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Le site de Montmaurin a livré une dent néandertalienne de 70 000 ans
Les grottes de Montmaurin (Comminges) sont déjà connues pour des restes néandertaliens… dont une fameuse mâchoire. C’est maintenant une dent qui a été découverte en 2020. |
Une dent de néandertalien à Montmaurin.
Le massif de Montmaurin est situé en Haute-Garonne, au sud de Toulouse. Plusieurs grottes ont été découvertes il y a plus de 100 ans : la grotte Boule, la grotte de la Terrasse, la grotte du Coupe-Gorge, la grotte de la Niche et la grotte du Putois… En 1900, c’est le célèbre préhistorien Emile Cartailhac qui commence la prospection. De grands scientifiques de l’époque se succédèrent entre 1902 et 1961. On peut citer Marcelin Boule, René de Saint-Périer, et enfin Louis Méroc. En plus des restes de faune et des outils lithiques, les fouilleurs ont mis au jour la fameuse Vénus de Lespugue (de Saint Perrier, 1922) et une mandibule néandertalienne (Raoul Cammas 1949). Si les fouilles qui avaient repris depuis 1969 ont permis d’exhumer de nouveaux restes de faune (rhinocéros de Merckx ou ours de cavernes…), elles avaient été stoppées depuis plusieurs décennies.
Les fouilles en 2020
Les fouilles dans la grotte de Coupe-Gorge ont repris depuis 2020 avec l’aide du Muséum National d’Histoire Naturelle). Amélie Vialet (MNHN) est responsable du chantier afin de retrouver la chronologie des différentes occupations humaines, les évolutions de l’environnement et les adaptations des populations.
La grotte de Coupe-Gorge n’est pas gigantesque : elle mesure vingt mètres de long sur dix de large, et en moyenne le plafond est à sept mètres de hauteur. Pour la campagne de 2020, l’équipe s’est focalisée sur un périmètre de quatre mètres carrés.
Les chercheurs ont exhumé 500 vestiges constitués, pour une moitié, d’ossements et dents d’animaux (mammouths, rennes, chevaux…), et pour l’autre, d’outils lithiques. Dans une strate datant de la dernière glaciation, il y a 70 000 ans, une découverte inattendue a donné raison à l’équipe d’avoir relancé les fouilles : une incisive humaine.
A droite, l’incisive qui va être biologiquement et chimiquement étudiée / Musée national d’histoire naturelle
Une dent de 70 000 ans
Cette dent de Montmaurin, de par ses dimensions (plus de 2 cm de racine) et sa robustesse, devait appartenir à un Néandertalien adulte. Comme les dents des hominidés de l’époque, l’usure de la couronne dentaire est très nette et montre que les individus utilisaient leur dentition comme un outil.
Amélie Vialet est très satisfaite de cette découverte « C’est assez rare de trouver des restes humains, de 1945 à 1961, ils n’ont trouvé que cinq vestiges de ce genre sur toute la période. C’est très encourageant pour la suite de nos recherches. »
En effet, cette dent se trouvait juste au-dessus de la couche 3z dans lequel l’Homme de Néandertal a pu laisser des artéfacts, ou même d’autres restes osseux. C’est la couche qui sera fouillée lors des prochaines campagnes.
Pour Amélie Vialet, c’est un niveau très prometteur car Louis Méroc, qui a réalisé les fouilles de cette grotte jusque dans les années 60, y avait découvert de nombreux vestiges, dont trois restes humains (un fragment de mandibule d’enfant et deux dents isolées – une prémolaire et une canine). L’équipe du Muséum National d’Histoire Naturelle a obtenu les autorisations nécessaires pour continuer les fouilles sur une durée de 3 ans. Amélie Vialet indique que vu la richesse du gisement il faudra probablement plus de temps !
Sources
Libération
FR3
La Dépêche
Les dents de l’homme De la préhistoire à l’ère moderne Florie Duranteau A travers un glossaire illustré extrêmement précis et développé, de Toumaï à l’homo sapiens, en passant par les australopithèques, cet ouvrage détaille et explique les diverses mutations de la dent, de la mandibule et de la face, en s’attardant sur les conséquences générées par ces transformations sur la posture et le régime alimentaire de chacun. En savoir plus sur Les dents de l’homme de la préhistoire à l’ère moderne |
Silvana Condemi, Jean-François Mondot