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Les derniers représentants de l’espèce Homo erectus ont 108 000 ans…
Les derniers représentants de l’espèce Homo erectus ont 108 000 ans…
C’est sur l’île indonésienne de Java que la dernière colonie d’Homo erectus identifiés a été datée entre 108 000 et 117 000 ans.
La découverte
Le site de Ngandong est situé sur l’ile indonésienne de Java, sur les rives du fleuve Solo. Le site a été découvert dans les années 1930 par l’ingénieur néerlandais Ter Haar dans le cadre de recherches géologiques, le Java-kaarteering, c’est-à-dire de cartographie de l’ile. Les fouilles ont permis d’exhumer une douzaine de crânes et deux tibias. En 1932, c’est un autre membre de l’équipe de cartographie, Oppenoorth, qui attribue les restes d’hominidés à une nouvelle espèce Homo soloensis, en référence à la rivière proche. Pour les chercheurs, à l’époque les fossiles n’étaient pas plus anciens que le Pléistocène supérieur, mais il n’était pas possible de préciser la période où vivaient les hominides au bord du fleuve. De nombreux chercheurs se sont intéressés à l’Homme de Solo… on peut citer les noms de Weidrnreich (1951), de Von Koenigswald (1958). Le nouvel hominidé de Java fut daté du Pléistocène récent (entre 125 000 et 100 000 ans)… (Histoire de l’Humanité, Joseph Bouyain).
Les datations des fossiles se sont enchainées en donnant des estimations contradictoires : entre 53 000 et 27 000 ans (1996) ou entre 550 000 et 143 000 ans (2011) !
L’Homme de Java, Homo soloensis, a progressivement perdu son statut d’espèce à part pour être affilié comme sous-espèce avancée d’Homo erectus.
Dans l’évolution de l’Homme, Homo erectus est apparu en Afrique il y a 2 millions d’années. Puis il a étendu son territoire vers l’Asie et probablement vers l’Europe. Il est arrivé sur l’Ile de Java il y a 1 400 000 ans. Il y a 400 000 ans, Homo erectus a disparu de l’ensemble des sites dans le monde, à l’exception notable de l’île de Java.
Une étude multi-sites à Java
La nouvelle équipe de chercheurs internationale, sous la direction de Yan Rizal, a utilisé plusieurs méthodes afin de préciser la datation des Hommes de Java. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature.
Les travaux sont basés sur 52 nouvelles datations, sur et à proximité du site de Ngandong, afin de mieux prendre en compte les modifications dans l’environnement qui peuvent expliquer les précédentes datations discordantes.
« Les problèmes liés à la datation de Ngandong ne pouvaient être résolus que par une appréciation plus large du paysage « , a déclaré la geographe Kira Westaway (Université Macquarie), coauteur principal de l’étude.
L’équipe a donc étudié des restes fossiles de faune (867 fragments osseux et dents) et des sédiments de la strate où les ossements humains avaient été retrouvés par les fouilleurs néerlandais dans les années1930. Ils ont également pris en compte les anciennes terrasses fluviales situées en-dessous et au-dessus des restes humains.
Westaway rajoute : « Les fossiles sont les sous-produits de processus géologiques complexes. Nous avons pu déterminer l’âge du site parce que nous avons pu positionner les fossiles dans le gisement fluvial, la terrasse de la rivière, le séquencement des terrasses et le paysage volcanique actif.«
Redécouvrir l’histoire et l’environnement du site de Ngandong
Des recherches antérieures menées par Ciochon montrent qu’Homo erectus est parvenu sur l’île de Java il y a environ 1,6 million d’années. Le moment était propice car la zone autour de Ngandong était alors principalement constituée de prairies, le même environnement qui abritait l’espèce en Afrique. Les plantes et les animaux étaient abondants. Une population d’Homo erectus s’est opportunément installée et a commencé à évoluer distinctement.
Il y a 130 000 ans, ce petit « paradis » subit des modifications radicales du climat et de l’environnement provoquant la déchéance des populations d’hominidés.
« Il y a eu un changement de climat« , explique le paléoanthropologue Russel Ciochon (Département d’anthropologie de l’Iowa). « Nous savons que l’environnement est passé d’un terrain ouvert de prairies, à une forêt tropicale humide (s’étendant vers le sud depuis la Malaisie d’aujourd’hui). Ce n’étaient plus les plantes et les animaux auxquels Homo erectus était habitué, et l’espèce n’a pas pu tout simplement s’adapter. »
« Ce site est la dernière apparition connue d’Homo erectus trouvée partout dans le monde« , explique Russell Ciochon. « Nous ne pouvons pas dire que nous avons trouvé la date de l’extinction, mais nous avons daté sa dernière preuve de présence. Nous n’avons aucune preuve qu’Homo erectus ait vécu plus tard que cela ailleurs.«
La paléoanthropologue Amélie Vialet (Musée de l’Homme, France) estime que cette chronologie est cohérente avec de précédentes études dans la région. Elle estime que les travaux de géochronologie sont solides et étayés.
C.R.
Sources
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