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A Bornéo, un art préhistorique très ancien
A Bornéo, un art préhistorique très ancien
Lubang Jeriji Saleh, un nouveau prétendant au titre de « plus ancien art préhistorique ». Après l’Espagne et la France, Bornéo présente une étude qui date des peintures pariétales de 40 000 ans au moins.
Les peintures de Lubang Jeriji Saleh à Bornéo
La grotte de Lubang Jeriji Saleh est située au Kalimantan oriental en Indonésie. Elle est voisine de l’ile indonésienne de Sulawesi sur laquelle des peintures préhistoriques avaient déjà été étudiées et datées de – 35 – 40 000 ans par l’archéologue Maxime Aubert. Ce dernier, associé à un confrère indonésien, Pindi Setiawan, s’est maintenant attelé à l’étude des peintures pariétales de la grotte calcaire de Lubang Jeriji Saleh qui sont connues depuis les années 1990. Les parois sont couvertes de peintures ocrées représentant des animaux mais également des signes, des mains négatives et des figures humaines. Les chercheurs ont donc entamé une vaste campagne de prélèvements de la calcite qui s’est déposée en coulant sur les parois, recouvrant les peintures d’un voile protecteur. Ils ont utilisé la méthode uranium-thorium qui en mesure le rapport entre ces deux composés sur 65 emplacements différents. Ils ont également réalisé plusieurs tests afin de vérifier qu’il n’y avait pas de contamination : les couches les plus profondes de calcite étaient toujours plus anciennes que les couches superficielles. Pour Maxime Aubert « la datation est solide ! ».
Les datations des représentations
Les chercheurs ont déterminé que les peintures de la grotte de Lubang Jeriji Saléh sont de styles et de périodes différentes. Le plus ancien dessin est un bovin difficile à identifier, car il est en partie effacé, date au minimum de 40 000 ans… Les scientifiques penchent toutefois vers une sorte de bœuf sauvage (Bos javanicus lowi).
Les mains négatives sont également très anciennes puisque deux d’entre-elles remontent à 37 200 ans et une autre à 51 800 ans ! D’autres mains négatives (à la couleur violacée) sont plus récentes et sont estimées entre 20 et 21 000 ans. Il y a 13 600 ans, d’autres hommes ont dessiné des représentations humaines, en utilisant également un colorant teinté de violet.
Quelques dessins au charbon noir ont été probablement réalisés il y a 4 000 ans par des agriculteurs néolithique, derniers passagers du temps.
Les occupations humaines dans la cavité ont donc été fréquentes et de plus sur une période très longue.
Ces premiers « artistes » sont donc présents depuis au moins 40 000 ans, et la présence d’une main négative encore plus ancienne démontre un passage il y a plus de 50 000 ans. Il est à noter que les plus anciennes peintures retrouvés en Europe sont celles de Chauvet il y a 37 000 ans mais qu’il existe des sites espagnols qui revendiquent une ancienneté encore plus grandes (65 000 ans à Nerja et El Castillo) mais dont la datation est plus ou moins contestée.
Les chercheurs ne peuvent déterminer la ou les espèces qui ont réalisés ces peintures.
Un art préhistorique très ancien
Pour l’archéologue Sue O’Connor (Université Nationale Australienne de Canberra), «c’est une découverte remarquablement importante», qui montre que « l’art pariétal de Sulawesi n’est pas unique à l’échelle régionale, mais qu’il fait partie d’une tradition artistique et symbolique plus vaste retraçant certains des plus anciens êtres humains modernes en Asie du Sud-Est. »
Pour Maxime Aubert la grotte a été visitée sur plusieurs millénaires et «il y avait clairement un changement de la représentation du monde animal à la représentation du monde humain, une tendance également observée dans l’art rupestre de l’Europe. »
«La découverte de trois styles chronologiques différents est assez étonnante, car nous pouvons suivre l’évolution et les changements de l’art rupestre au cours de 50 000 ans», complète l’anthropologue François-Xavier Ricaut, anthropologue (Université de Toulouse), qui a également travaillé sur Bornéo. Il se questionne afin de savoir si les deux « styles » les plus anciens indiquent l’arrivée de peuples différents ou ont été réalisés par une seule population dont le style a évolué avec le temps.
C.R.
Sources :
Nature
Sciencemag
BBC
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Bornéo, la mémoire des grottes Luc-Henri Fage et Jean-Michel Chazine Fage Editions Bornéo, la mémoire des grottes est le témoignage d’une aventure hors du commun, racontée par les protagonistes eux-mêmes: la découverte exceptionnelle d’un art pariétal vieux de plus de 10000 ans qui éclaire les processus de peuplement entre Asie et Australie. Depuis 1988, mission après mission, se dessine le profil des populations anciennes de Bornéo, probablement apparentées aux Aborigènes d’Australie, et les relations particulières qu’elles ont tissées avec les cavernes en créant un art rupestre caractérisé par l’abondance de mains négatives: on en a dénombré près de 2000, qui permettent de proposer de nouvelles interprétations de ce motif universel. Cet ouvrage magnifiquement illustré nous fait découvrir la richesse, la complexité et l’ancienneté de cette région du monde aujourd’hui menacée. | |
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Bonjour à Tous ! N en déplaise mais le bos javanicus iowa n est pas un bovin daté de 37 500 ans !
Merci à l équipe hominidés! Merci Thank you merci a Tous !