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L’environnement des hominidés il y a 1,8 millions d’années n’était pas un long fleuve tranquille !
L’environnement des hominidés il y a 1,8 millions d’années : un accès à l’eau et à la nourriture, mais un grande concurrence avec d’autres espèces !
La première tentative de reconstitution complexe de l’habitat de nos lointains ancêtres à Olduvaï, en Tanzanie, il y a moins de 2 millions d’années.
L’étude
Les scientifiques continuent les recherches sur le site d’Olduvaï sur lequel les paléoanthropologues Mary et Louis Leakey ont commencé les fouilles, en 1931. Le gisement a permis d’extraire des milliers d’ossements et des outils de pierre. En 1959, un crâne de l’espèce Paranthropus boisei a été mis au jour, et en 1960 c’est la première mandibule d’Homo habilis qui est exhumée par Jonathan Leakey.
L’étude dirigée par le professeur Gail M. Ashley (Rutgers University) voulait, à partir des découvertes sur le site, reconstituer l’environnement et une partie du mode de vie des différentes espèces d’hominidés qui évoluaient il y a 1,8 millions d’années dans les Gorges d’Odulvaï.
L’étude à été publiée dans les PNAS.
Olduvaï, riche et très bien conservé sous une couche de cendres volcaniques Les chercheurs soulignent que le site d’Olduvaï et son histoire (sa préhistoire…) sont particulièrement bien conservés, car une couche de cendres volcaniques a opportunément recouvert une grande partie du site. Cela a créé une sorte de conservatoire des ossements et de certaines matières organiques. |
La vie des premiers humains
Le gisement d’Olduvaï occupe une grande surface, avec un accroissement tentaculaire. Au fur et à mesure des fouilles, des études et des nouvelles techniques qui se développent, les anthropologues compilent et accèdent à de nouvelles données (géologiques, istotopiques, biologiques…). On peut maintenant déterminer que les ancêtres de l’homme d’Odulvaï avaient accès à la nourriture, à l’eau courante, utilisaient également beaucoup d’outils en pierre avec des bords tranchants et pouvaient même se protéger sous un abri ombragé… Bref tout le « confort » paléolithique.
Par exemple, l’analyse isotopique des ossements mais aussi des sols paléolithiques ont permis de retrouver une partie du paysage, avec notamment une source d’eau douce, des zones humides, des prairies et des parties forestières.
Pour Ashley, « la reconstruction du paysage aidera les paléoanthropologues à développer des hypothèses et des modèles sur ce à quoi ressemblaient ces premiers humains, comment ils vivaient et se comportaient, comment ils ont obtenaient leur nourriture (en particulier les protéines), ce qu’ils mangeaient et buvaient ».
Les chercheurs ont véritablement pu établir une cartographie des lieux, en répertoriant les plantes dans chaque zone, les outils de pierre retrouvés à des endroits spécifiques, mais également la localisation des ossements humains des 2 espèces. C’est particulièrement l’analyse des sols qui a permis d’arriver à ces conclusions.
Les parties forestières comprenaient des palmiers ainsi que des acacias. Si les scientifiques n’ont pas trouvé de traces d’un « campement » sous les arbres, la profusion des carcasses d’animaux laisse penser que c’est à cet endroit que les hominidés avaient une activité de décharnement et de consommation de la viande. Pour Ashley, cela indique probablement que les pré-humains se mettaient à l’abri sous les bois pour s’alimenter en sécurité.
Du côté de la faune, les fouilles ont permis de découvrir des milliers d’ossements provenant d’animaux tels que desgirafes, des éléphants et des gnous. Les hominidés peuvent les avoir tués eux-mêmes pour leur viande, ou simplement charogné les restes laissés par de grands carnivores concurrents comme les lions, les léopards et les hyènes.
« Le sujet de la consommation de viande est une question importante impactant la recherche actuelle sur les hominidés, » rajoute Ashley. «On sait que l’augmentation de la taille du cerveau, à l’évolution des humains, est probablement liée à plus de protéines.«
Il est probable, selon les chercheurs, que les hominidés diversifiaient leur alimentation en incluant des fougères des zones humides pour les protéines ainsi que des crustacés, des escargots et des limaces.
Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que les hominidés et les carnivores chassaient les mêmes animaux sur le même territoire. Cette concurrence des autres animaux représentait pour les Homo habilis et les paranthropes une réelle menace au quotidien pour la sécurité du clan (et/ou de la famille).
Même si l’environnement d’Olduvaï répondait à un grand nombre de besoins des hominidés, la concurrence au niveau de la chasse et du territoire devaient les garder perpétuellement en éveil…
« Les scientifiques pensent que les hominidés ont probablement fréquenté régulièrement le site pendant une longue période, peut-être des dizaines ou des centaines d’années » déclare Ashley. « Nous ne pensons pas qu’ils vivaient là » rajoute-elle. « Ils voulaient certainement profiter de la source d’eau douce qui se trouvait à proximité. »
C.R.
Source :
Images : Credit: M.Lopez-Herrera via The Olduvai Paleoanthropology and Paleoecology Project and Enrique Baquedano.
ScienceDaily
PNAS
Geology Rudger
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