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Des Homo sapiens déjà en Europe du Nord il y a 45 000 ans
Des Homo sapiens déjà en Europe du Nord il y a 45 000 ans
Il y a encore quelques années il n’y avait pas de preuve directe de présence des Homo sapiens en Europe du Nord… c’était avant cette nouvelle étude d’un ancien site en Allemagne !
Dans les années 30, sur le site d’Ilsenhöhle situé sous le château de Ranis (Thuringe en Allemagne), le chercheur en préhistoire Werner M. Hülle a mis au jour de nombreux artefacts, dont de l’industrie lithique qui se positionne à la transition entre le Paléolithique moyen (attribuée à Néandertal) et le Paléolithique supérieur (associée à Homo sapiens ). Ce type d’outils en pierre – a été identifiée sous le nom de Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien (LRJ). On peut retrouver cette culuture dans une partie de l’Europe centrale et du nord-ouest, de la Tchéquie à la Grande-Bretagne, sous d’autres terminologies comme Châtelperronien Uluzzien Des restes humains découverts dans la couche LRJ n’avaient pas pu être identifiés du fait d’une mauvaise conservation des ossements qui ont été brisés depuis longtemps…
Sujet à discussion il était impossible de trancher sur l’espèce responsable de ces outils : Homo sapiens ou Homo néandertalensis !
Une nouvelle étude, et de nouveaux ossements !
Entre 2016 et 2022 de nouvelles fouilles ont été réalisées sur le site de Ranis, sous la direction du paleoanthropologue Jean-Jacques Hublin (Collège de France – Max-Planck-Gesellschaft) avec les archéologues Shannon McPherron , Tim Schüler et Marcel Weiss. Ils ont retrouvé les anciennes tranchées des fouilles de Hülle à plus de 8 mètres de profondeur.
Le travail dans les parties non fouillées des années 30 les chercheurs ont mis au jour près de 1 800 nouveaux fragments d’os dans la couche LRJ. La forte fragmentation des os a rendu l’identification longue et compliquée : il fallait différencier les espèces a qui appartenait les ossements (animaux ou humains). Les chercheurs se sont basés sur des études protéomiques, c’est à dire l’analyse de protéines anciennes. Ils ont étudié les restes osseux issues des campagnes de fouilles des années 1930 mais également des années 1920.
Des Homo sapiens il y a 45 000 ans
Pour la première fois des ossements issus des couches LRJ ont pu être identifiés et attribués à Homo sapiens grâce à l’analyse de leur ADN. Les ossements appartiennent à des individus de la même famille. De plus, des datations radiocarbone directement sur les ossements ont positionnés ces humains à une période clef de l’évolution il y a 45 000 ans.
Cette période, comprise entre 50 000 et 40 000 ans, est importante pour les évolutions et migrations humaines ? C’est en effet à ce moment-là que des populations néandertaliennes ont abandonné la place aux nouveaux migrants : les Homo sapiens. Il n’est actuellement pas possible de déterminer la ou les cause(s) de la disparition de l’homme de néandertal, mais avoir des informations précises sur l’arrivée et la présence d’Homo sapiens en Europe est primordiale.
Un froid équivalent à celui du nord-est de la Russie d’aujourd’hui
Dans les mêmes couches archéologiques les fouilles ont permis de déterminer la faune qui côtoyaient Homo sapiens : on a retrouvé des restes osseux de bisons, de rennes, de rhinocéros laineux, de loup, de renard arctique, et de glouton (carcajou).
Cette faune, typique d’un environnement froid (voir glacial) démontre que ces Homo sapiens pouvaient s’adapter à un environnement extrêmement froid.
De plus une étude isotopique des dents des chevaux confirme également les conditions extrêmes qui régnaient à cette époque en Allemagne.
Des chasseurs résistants et essentiellement carnivores
Parmi les ossements de la faune, plusieurs restes montraient des marques de dépeçages comme le pratiquent les chasseurs du paléolithique. Un animal chassé était bien sur une source de viande mais également de la fourrure (pour se couvrir), des tendons (pour attacher), des os à tailler (pour fabriquer des outils…).
