Accueil / Accueil – articles / Fin de la polémique sur l’espèce Homo floresiensis ?
Fin de la polémique sur l’espèce Homo floresiensis ?
Fin de la polémique sur l’espèce Homo floresiensis ?
D’après une étude comparative très complète, l’homme de Flores serait bien une espèce à part entière, et non un Homo sapiens atteint d’une maladie.
Depuis la découverte des premiers fossiles de l’Homme de Flores en 2003, les scientifiques n’ont pas cessé de débattre pour savoir si Homo floresiensis représente une espèce d’Homo distincte issue des Homo erectus, ou d’un Homo sapiens atteint d’une maladie spécifique. La petite taille de son cerveau, en particulier, pouvait laisser penser que l’individu était atteint de microcéphalie, du syndrome de Laron ou d’hypothyroïdie endémique..
L’étude
L’étude, intitulée « Homo floresiensis contextualized: a geometric morphometric comparative analysis of fossil and pathological human samples« , a été publiée dans l’édition du 10 Juillet 2013 de la revue Plos One. Les chercheurs ont étudié 248 crânes d’hominidés : des Homo erectus, des Homo sapiens, mais également des crânes d’individus présentant des anomalies dans les deux espèces. Il ont bien sûr inclus dans l’étude le seul crâne retrouvé dans la grotte de Liang Bua à Flores (LB1), en se servant d’une modélisation 3D car le fossile n’est pas accessible directement aux chercheurs.
La comparaison des crânes, la morphométrie géométrique
Les chercheurs ont déterminé 24 points de mesure sur l’ensemble des crânes : ils ont donc pu établir les moyennes selon les espèces. Avec ces statistiques ils ont comparé les variations obtenues par les individus atteints de pathologies affectant la taille du crâne.
Le traitement statistique de ces mesures a permis de déterminer objectivement à quelle espèce appartient un crâne fossile.
Dans le cas de l’homme de Flores, les chercheurs ont pu déterminer statistiquement que ce dernier avait peu de points communs avec Homo sapiens, et il en était de même avec les individus présentant les caractéristiques des maladies comme la microcéphalie, le syndrome de Laron ou le « crétinisme ».
En revanche, les mesures du cràne de notre « hobbit » permettent de le classer clairement dans les moyennes des Homo erectus.
Homo floresiensis est donc bien une espèce à part entière, dont les origines sont à chercher chez Homo erectus.
Réactions et commentaires
« Nos résultats fournissent la preuve la plus complète à ce jour reliant le crâne d’Homo floresiensis avec ceux des espèces fossiles éteintes plutôt qu’avec ceux des hommes modernes souffrant de pathologies. Notre étude réfute donc l’hypothèse que l’Homme de Flores serait homme moderne atteint de maladies comme la microcéphalie, » ont déclaré les responsables de l’étude.
Le paléontologue Jean-Jacques Jaeger (Poitiers) qui a participé à l’étude, déclare au journal Le Monde « certains refusent d’imaginer que le cerveau d’un Homo ait pu rapetisser avec le temps ». « Ou qu’avec un cerveau aussi petit, les hommes de Flores aient pu maîtriser le feu ou créer des outils, continue Antoine Balzeau. Mais tout cela n’a rien d’étonnant : chaque fois qu’une nouvelle espèce d’Homo est découverte, une partie de la communauté invoque le cas pathologique. Cela s’est produit pour Néandertal et H. erectus. Ici, l’histoire ne fait que se répéter. »
C.R.
Les auteurs de l’étude : Karen L. Baab, Kieran P. McNulty, Katerina Harvati. Stony Brook University New York, the Senckenberg Center for Human Evolution and Palaeoenvironment, Eberhard-Karls Universität Tübingen, and the University of Minnesota
Sources
Des articles sur Homo floresiensis
2008 Homo floresiensis : et maintenant, l’hypothèse du « nain crétin » !
2009 Homo floresiensis taillait ses outils de la même façon qu’Homo sapiens
2009 Homo floresiensis était bien bipède, mais …
2010 Des outils sur l’île de Flores datés de 1 million d’années
2013 Fin de la polémique sur l’espèce Homo floresiensis ?
2014 Homo floresiensis, un individu atteint de trisomie 21 ?
2016 Homo floresiensis a disparu il y a 50 000 ans
2016 Les origines d’Homo floresiensis d’après l’étude de l’intérieur de son crâne
2016 Les « petits » ancêtres d’Homo floresiensis
2017 Les origines d’Homo floresiensis se précisent
2024 Un humérus de 700 000 aans sur l’île de Flores