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Une étude génétique de grande ampleur sur l’ADN européen ancien…
Une étude génétique de grande ampleur sur l’ADN européen ancien…
Les génomes complets de 51 anciens européens ont été analysés et comparés pour retracer une partie de la préhistoire de l’Eurasie.
Une collaboration internationale a mobilisé plus de 70 chercheurs pour étudier le génome complet de 51 individus ayant vécu en Europe sur une période comprise entre – 45 000 et – 7 000 ans. Cette , publiée dans la revue Nature, n’a été possible qu’avec les avancées technologiques sur l’analyse de l’ADN même dégradé par le temps. Les chercheurs présentent donc la plus complète des études paléogénétiques sur les populations de l’Age de Glace.
51 européens anciens
Ce sont donc 51 génomes provenant de gisements européens qui ont pu être analysés : El Miron, Goyet, Dolni Vestonice, VillaBruna, Oase, Kostenki, parmi les plus connus… Cette vaste étude permet de déterminer certaines caractéristiques physiques, mais également la manière dont les groupes se sont isolés ou regroupés, et les grands mouvements de populations.
Une population en mouvement
La première population d’Homo sapiens qui pénètre en Europe est venue d’Afrique. Vers la même époque, Néandertal commençait à décliner, entamant ainsi un processus qui allait se poursuivre pendant quelques milliers d’années.
L’étude montre qu’il y a 45 000 ans cette population d’Homo sapiens fondatrice était divisée en deux groupes distincts. Cette différence génétique a perduré entre – 37 000 ans et – 14 000 ans.
Pour Isabelle Crevecœur (CNRS), « la première de ces branches, qui semble d’abord disparaître rapidement pour être remplacée par la seconde, réapparaît à la fin de la dernière glaciation dans le sud-ouest du continent européen, où elle a pu trouver refuge, puis recolonise l’Europe à la faveur du recul de la calotte glaciaire ».
Il y a 14 000 ans, les cartes sont à nouveau battues et un renouvellement important de la population européenne se produit. L’ADN européen est de manière assez rapide mélangé avec celui des populations d’Homo sapiens du Proche-orient.
« Jusqu’à présent, nous supposions que les premiers contacts avec les peuples de l’actuel Proche-Orient coïncidaient avec l’arrivée de l’agriculture en Europe, il y a environ 8 500 ans. Or nos résultats attestent sans ambiguïté que des liens entre les Européens et les peuples à l’origine des civilisations mésopotamiennes ont existé bien plus tôt dans l’histoire de l’humanité » complète Isabelle Crevecœur.
Et notre aventure néandertalienne ?
Parallèlement à ces grands mouvements de populations, l’étude montre que l’ADN néandertalien devient de moins en moins présent dans celui d’Homo sapiens. De 6 % chez nos lointains ancêtres, la proportion tombe à 2 % chez les Homo sapiens européens contemporains de la dernière glaciation.
Pour les scientifiques, il apparaît que la plupart des gènes néandertaliens transmis à l’homme moderne avaient plus d’effets négatifs que positifs. Dans ce cas, la sélection naturelle joue son rôle et les porteurs de gènes néandertaliens, moins résistants, finissent par disparaître en grande partie.
Les caractéristiques physiques en évolution constante
L’étude du génome permet également de déterminer quelques caractéristiques physiques des individus étudiés. Dans cette étude les généticiens ont pu déterminer que les premiers européens, il y a 45 000 ans, avaient une peau plutôt foncée et des yeux bruns (ils venaient d’Afrique, ce qui est donc logique). Les yeux de couleur bleue ont commencé à apparaître il y a 14 000 ans. Et quant à la carnation de la peau, elle n’a commencé à s’éclaircir qu’il y a 7 000 ans.
C.R.
Sources
« The genetic history of Ice Age Europe », par Q. Fu, C. Posth, M. Hajdinjak, M. Petr, S. Mallick, D. Fernandes, A. Furtwängler, W. Haak, M. Meyer, A. Mittnik, B. Nickel, A. Peltzer, N. Rohland, V. Slon, S. Talamo, I. Lazaridis, M. Lipson, I. Mathieson, S. Schiffels, P. Skoglund, A. P. Derevianko, N. Drozdov, V. Slavinsky, A. Tsybankov, R. G. Cremonesi et al. , publié dans Nature le 2 mai 2016.
Nature
CNRS
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