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Homme Chapelle-aux-Saints
Homo neanderthalensis – Homme de Néandertal
La découverte
C’est en 1908, le 3 août, que le fossile d’un homme de Néandertal fut exhumé dans la grotte de La Bouffia Bonneval située dans la vallée de la Sourdoire (Corrèze). Les découvreurs sont les abbés Amédée et Jean Bouyssonie, accompagnés de leur frère Paul. La découverte fit grand bruit car le fossile de néandertalien était le plus complet retrouvé à cette époque.
« Le 3 août 1908, nous étions arrivés à 3 m environ dans l’intérieur, où le sol naturel présentait comme une fosse ; nous ne nous doutions pas que c’était une sépulture et ne prenions pas de précautions spéciales, lorsque l’un de nous sort un humérus que nous reconnaissons comme humain. Tout à côté apparaît le crâne nettement néanderthaloïde. » Amédée et Jean Bouyssonie, Louis Bardon, Découverte d’un squelette humain moustérien à la Bouffia de La Chapelle-aux-Saints (Corrèze), L’Anthropologie, 1908.
Les caractéristiques anatomiques
Si de manière globale la morphologie de Néandertal est semblable à celle d’Homo sapiens, il existe de nombreuses L’étude du fossile par Marcelin Boule
Les ossements sont envoyés au Muséum de Paris sous la responsabilité de Marcelin Boule, LE paléoanthropologue français de l’époque. Le scientifique fait une étude et une reconstitution publiées entre 1911 et 1913 qui seront la référence pendant plus de 50 ans.
Influencé par son époque qui cherchait à bien différencier l’homme des autres primates, Boule reconstruit un homme de Néandertal plus proche du dégénéré que de l’homme : genoux arc-boutés, tête projetée à l’avant du corps, posture animale… L’aspect de l’homme ainsi reconstitué est primitif, voire bestial.
Même si l’étude a été faite de manière méthodologique et scientifique, le crâne et le reste du squelette ont été reconstruits sans même nettoyer complètement les ossements, des restes de la gangue d’origine ayant même été retrouvés lors de la reconstruction de 1984…
Les premières études de l’homme de néandertal ont tellement marqué les esprits que plusieurs dizaines d’années plus tard on peut encore trouver des écrits évoquant sa bestialité, ou même affirmant qu’il était arboricole….
« … Le Moustérien avait une tête volumineuse, aux os très résistants. Son crâne dolichocéphale, aplati au sommet, très élargi et très allongé en arrière, avait une capacité minimum de 1.200 cm3 chez les femmes et de 1.600 cm3 chez les hommes. Son front, bas et fuyant, souligné par des arcades sourcilières fortement saillantes, son occiput formant chignon; ses orbites énormes et très écartées; son nez volumineux; sa face, large et camuse; le prognathisme (c’est-à-dire l’avancement) et l’épaisseur de ses mâchoires; son menton en retrait; son tronc massif; ses jambes courtes, robustes et arquées; ses mains et ses pieds, grands et épais; ses genoux fléchis; tout contribuait à lui donner un air bestial et simiesque. Il était de petite taille et atteignait rarement 1m55. Ajoutons à cela que le pouce de ses pieds, très écarté des autres orteils, était préhensile et qu’ainsi il semble prouvé que le Néandertal était un grimpeur… »
Initiation à la Préhistoire – ce qu’il n’est pas permis d’ognorer sur l’âge de pierre – Séverine Blanc – 15/05/60
Un fossile exceptionnellement bien conservé
Daté de – 45 000 ans l’homme de La Chapelle-aux-Saints a bénéficié de conditions spécifiques pour parvenir jusqu’à nous aussi bien conservé.
– une inhumation volontaire. Le néandertalien a été enterré juste après sa mort, il a donc évité d’être la proie des charognards.
– un abri de pierre. La grotte formant un « toit » a préservé la tombe des intempéries.
– un ensevelissement peu profond. Le corps retrouvé à seulement 30-40 centimètres du sol n’a pas eu à subir d’écrasement et de déplacement dûs au poids de la terre.
Ce que l’on sait maintenant de l’homme de La Chapelle-aux-Saints
Les restes du néandertalien ont été ré-étudiés une première fois en 1957 par les anatomistes Straus et Cave. Depuis, de nombreux scientifiques se sont penchés sur le fossile. Une grande partie des conclusions de M. Boule ont été remises en cause.
La posture courbe de l’homme indique en fait qu’il souffrait de différents maux : une arthrite au niveau des vertèbres cervicales, une hanche gauche présentant une déformation et d’un genou abîmé.
Ces différentes pathologies sont également caractéristiques d’un homme âgé ayant « vécu ». Pour Jean-Louis Heim le fossile pourrait être âgé entre 50 et 60 ans ce qui en fait véritablement un vieillard néandertalien.
Un néandertalien qui s’occupe de ses anciens…
Par ailleurs l’Homme de La Chapelle-aux-Saints était totalement édenté et ses alvéoles s’étaient comblées. Ce détail montre que l’homme, qui devait se déplacer difficilement, ne pouvait pas non plus manger normalement. Certains chercheurs estiment que son entourage (son clan ?) devait s’occuper de lui en permanence et peut-être même lui prémacher son alimentation.
On est loin d’un homme de Néandertal bestial et primitif !
Sources :
Musée de l’Homme – Chapelle-aux-saints
Le néandertalien de La Chapelle-aux-saints – Arnaud Hurel – Pour la Science n° 353
Age | Taille | Poids | Volume endocranien | ||
De – 120 000 à – 30 000 ans | F 155 cm H 165 cm | F 70 H 90 | 1500 cm3 | ||
Localisation | Habitat | Feu | Outils | ||
La Chapelle-aux-Saints | Maitrisé et domestiqué | Fabriqués |
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