Les outils et techniques du Néolithique
Les outils et techniques utilisés par les populations néolithiques
Le Néolithique, c’est d’abord la première manipulation de la matière vivante, végétale ou animale par l’homme, et la construction d’un milieu désormais contrôlé.
(Dictionnaire de la Préhistoire – Sous la direction de André Leroi-Gourhan, PUF)
Jean Guilaine (La seconde naissance de l’Homme)
Les outils du Néolithique
Pour la plupart des personnes, le Néolithique c’est l’Âge de la pierre polie. Cette définition est donnée par le préhistorien John Lubbock en 1865 par opposition au Paléolithique « Âge de la pierre taillée ». Les historiens voient dans cette période le moment où l’homme chasseur-cueilleur nomade est devenu agriculteur et sédentaire. Auparavant, l’homme prélevait dans son environnement selon ses besoins (cueillette, chasse, pêche…). Au Néolithique, l’homme ne fait pas que prélever dans la nature, il la transforme, et pour ce faire il a besoins d’outils de plus en plus spécialisés.
De nouveaux besoins sont à l’origine du développement d’outils différents… Si l’on pense tout de suite à la céramique, c’est plutôt l’agriculture qui va être un véritable moteur pour l’inventivité et les techniques qui y sont associées. La sédentarité et le tissage vont également être à l’origine de nouveaux outils de plus en plus compliqués. Mais, parallèlement, il va devenir de plus en plus fréquent de faire plusieurs centaines de kilomètres pour s’approvisionner d’une matière en particulier. C’est ainsi que le silex en tant que matière première va être colporté, échangé d’une région à l’autre.
Le Néolithique ne va pas se développer uniformément, partout au même rythme… Pour Sophie A. de Beaune « …tous les traits qui composent le Néolithique ne sont pas nécessairement solidaires et peuvent être décalés, selon les sociétés. Ainsi, la domestication des animaux ne s’accompagne pas toujours de la sédentarisation ni de la pratique de l’agriculture… De même, des groupes néolithiques ne connaissaient pas l’usage de la poterie…, des populations mésolithiques… fabriquaient des pots en céramique…« .(1)
L’archéologue Jean-Paul Demoule indique : « Il y a 7000 ans, en France, les premières maisons étaient rectangulaires, en bois ou en terre, de 5 à 8 mètres de largeur en moyenne et de 15 à 45 mètres de longueur, avec un toit à double pente… ». Pour installer les hameaux, les néolithiques devaient donc déboiser et façonner des clairières au milieu de la forêt. (3)
De nouveaux outils
Pour l’archéologue Jean-Paul Demoule, « il semble que les inventions se soient accélérées à partir du réchauffement climatique qui déboucha il y a douze mille ans sur notre période interglaciaire… Climats, faunes et flores changèrent, obligeant les humains à de nouvelles adaptations« . (3)
Les haches polies
Les haches permettent de défricher la forêt et créer des surfaces cultivables, des clairières. Elles vont permettre également d’abattre des arbres et de tailler le bois afin de bâtir des maisons.
Pour polir une pierre taillée les néolithiques la frottaient sur un bloc rocheux pour en éliminer les aspérités. Ce va-et-vient devait être réalisé sur un polissoir pendant un long moment, voire plusieurs jours.
Pour Jean-Luc Piel-Desruisseaux, « le polissage, essentiellement des haches, est une originalité de cette période. L’intérêt du polissage est de rendre les tranchants « plus résistants et efficaces » et d’utiliser d’autres variétés de roches dans les contrées dépourvues de silex. » (2)
Certaines haches, réalisées dans les matières fragiles ou remarquables, n’étaient pas forcément utilitaires : elles pouvaient être utilisées pour un échange ou pour signifier un statut social particulier…
Afin de soulager le manche en bois, une « gaine » en bois de cerf peut être insérée entre la lame et le manche. Cela permet d’amortir les chocs et de conserver intacts le manche, très sollicité, et la lame.
