étaient assez massifs, quand Lucy et Mme Ples sont plus graciles« , décrit Laurent Bruxelles
Pour Darry Granger cela montre qu’il faut considerer le continent africain dans sa totalité comme le berceau de l’humanité (the cradle of humnity)
C.R.
Crédit Photos
Jason Heaton / Ronald Clarke / Ditsong Museum of Natural History
Laurent Bruxelles / Traces / CNRS
Sources :
– PNAS Cosmogenic nuclide dating of Australopithecus at Sterkfontein, South Africa
– Geo
– Atlantico
– CNRS
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