Accueil / Accueil – articles / Extinction de la mégafaune aux Amériques : plutôt le climat ?
Extinction de la mégafaune aux Amériques : plutôt le climat ?
Extinction de la mégafaune aux Amériques : plutôt le climat ?
Une nouvelle étude publiée dans Nature Communications suggère que l’extinction des plus grands mammifères d’Amérique du Nord devrait être attribuée au changement climatique.
Les hypothèses en lice
Il y a environ 13 000 ans, l’Amérique du Nord abritait de nombreux animaux de grandes tailles : des mammouths, des gigantesques paresseux vivant au sol, des castors hors normes et d’énormes créatures ressemblant à des tatous connues sous le nom de glyptodons. Mais il y a environ 10 000 ans, la plupart des animaux du continent américain et pesant plus de 44 kg (la fameuse megafaune), avaient disparu. Le pourquoi de cette extinction de masse a toujours fait l’objet d’intenses débats depuis des décennies, la plupart des chercheurs affirmant qu’il fallait attribuer cette disparition à une chasse humaine excessive, le changement climatique ou une combinaison des deux. Grâce à une nouvelle approche statistique, les chercheurs du Max Planck Institute for Chemical Ecology, ont trouvé des preuves solides que le changement climatique était le principal facteur d’extinction.
Hypothèse changement de climat
Au moment des extinctions (il y a entre 15 000 et 12 000 ans), deux changements climatiques majeurs se sont produits. La première était une période de réchauffement brutal qui a commencé il y a environ 14 700 ans, et la seconde était une vague de froid il y a environ 12 900 ans au cours de laquelle l’hémisphère Nord a été soumis à des conditions quasi glaciaires. On peut supposer que l’une ou les deux de ces importantes variations de température, ainsi que leurs conséquences écologiques, ont été impliquées dans les extinctions de la megafaune.
Hypothèse les chasses intensives menées par l’homme
Les populations humaines augmentant et se propageant à travers les continents, l’arrivée, il y a environ 14 000 ans dans les Amériques, de chasseurs spécialisés en « gros gibier a rapidement conduit à l’extinction de nombreux mammifères géants. Ces grands animaux n’étaient pas habitués ces nouveaux prédateurs humains brandissant des outils, ce qui les rendait particulièrement faciles à chasser.
Cette explication a le mérite de la simplicité et permet de faire reposer toute la culpabilité sur l’espèce humaine. C’est la même autoflagellation qui explique la disparition de Néandertal par l’arrivée d’Homo sapiens.
Les données archéologiques datées pour trouver les raisons de cette extinction.
Des chercheurs du groupe de recherche Max Planck Institute for Chemical Ecology à Jena, en Allemagne, ont voulu découvrir ce qui avait conduit à ces extinctions sans préjugés en se basant sur des statistiques et non des préjugés.
Ils ont utilisé une nouvelle approche statistique développée par W. Christopher Carleton, co-auteur principal de l’étude, et publiée l’année précédente dans le Journal of Quaternary Science . L’estimation de la taille des populations de groupes de chasseurs-cueilleurs préhistoriques et celle des animaux disparus au paléolithiques ne peut se faire directement en comptabilisant des restes osseux. Les archéologues et les paléontologues ont utilisé les enregistrements du radiocarbone comme indicateur de la taille passée des populations. La raison étant que plus il y a d’animaux et d’humains dans un paysage, plus il reste de données radiocarbone datées, ce qui se reflète ensuite dans les archives archéologiques et fossiles. Contrairement aux anciennes approches, la nouvelle méthode statistique tient mieux compte de l’incertitude quant aux dates des fossiles.
Les chercheurs ont ensuite superposé les données de la megafaune et celle des êtres humains sur des cartes. Si l’homme était responsable de la disparition de la megafaune les restes humains devaient être superposables sur les restes d’animaux. Et ce n’est pas du tout q-ce qu’indiquait les statistiques…
Les populations de megafaune semblent avoir augmenté à mesure que l’Amérique du Nord commençait à se réchauffer il y a environ 14 700 ans« , déclare Stewart. « Mais nous constatons ensuite un changement dans cette tendance il y a environ 12 900 ans, alors que l’Amérique du Nord commençait à se refroidir considérablement, et peu de temps après, nous commençons à voir des extinctions de megafaune se produire.«
Toutefois les chercheurs suggèrent que même si ces découvertes suggèrent que le retour à des conditions quasi glaciaires il y a environ 12 900 ans a été la cause exclusive des extinctions, l’histoire est probablement plus compliquée que cela.
« Nous devons considérer les changements écologiques associés à ces changements climatiques à la fois à l’échelle continentale et régionale si nous voulons bien comprendre ce qui a conduit à ces extinctions« , explique Huw S. Groucutt, auteur principal de l’étude. « Les humains ne sont pas non plus complètement à l’abri, car il reste possible qu’ils aient joué un rôle plus nuancé dans les extinctions de la mégafaune que ne le suggèrent de simples modèles excessifs.«
Les chercheurs invitent leurs collègues chercheurs à retravailler le modèle sur d’autres données pour vérifier sa pertinence.
C.R.
Sources :
Nature
Climate change, not human population growth, correlates with Late Quaternary megafauna declines in North America
Max Planck Institute of geoanthropology
Climate Change Likely Drove the Extinction of North America’s Largest Animals
A lire également
2010 : Inuk, un homme de – 4000 ans dont on a pu reconstituer l’ADN grâce à une simple touffe de cheveux !
2011 : Les restes calcinés d’un enfant de trois ans ont été retrouvé en Alaska et datés de 11 500 ans.
2012 La faune préhistorique australienne victime de la chasse ?
2015 L’homme responsable de l’extinction de la megafaune en Australie
2015 : Une étude génétique semble démontrer que le continent américain a été colonisé avec une seule vague de migration il y a 23 000 ans.
2021 : Extinction de la megafaune aux Amériques, plutôt le climat
2021 : Datation d’empreintes de pas il y 21 000 ans au Nouveau Mexique
2023 : Les flux migratoires à travers le détroit de Béring ne se sont pas faits que dans un sens.
2023 : Les données climatologiques montrent de nouvelles voies pour les migrations humaines
2024 : Extinction de la mégafaune… une récente étude met en cause Homo sapiens…