Accueil / Accueil – articles / L’art aurignacien a 43 000 ans !
L’art aurignacien a 43 000 ans !
Publiée le 8 mai dans le Journal of Human Evolution, une étude britannique et allemande reposant sur de nouvelles radio-datations donne un âge de 42 à 43 000 ans au gisement de la grotte de Geissenklösterle, en Allemagne, augmentant encore l’ancienneté de la culture aurignacienne, si riche en innovations.
L’étude
Afin d’estimer l’âge de divers éléments d’art mobilier relevant de la culture aurignacienne présents dans un gisement de la grotte de Geissenklösterle, dans le Jura souabe (sud-ouest de l’Allemagne), des chercheurs de l’Université d’Oxford (Royaume Uni) et de l’Université de Tübingen (Allemagne) ont daté, grâce au radiocarbone – une technique nécessitant des échantillons organiques -, des ossements contenus dans la même couche géologique que ces objets.
Très fiables car utilisant des méthodes récentes permettant d’éliminer un maximum de risques de contamination des spécimens, ces nouvelles datations donnent à ces artéfacts des âges compris entre 42 000 et 43 000 ans : les plus anciennes dates données jusqu’à ce jour à un site de l’Aurignacien, première culture à avoir produit un large éventail d’innovations majeures dans les domaines de l’art figuratif et musical.
Image : Différents éléments, os, dents taillées qui on servi d’ornement aux hommes de l’Aurignacien. Cette parure préhistorique a été découverte dans la grotte de Geissenklösterle. Photo : Université de Tübingen
Une région d’un intérêt exceptionnel
La grotte de Geissenklösterle fait partie du vaste complexe de cavernes aurignaciennes du Jura souabe, qui a produit d’importants exemples d’outils de pierre, de parures (telles que des dents percées), d‘instruments de musique (comme ces flûtes en ivoire de mammouth ou en os d’oiseaux, trouvées dans la même couche que celle récemment datée), ainsi que la plus ancienne statuette humaine (datant de -35 000 ans et découverte en 2008, elle est en ivoire). Ces nouvelles datations, cohérentes avec d’autres effectuées antérieurement grâce à la thermoluminescence, font de cette partie de l’Allemagne une sorte de ‘berceau’ de la culture aurignacienne, plus ancien que les sites aurignaciens d’Italie, de France ou d’Angleterre.
Ces résultats confortent aussi l’hypothèse selon laquelle les humains modernes ont migré vers l’Europe occidentale en se déplaçant rapidement le long du couloir formé par le bassin du Danube. Un mouvement qui aurait donc eu lieu durant un épisode d’adoucissement du climat, avant l’épisode glaciaire appelé « H4 » (survenu entre -40 000 et -38 000 ans environ), et non après, comme le pensaient jusqu’à présent les spécialistes. Sapiens rencontra peut-être là Néandertal, mais les chercheurs n’ont jusqu’à présent trouvé aucune trace d’interaction dans la région.
« Les hommes modernes de la période aurignacienne arrivèrent en Europe Centrale au moins 2 à 3 000 ans avant cette détérioration climatique (…). La question est : quel effet cette baisse peut-elle avoir eu sur ces gens, en Europe, à cette époque ?« , dit Tom Higham, de l’Université d’Oxford.
Un creuset d’« hominisation »
Les nombreuses innovations de nos ancêtres documentées dans le Jura souabe, ‘patrie’ apparente de l’Aurignacien, ont-elles été stimulées par le stress climatique, la concurrence avec les Néandertaliens ou par d’autres facteurs susceptibles de dynamiser l’essor socioculturel ? Ces questions restent un élément central des recherches faites par les archéologues de Tübingen et d’Oxford. Disposer d’outils fiables en termes de chronologie est en tout cas un atout pour chercher à expliquer l’expansion des hommes modernes en Europe et peut-être l’extinction des Néandertaliens.
C.R.
Sources
Sources
ScienceDaily,
LiveScience
Journal of Human Evolution