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Homo naledi, une nouvelle espèce d’hominidé
Homo naledi, une nouvelle espèce d’hominidé
Les origines de la lignée Homo en Afrique du Sud ?
Ce n’est pas un simple petit morceau de crâne ou de tibia qui a été trouvé… mais des centaines d’ossements appartenant à une quinzaine d’individus. Homo naledi est également une créature « mixte », présentant à la fois des caractères primitifs et modernes.
La grotte Rising Star
La cavité est située à 30 kilomètres de Johannesburg, en Afrique du Sud, et elle est connue des habitants depuis des dizaines d’années. Depuis les années 60, la grotte est visitée et appréciée des spéléologues.
Il y a 2 ans, ceux-ci ont exploré une galerie difficile d’accès et très peu large : pour y progresser il est nécessaire de mettre un bras en avant et l’autre le long du corps (d’où le nom de « Crawl de Superman » donné à la galerie !). Après plusieurs mètres de reptation, ils sont parvenus dans une salle plus large. Poursuivant leur progression, ils ont retrouvé une petite galerie encombrée de stalagmites qui chutait brusquement jusqu’à une nouvelle salle de 9 mètres de long. Et c’est dans cette dernière salle, jamais explorée, qu’ils ont découvert des ossements d’hominidés. Ils ont bien sur tout de suite contacté les scientifiques dont le paléoanthropologue Lee Berger.
La découverte
1550 ossements on été retrouvés sur le sol de cette dernière salle difficilement accessible car située après une galerie en chute libre de 12 mètres de hauteur. La cavité ne contenait rien d’autre que des ossements humains et des sédiments. Aucun objet, outils ou ossements d’autres animaux n’était présent dans cette partie de la grotte.
Les squelettes correspondent à une quinzaine d’individus, allant du bébé à la personne âgée, en passant par les adolescents et les adultes. Les ossements sont extrêmement bien conservés, y compris les os de l’oreille, ce qui est rarissime. Par ailleurs, le nombre de restes retrouvés est une véritable aubaine pour les chercheurs qui pourront ainsi établir les caractéristiques moyennes de l’espèce, selon le sexe mais aussi son type de croissance.
L’équipe internationale de chercheurs a commencé à analyser cette masse d’ossements et les premières conclusions montrent que cette nouvelle espèce présente des caractères à la fois primitifs et modernes.
Le poignet, la main et le pied sont relativement proches de nous et ressemblent donc à ceux des hommes modernes. En revanche, la petite taille de la boîte crânienne et les hanches correspondent à celles d’un des premiers représentants de la lignée Homo. La structure des épaules indique que son propriétaire était également adapté à une locomotion arboricole…
Les ossements sont estimés, au maximum, à 2 millions d’années en arrière.
Le mélange des caractéristiques d’Homo naledi pointe une fois de plus la complexité de l’arbre généalogique des humains, mais répond également au besoin des chercheurs de comprendre l’histoire et les premières origines de notre espèce.
De nombreuses implications
Pour les chercheurs, la découverte d’Homo naledi va peut-être aider à comprendre la transition entre les australopithèques et la lignée Homo… Ce mélange de caractères est peut-être l’un des liens qui peut compléter les manques de fossiles dans notre lignée.
Le professeur Chris Stringer (Musée d’histoire naturelle de Londres) déclare que le lieu de la découverte des ossements, la salle la plus profonde de la grotte, suggère que les corps ont été déposés intentionnellement par d’autres hominidés, ce qui est un comportement très complexe pour une espèce humaine primitive.
Les chercheurs indiquent qu’il existe différentes hypothèses pour expliquer cet amoncellement de corps au fond de la grotte. Soit les corps ont été disposés intentionnellement ici, soit les visiteurs de la grotte se sont trouvés piégés suite à un événement inconnu. Si la première hypothèse se vérifie, cela indique tout simplement qu’une espèce d’hominidé pratiquait des rites funéraires il y a… 2 millions d’années.
A noter, les chercheurs n’ont pas communiqué d’éléments sur les méthodes de datation utilisées… il est même indiqué dans un article que les corps pourraient reposer dans la grotte depuis 2 millions d’années ou 20 000 ans… Et dans ce cas, les conséquences ne seraient pas du tout les mêmes !
A suivre, donc, avec de nouvelle études et une datation plus précise ! Les fossiles ayant été découverts en 2013 on aurait pu imaginer qu’avant de publier toute cette étude morphologique l’équipe aurait pu tenter de dater les sédiments, les ossements ou la grotte…
A gauche reconstitution du visage d’Homo naledi par le National Geographic Society.
12/09/15 de nouvelles réactions
Pour Chris Stringer « Pour moi les fossiles semblent similaires aux petits corps d’Homo erectus trouvé à Dmanissi (NDLR Homo georgicus) datés de – 1,8 millions d’années« . « La richesse des fossiles de H. naledi par rapport aux autres espèces comme Homo rudolfensis, H. habilis, ou H. erectus est telle que nous ne pouvons par comparer certains os manquants chez ces dernières espèces mais présents chez H. naledi…«
« Si les fossiles sont agés de 2 millions d’années, cette espèce doit être très proche des origines du genre Homo. Par contre, si ils ont moins de 100 000 ans alors ce sont plutôt des survivants comme l’espèce Homo floresiensis » rajoute-il.
Pour le paléoanthropologue Bruno Maureille » Ces fossiles ressemblent beaucoup plus à des individus du genre Homo que du type Australopithèque pour ce qui est de la morphologie crânienne. Si la date fournit par le professeur Lee Berger, soit 2,5 millions d’années, est bonne, ces fossiles sont parmi les plus anciens vestiges du genre Homo . Pour l’instant, rien ne prouve que les individus retrouvés datent de cette période. »
« Cela peut devenir une découverte très importante, mais c’est l’âge géologique qu’on pourra attribuer à ces spécimens qui le dira », indique le professeur Michel Brunet qui ne comprend pas pourquoi on publie des résultats d’études en oubliant la datation.
Pour Yves Coppens, la genre Homo ne devrait pas être repris… « L’Homo en question n’est, bien sûr, pas un Homo, avec la petite tête qu’il a, mais un australopithèque de plus, de même qu’il y a eu de nombreuses espèces différentes de cochons, d’éléphants, d’antilopes, en fonction des variations du climat et des niches écologiques. »
C.R.
Sources :
– Elife
– BBC
– National geographic
– DailyMail
– Elife Stringer
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