A noter, toujours en concurrence avec l’Homme, les Hyènes ont également laissé des traces de leur dents sur les ossements d’animaux !
L’étude des restes humains montre que les Homo sapiens d’Ilsenhöhle basaient leur régime alimentaire sur les grand herbivores (cheval et renne) avec un goût certain pour la moelle de ces mammifères. Ils avaient certainement déjà compris la haute valeur nutritive de la moelle osseuse pour résister à un environnement relativement difficile.
Au global on peut résumer cette étude par le fait que notre ancêtres Homo sapiens étaient présents dans le nord de l’Europe au moins 5 000 ans plus tôt que prévu… à un moment ou Néandertal était encore présent. Ce chasseur était très bien adapté à des conditions climatiques très difficiles. Son régime alimentaire, forcément adapté à son environnement, était principalement carnivore.
Source
The ecology, subsistence and diet of ~45,000-year-old Homo sapiens at Ilsenhöhle in Ranis, Germany
Der moderne Mensch erreichte das nördliche Europa schon vor 45.000 Jahren
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Et si tout simplement Homo Sapiens n’avait pas migré depuis l’Afrique mais résultait d’une évolution de Neandertal qui n’aurait pas disparu mais se serait progressivement transformé en Homo Sapiens. Ceci expliquerait les hybrides trouvés vers -35000 ans qui seraient un reflet de la diversité génétique au sein de ces populations. Il en serait de même en Chine où les Homo Sapiens résulteraient d’un évolution depuis les Homo Erectus présents depuis longtemps. Et qui sait, ces Homo Erectus ne viendraient peut-être pas, eux aussi, d’Afrique !
Je ne trouve nulle part de preuve qu’Homo Sapiens ne descend pas de Neandertal …
Bonjour,
Homo néandertalensis et Homo sapiens sont deux espèces « soeurs » c’est à dire qu’elles ont un ancêtre commun…
Pour en savoir plus… https://www.hominides.com/dossiers/neandertal-et-sapiens-les-differences/#:~:text=Enfin%20une%20majorit%C3%A9%20des%20%C3%A9tudes,de%20nombreuses%20th%C3%A9ories%20et%20controverses.
Vous ne répondez pas à ma question.
Je voudrais avoir des preuves formelles que Sapiens ne descend pas de Neandertal mais je n’en ai jamais trouvé. Les comparaisons entre individus des deux « espèces » le sont sur des spécimens d’époques très différentes et quand c’est à l’époque de la soi-disant disparition de Neandertal on trouve des « hybrides » qui ne sont que des intermédiaires entre de « purs » Neandertal et de « purs » Sapiens.
Il est invraisemblable que Neandertal, fermement implanté sur le continent européen, ait été remplacé par Homo Sapiens venant d’Afrique lors de migrations qui n’ont probablement jamais eu lieu !
L’explication que je propose explique bien des observations et elle était encore en vigueur il ya quelques décennies mais a été abandonnée pour d’obscures raisons …
Bonjour,
Concernant les preuves que vous souhaitez les études disent toutes la même chose :
d’un point de vue anthropologique
on commence a trouver des néandertaliens ou des pré-nandertaliens en Eurasie il y a 500 000 ans.
alors que les plus anciens Sapiens c’est 300 000 ans et sur le continent africain.
ils ne vont se rencontrer que beaucoup plus tard au Moyen-Orient et en Eurasie
d’un point de vue génétique les études vont dans le même sens :
les espèces Homo sapiens et Homo néandertalensis ont un ancêtre commun datant de 700 000 ans : ce sont des espèces soeurs.
Si vous souhaitez aller plus loin je vous conseille le livre de Silvana Condemi https://www.hominides.com/livres-et-medias/dernieres-nouvelles-de-sapiens/
ou celui d’Antoine Balzeau http://www.hominides.com/livres-et-medias/une-breve-histoire-des-origines-de-humanite/