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Extinction de la mégafaune… une récente étude met en cause Homo sapiens…
Extinction de la mégafaune… une récente étude met en cause Homo sapiens…
Les conclusions de cette étude sont publiées dans un article de synthèse dans la revue scientifique Cambridge Prisms : Extinction
Sur l’extinction des grands mammifères les études se suivent et ne se ressemblent pas… et donc les conclusions ne sont jamais les mêmes ! Cette fois-ci c’est la chasse humaine qui aurait joué un rôle décisif dans l’extinction des grands mammifères au cours des 50 000 dernières années.
C’est exactement le contraire des conclusions d’une autre étude publiée en 2021 concernant la disparition de la mégafaune aux Amériques.
La nouvelle étude se veut pluridisciplinaire et basée sur plus de 300 articles scientifiques ne portant pas uniquement sur la disparition de la mégafaune.
Un groupe de recherche du Centre pour la dynamique écologique dans une nouvelle biosphère (ECONOVO) de la Fondation nationale danoise de recherche à l’Université d’Aarhus conclut désormais que bon nombre de ces espèces disparues ont été chassées jusqu’à leur extinction par les humains.
La mégafaune, ce n’est pas forcément ce que vous pensez !
Le débat fait rage depuis plusieurs décennies : sont-ce les humains ou le changement climatique ou plusieurs raisons qui expliquent l’extinction de nombreuses espèces de grands mammifères, d’oiseaux et de reptiles qui ont disparu de la Terre au cours des 50 000 dernières années ?
A noter, contrairement à l’image généralement diffusé, la mégafaune ce n’est pas seulement les mammouths, les rhinocéros laineux et les paresseux géants… ce sont également de petits animaux dont la caractéristique principale est de peser plus de 44 kilos. Concernant les mammifères au moins 161 espèces ont disparu au cours des 50 000 dernières années. Ce chiffre est basé sur les restes retrouvés jusqu’à présent.
Parmi les animaux les plus touchés : les méga-herbivores. Ces herbivores terrestres pesaient plus d’une tonne. Il y a cinquante mille ans, on comptait 57 espèces de méga-herbivores. Aujourd’hui, il n’en reste que 11 comme les éléphants, les rhinocéros, les buffles, les bisons.. Ces 11 espèces restantes ont également connu un déclin drastique de leurs populations, mais pas au point de les faire disparaître complètement.
Une étude basée sur plus de 300 articles scientifiques dans de nombreux domaines de recherche différents
Les conclusions de cette étude sont publiées dans un article de synthèse dans la revue scientifique Cambridge Prisms: Extinction.
Les chercheurs de l’Université d’Aarhus ont intégré plusieurs domaines de recherche, notamment des études directement liées à l’extinction des grands animaux, telles que :
– Le moment de l’extinction des espèces
– Les préférences alimentaires des animaux
– Exigences en matière de climat et d’habitat
– Estimations génétiques des tailles de population passées
– Preuve de chasse humaine
En outre, ils ont inclus un large éventail d’études provenant d’autres domaines nécessaires à la compréhension du phénomène, telles que :
– Histoire du climat au cours des 1 à 3 derniers millions d’années
– Histoire de la végétation au cours des 1 à 3 derniers millions d’années
– Evolution et dynamique de la faune au cours des 66 derniers millions d’années
– Données archéologiques sur l’expansion et le mode de vie humains, y compris les préférences alimentaires
Le changement climatique a joué un rôle moindre
Les changements climatiques spectaculaires survenus au cours des dernières périodes interglaciaires et glaciaires (connues sous le nom de Pléistocène tardif, de 130 000 à 11 000 ans avant notre ère) ont certainement eu des répercussions sur les populations et la répartition des animaux et des plantes, grands et petits, dans le monde entier. Toutefois, des extinctions importantes n’ont été observées que chez les grands animaux, en particulier les plus imposants.
Il est important de noter que les périodes glaciaires et interglaciaires précédentes, tout aussi dramatiques, au cours des derniers millions d’années n’ont pas entraîné de perte spécifique dans la mégafaune. En particulier au début des périodes glaciaires, les nouvelles conditions froides et sèches ont provoqué des extinctions à grande échelle dans certaines régions, et ont pu toucher les arbres en Europe, par exemple. En revanche, il n’y a pas eu d’extinctions sélectives de grands animaux.
