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Sinanthropus pekinensis
Sinanthropus pekinensis – Homme de Pékin – Homo erectus pekinensis
La découverte
C’est en 1918 dans les grottes karstiques de Zhoukoudian, en Chine (nord est de Pékin), que des fouilles ont permis de mettre à jour toute une faune préhistorique. Cette même stratigraphie comprenait également des éclats de quartz manifestement façonnés par l’homme. Les premiers restes d’hominidés ne furent mis à jour sur le site qu’en 1926 par Davidson Black, Pierre Teilhard de Chardin et Wen-Chung-Pei. Entre 1927 et 1937 les fouilles ont permis d’exhumer les restes d’une quarantaine d’individus. En 1927, Black estimant avoir assez d’éléments, proposa un nouveau taxon : Sinanthropus pekinensis. Dans les années 1950 les restes ont été attribués à Homo erectus pekinensis.
Crâne et squelette
5 calottes crâniennes presque complètes ont été mises au jour et de nombreux restes dentaires. Paradoxalement on a retrouvé très peu de restes du squelette sub-crânien.
Le crâne de l’Homme de Pékin avait une capacité de 900 à 1200 ml. « De forme sphénoïde en vue supérieure, c’est-à-dire étroite au niveau du frontal, et de forme pentagonale en vue postérieure du fait de la position basse de la largeur crânienne et du faible développement des bosses pariétales » (Amélie Vialet, IPH, Archéologia xxx).
La stature du sinanthrope a été évaluée entre 1,50 et 1,65m, en particulier grâce aux fémurs retrouvés.
Mode de vie
L’étude de faune issue de la stratigraphie démontre une grande variété de climats durant les centaines de milliers d’années d’occupation du site de Zhoukoudian. Les sinanthropes se sont donc adaptés a des périodes froides (restes de bisons) et des périodes tempérées (restes de buffles). La population devait s’être sédentarisée et pratiquait aussi bien la chasse et la pêche que la ceuillette. Plusieurs couches cendreuses montrent l’existence de foyers et prouvent que ces hominidés avaient la maîtrise du feu. Pour certains scientifiques, les techniques acquises (chasse, outillage, feu..) et le mode de vie stabilisé laissent penser que l’Homme de Pékin devait utiliser un langage articulé.
Les outils
Plus de 20 000 pièces ont été exhumées montrant la richesse de l’industrie lithique de cette population. Si 90% de la production d’outils est en quartz, le sinantrope a également utilisé d’autres matières premières comme le silex, le grès mais aussi des ramures de cervidés, des ossements d’animaux..
Datation
En 2009 les couches, dont avaient été extraits les restes de Sinanthropus pekinensis, ont été soumises à une nouvelle méthode de datation. Le nouvel âge estimé de l’homme de Pékin est de – 780 000 ans, soit un recul de 200 000 ans. Voir l’article Datation de l’Homme de Pékin.
Cannibalisme ?
Devant l’abondance de restes crâniens et la rareté des autres os du squelette, les scientifiques (comme Franz Weidenreich) ont imaginé que les sinanthropes pratiquaient le cannibalisme en ne laissant que les crânes intacts. Cette théorie n’est pas suffisamment étayée et elle ne prend pas en compte la présence dans la région de grands carnassiers comme le Tigre à dents de sabre, plusieurs espèces d’ours… Ces carnivores devaient faire peu de cas de cette petite espèce d’homme, dévorant et démembrant les cadavres, ce qui expliquerait la presque absence de restes du squelette.
La Faune de Zhoukoudian
Les couches stratigraphiques, sur plusieurs centaines de milliers d’années ont délivré un nombre impressionant de restes d’animaux. C’est un véritable bestiaire du paléolithique : herbivores (éléphants, rhinocéros laineux, équidés, sangliers, chameaux, bisons, mouflons, buffles, antilopes, cerfs mégacéros…), carnivores (pandas géants, ours bruns, ours du Tiber, ours des cavernes, Canis varialis, chiens viverrins, renards, hyènes robustes, tigres à dent de sabre, Felis microtis, blaireaux, gloutons, loutres….).
Sources : Archéologia n° 292
Lire aussi L’exposition Premiers Hommes de Chine sur le site de l’IPH.
Hominides.com remercie Amélie Vialet pour sa participation.
La double disparition de l’homme de Pékin
Des fossiles perdus…
Longtemps après que l’espèce Sinanthropus pekinensis ait disparu de la surface terrestre, ce sont les restes fossilisés qui se sont « mystérieusement » évanouis. En 1931 l’armée japonaise entre en conflit avec la Chine et envahit la Mandchourie, le but étant simplement d’annexer des territoires potentiellement intéressants du point de vue des ressources minières et agricoles. L’invasion se poursuit et les japonais mettent en place dans la région un gouvernement « à leur main ». En 1941 la SDN (Société des Nations) et les Etats-Unis rentrent en conflit ouvert avec le Japon. Les scientifiques prennent peur et pensent que les fossiles de l’Homme de Pékin pourraient faire les frais de cette guerre. Ils décident donc de les mettre à l’abri. Choisissant entre plusieurs possibilités ils décident d’expédier les fossiles aux Etats-Unis pour les mettre à l’abri. Le 5 novembre 1941 les caisses préparées sont expédiées par train pour être embarquées sur un navire américain. C’est la dernière chose dont les chercheurs sont certains ! Il est ensuite impossible de retracer le parcours des précieux fossiles. Le 7 décembre 1941 c’est l’attaque japonaise de Pearl Arbour… Les fossiles originaux restes depuis introuvables.
Il ne reste plus dans le monde que quelques moulages heureusement préservés…
Age | Taille | Poids | Volume endocranien | ||
De – 0,8 à – 0,3 millions d’années | F 150 cm M 165 cm | F 45 kg M 55 kg | 900 à 1200 cm3 | ||
Localisation | Habitat | Feux | Outils | ||
Asie Centrale et Orientale | Savane, forêt | Maîtrisé | Fabriqués |
Les espèces d'hominidés
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