Art pariétal : découverte de nouvelles figures au pays basque espagnol
C’est dans la grotte d’Atxurra qu’une équipe a découvert des figures d’animaux datées entre 12 500 et 14 500 ans, à la fin du Paléolithique supérieur.
La grotte d’Atxurra
La grotte d’Atxurra est située sur la commune de Berriatua (province de Biscaye), à trois kilomètres de la ville côtière de Lekeitio, et à cinquante de Bilbao. La grotte est connue et explorée depuis 1929. Elle a fait l’objet de fouilles archéologiques par José Miguel de Barandiaran de 1934 à 1935. Du fait de la dangerosité de son réseau et de ses dénivelés, la grotte est fermée au public et seuls les spéléologues peuvent obtenir le droit de l’explorer. C’est en 2014 qu’une équipe a été mandatée pour explorer et évaluer le potentiel archéologique de la cavité : stratigraphie, périodes d’occupations, chronologie.
La découverte
Les spéléologues ont donc mené plusieurs campagnes d’exploration et on pu mettre au jour, en 2014, des éléments magdaléniens de faune, d’industrie lithique et osseuse.
En 2015, l’objectif était de documenter une éventuelle occupation à l’époque gravettienne et de parcourir systématiquement les galeries à la recherche d’art pariétal.
C’est en septembre 2015 que les premières figures ont été identifiées. Elles étaient passées inaperçues jusqu’à présent car elles sont situées dans une partie assez reculée de la grotte (à 300 mètres de l’entrée) qui n’est accessible qu’après avoir rampé dans une chatière et traversé des cours d’eau souterrains. De plus, les figures sont positionnées sur une corniche à plus de 4 mètres de hauteur ! Comme c’est souvent le cas, les paléolithiques avaient réalisé leur œuvres dans les endroits les moins accessibles des cavités…
Plus de 70 représentations d'animaux
L’archéologue directeur du projet Diego Garate, accompagné du spéléologue Iñaki Intxaurbe, ont découvert sur cette corniche 14 panneaux présentant 70 gravures d’animaux. Sur le sol de la corniche, en contrebas des représentations, les chercheurs ont exhumé des lames de silex et un morceau de charbon. A l’origine, les représentations gravées étaient probablement peintes ou du moins soulignées avec du charbon noir.
Les chercheurs indiquent que « les figures ont certainement été d’abord pigmentées en noir avec du charbon puis ensuite grattées avec des outils de silex ». Pendant plusieurs milliers d’années cette colorisation est passée jusqu’à devenir invisible.
Les gravures représentent pour la plupart des bisons et des chevaux, mais il y a également des caprins (chèvres), des cervidés (cerfs) et des rennes. Les chevaux sont typiques de l’art préhistorique et sont assez semblables à ceux de Niaux, Chauvet ou Commarque.
L’un des bisons attire particulièrement l’œil des spécialistes car son ventre est criblé d’une vingtaine de pointes (lances ?) pouvant évoquer une partie de chasse. «Ce pauvre être fait peut-être partie des animaux les plus chassés à travers l'Europe", a déclaré l'archéologue. Il rajoute que dans les peintures pariétale d’animaux chassés, ces derniers ont rarement plus de trois projectiles…
Quelques représentations et leurs relevés
Les gravures ne sont pas faciles à prendre en photo. Les chercheurs ont donc souligné en blanc les gravures...
|
un bison acéphale dont le ventre est criblé de pointes.. |
|
Un bison relativement complet |
"Aujourd'hui, Atxurra peut être considérée comme la grotte avec le plus grand nombre de gravures du Pays basque", a affirmé Lorea Bilbao, responsable de la culture de la province de Biscaye.
Les chercheurs soulignent que l’intégralité de la grotte n’a pas encore fait l’objet de cette exploration minutieuse. Il est possible que la grotte révèle d’autres représentations lors des prochaines campagnes.
CR
Sources :
Daily Mail
Arkeobasque
Photos copyright Région de Biscaye / Deia.com
Lire également :
2012 Nouvelle datations des grottes espagnoles
2012 La réaction du préhistorien Michel Lorblanchet sur les récentes datations d'art préhistorique en Espagne et en Australie
2013 L'étude de la grotte de Nerja (en Espagne) publiée en février 2012 donnait également un âge
de 42 000 ans pour ses peintures pariétales.
2014 : Nouvelles datation pour l'art parietal en Indonesie : - 40 000 ans
|