Le biologiste Jens-Christian Svenning (ECONOVO) précise que « la disparition massive et très sélective de la mégafaune au cours des 50 000 dernières années est unique au cours des 66 derniers millions d’années. Les périodes précédentes de changement climatique n’ont pas conduit à des extinctions massives et sélectives, ce qui plaide contre un rôle majeur du climat dans les extinctions de la mégafaune », explique. Auteur principal de l’article, il ajoute : « Un autre schéma significatif qui plaide contre un rôle du climat est que les récentes extinctions de la mégafaune ont frappé aussi durement les zones climatiquement stables que les zones instables. »
Des chasseurs expérimentés face à des géants vulnérables
Reprenant les précédentes communications, les auteurs affirment que archéologues ont découvert des pièges conçus pour de très grands animaux. Par ailleurs les analyses isotopiques d’ossements humains anciens et de résidus de protéines provenant de pointes de lance montrent que les chasseurs-cueilleurs chassaient et mangeaient les plus grands mammifères.
Jens-Christian Svenning, auteur de l’étude, ajoute : « Les premiers hommes modernes étaient des chasseurs efficaces, même contre les plus grandes espèces animales, et avaient clairement la capacité de réduire les populations de grands animaux. Ces grands animaux étaient et sont particulièrement vulnérables à la surexploitation, car ils ont de longues périodes de gestation, produisent très peu de progéniture à la fois et mettent de nombreuses années à atteindre la maturité sexuelle. »
Pour les auteurs, la chasse humaine de grands animaux tels que les mammouths, les mastodontes et les paresseux géants était répandue et cette pression était constante dans le monde entier.
L’étude montre également que les espèces ont disparu à des moments et à des rythmes très différents selon les régions du monde. Dans certaines régions, l’extinction s’est produite assez rapidement, tandis que dans d’autres, elle a pris plus de 10 000 ans. Mais partout, elle s’est produite après l’arrivée des hommes modernes ou, dans le cas de l’Afrique, après les avancées culturels des populations.
…dans tous types d’environnements
Des espèces ont disparu sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique, et dans tous les types d’écosystèmes, des forêts tropicales et des savanes aux forêts et steppes méditerranéennes et tempérées, en passant par les écosystèmes arctiques.
« De nombreuses espèces disparues pouvaient prospérer dans différents types d’environnements. Leur extinction ne peut donc pas s’expliquer par des changements climatiques qui auraient entraîné la disparition d’un type d’écosystème spécifique, comme la steppe à mammouths, qui n’abritait également que quelques espèces de mégafaune », explique Jens-Christian Svenning. « La plupart des espèces vivaient dans des conditions tempérées à tropicales et auraient dû bénéficier du réchauffement de la fin de la dernière période glaciaire. »
Conséquences et recommandations
Les chercheurs soulignent que la disparition de la mégafaune a eu de profondes conséquences écologiques. Les grands animaux jouent un rôle central dans les écosystèmes en influençant la structure de la végétation (par exemple, l’équilibre entre les forêts denses et les zones ouvertes), la dispersion des graines et le cycle des nutriments. Leur disparition a entraîné des changements importants dans les structures et les fonctions des écosystèmes.
« Nos résultats soulignent la nécessité de mener des efforts actifs de conservation et de restauration. En réintroduisant les grands mammifères, nous pouvons contribuer à rétablir les équilibres écologiques et à soutenir la biodiversité, qui a évolué dans des écosystèmes riches en mégafaune », explique Jens-Christian Svenning.
Sources :
The late-Quaternary megafauna extinctions: Patterns, causes, ecological consequences and implications for ecosystem management in the Anthropocene
Jens-Christian Svenning, Rhys T. Lemoine, Juraj Bergman, Robert Buitenwerf, Elizabeth Le Roux, Erick Lundgren, Ninad Mungi and Rasmus Ø. Pedersen
https://www.cambridge.org/core/journals/cambridge-prisms-extinction/article/latequaternary-megafauna-extinctions-patterns-causes-ecological-consequences-and-implications-for-ecosystem-management-in-the-anthropocene/E885D8C5C90424254C1C75A61DE9D087
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