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Homo floresiensis avait des ancêtres… petits aussi !
Homo floresiensis avait des ancêtres… petits aussi !
La découverte de nouveaux restes fossiles d’hominidés très anciens sur l’île de Flores apporte un démenti à ceux qui ne voyaient dans le Hobbit qu’un Homo sapiens dégénéré…
La légitimité comme espèce d’Homo floresiensis
Depuis les premiers restes fossiles découverts en 2003 par Michael Morwood (décédé en 2013) sur l’île indonésienne, Homo floresiensis divisait la communauté scientifique. En cause sa petite taille, sa petite tête et en conséquence son petit cerveau. Du haut de ses 1m06 Homo floresiensis surnommé le « Hobbit » était pour certains une nouvelle espèce issue probablement d’un Homo erectus ou d’un Homo habilis, et pour d’autres un Homo sapiens atteint de pathologies diverses et variées. Il a successivement déclaré être atteint de mongolisme, de dégénérescence, de microcéphalie, de déséquilibres thyroïdiens…
Pour ces découvreurs, Homo floresiensis était identifié comme une espèce d’hominidé dont la taille était le résultat d’un processus de nanisme insulaire. En effet, sur une île, les espèces évoluent avec une diminution de leur taille devant l’espace limité et la faible quantité de ressources. Les individus ayant le moins de besoins énergétiques seront plus aptes à survivre et à se reproduire. Cette théorie était renforcée par la découverte sur Flores d’autres petites espèces animales spécifiques, comme par exemple des « petits » cousins des éléphants, des stégodons nains.
Si dans un premier temps les restes fossiles d’Homo floresiensis étaient datés de – 18 000 ans, de nouvelles études avaient porté ce chiffre à – 50 000 ans.
L’ancienneté de la présence d’hominidés sur Flores repoussée très loin
L’équipe de paléoanthropologues avait découvert en 2014 d’autres restes d’hominidés sur le site de Mata Menge, à plus de 70 km de la grotte de Liang Bua, lieu de découverte des premiers fossiles.
Les restes étaient enfouis dans le lit d’une ancienne rivière qui a été recouvert, et conservés par une ancienne coulée de boue volcanique. L’analyse du grès dans laquelle ont été trouvés les spécimens suggère que ces hominidés vivaient dans des prairies chaudes et sèches de savane, entrecoupées de zones humides. C’est, entre autres, ce mode d’enfouissement qui a permis de dater avec précision les nouveaux restes à – 700 000 ans.
Une mâchoire et des dents plus petits
Les nouveaux fossiles sont constitués d’un fragment de mâchoire inférieure adulte et de six dents, venant de trois personnes, dont deux dents de lait.
Les chercheurs indiquent que ces ossements n’appartiennent pas à Homo floresiensis mais plutôt à son ancêtre, une espèce encore plus petite !
« Tous les fossiles appartiennent incontestablement à des hominidés, et ils semblent être particulièrement semblables à ceux d’Homo floresiensis« , a déclaré le paléoanthropologue Yousuke Kaifu (Japan’s National Museum of Nature and Science, Tokyo), co-auteur de l’une des études dans un communiqué.
Ces fossiles récemment découverts (à Mata Menge) sont nettement plus petits que les premiers découverts à Liang Bua. Par exemple, le fragment de mâchoire inférieure adulte de Mata Menge est de 20% plus petit que la plus petite mâchoire de H. floresiensis de Liang Bua.
De nouveaux éléments sur les origines d’Homo floresiensis
Ces nouveaux fossiles sont datés de 700 000 ans en arrière, à une époque où il n’y avait pas d’hommes modernes (Homo sapiens) sur la planète. Il apparaît donc que, non seulement on a peut-être trouvé des ancêtres d’Homo floresiensis, mais aussi que le hobbit n’est pas une lignée dégénérée d’Homo sapiens !
Kaifu indique «ce qui est vraiment inattendu est que la taille des fossiles montre qu’Homo floresiensis était déjà un petit gabarit il y a au moins 700 000 ans ».
De très nombreuses réactions
« Le Hobbit était réel, Il appartenait à une ancienne espèce humaine qui s’est séparée de la nôtre et qui n’existe plus aujourd’hui » déclare l’archéologue Adam Brumm (Centre de recherche de l’évolution humaine à l’Université Griffith, Australie) auteur principal de l’une des études.
« Ces nouveaux fossiles de Flores ont des similitudes avec les Homo erectus fossiles trouvés à l’ origine sur l’île indonésienne de Java. » indique le responsable des fouilles Gerrit van den Bergh (Université de paléontologie, Australie). Il rajoute que «À ce jour, Flores est la seule île dans le monde où nous avons des preuves fossiles d’une lignée humaine évoluant dans l’isolement et l’adaptation à un environnement insulaire sur une période de près de 1 million d’années. C’est la principale raison pour laquelle Homo floresiensis est tellement différente de toutes les autres lignées humaines en Afrique, en Europe ou en Asie continentale. «
« Homo floresiensis est très certainement le descendant des Homo erectus qui ont atteint l’île de Flores il y a plus d’un million d’années. Il y a 700 000 ans, et très probablement bien avant, les effets du nanisme insulaire se sont fait sentir sur ces populations isolées » indique Jean-Jacques Hublin (Institut Max Planck d’anthropologie évolutionnaire de Leipzig) au journale Le Monde.
Il rajoute « Reste à savoir par quels moyens Homo erectus est arrivé jusqu’à Flores en compagnie d’un petit nombre d’autres espèces de vertébrés ».
C.R.
Sources
Le Monde
LiveScience
SmithsonianMag
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