Les outils taillés
L’âge de la pierre polie ne signifie pas que tous les outils ont subi un traitement de polissage ! La majorité des d’outils du Néolithique sont avant tout taillés. On devrait presque parler uniquement d’un âge de la hache et de l’herminette polie car ces outils sont presque les seuls exclusivement polis !
On trouve donc majoritairement des outils néolithiques taillés : les lames et éclats sont rapidement transformés en grattoirs, burins, racloirs et couteaux… Ces outils sont souvent munis d’un manche, le plus souvent en bois végétal, bois de cerf ou en os.
Les pics
Ayant été trouvés le plus souvent à proximité de puits (ou « mines ») d’extraction de silex ou de craie, les pics devaient être utilisés pour entamer la terre ou dégager des blocs de craie.
Ces outils de silex, de forme allongée, sont taillés en pointe sur l’une ou sur les deux extrémités.
Les lames
Les lames étaient débitées sur un silex de grande taille, avec une grande préparation et une grande précision qui montrent la grande expertise des tailleurs de l’époque. Si certaines lames pouvaient mesurer jusqu’à 40 cm, la plupart étaient d’une vingtaine de centimètres. Une fois retouchées, les lames sont appelées couteaux. Leur utilisation n’est pas véritablement définie : souvent fragiles, les préhistoriens pensent que les lames pouvaient être des marques de prestiges. Les lames du Grand-Pressigny sont souvent citées en exemple car on les retrouve très loin de leur lieu de production…
Au Néolithique final, la production de grandes lames sera une activité de « spécialistes (Péllegrin, 007) comme dans les ateliers de région du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) où elles sont détachées par percussion indirecte de nucleus volumineux, appelés « livre de beurre ». Encyclopédie pratique des outils préhistoriques – Un livre de Jean-Luc Piel-Desruisseaux (2).
L’agriculture
Avec l’apparition de l’agriculture, les populations néolithiques ont tendance à se fixer. Elles défrichent, construisent des habitations plus durables. Pour préparer la terre, semer, récolter, écraser les graines, se développent des outils totalement dédiés à ces nouvelles activités : fauches, herminettes, meules…
La céramique
Premiers objets intégralement fabriqués par l’homme, les premières poteries sont au départ justes mises au soleil pour sécher. Pour gagner en solidité, le néolithique va employer de nouvelles méthodes. L’artisan trouve la terre, la façonne (souvent en montant des colombins) selon ses besoins et la cuit directement sur un foyer au sol. Avec ce processus, la montée en température n’est pas aussi élevée qu’avec un four et les céramiques obtenues sont donc plus fragiles.
Au début, les récipients sont fabriqués en petite quantité au fur et à mesure des besoins. Ce sont des vases pour stocker des graines, de la nourriture ou des liquides, des marmites pour cuire ou chauffer des aliments… Le four ne viendra que plus tard et permettra de fabriquer des récipients plus résistants.
La poterie s’est peu à peu répandue dans plusieurs points du monde : en Sibérie orientale 16000 ans BP, Japon 13000 ans BP. Il faudra attendre 9000 ans BP pour que l’on trouve plus près de nous au Proche-Orient les premières poteries. La technique va alors se diffuser vers l’ouest de l’Eurasie.
Les techniques de la vie quotidienne au Néolithique
Tissus, vannerie et parures
De par leur nature, certains outils ou artefacts n’ont pas pu se conserver plusieurs milliers d’années : le bois et le tissu sont particulièrement putrescibles… Selon les circonstances on peut retrouver quelques vestiges mais ils sont rarement complets. C’est souvent leur immersion dans l’eau qui permet de retrouver des éléments bien conservés comme une embarcation, un panier, un filet… Parfois ce n’est pas l’artefact qu’on retrouve, mais son empreinte, comme un morceau de tissu ou un fond de panier !
Tissage et tissu
Au début du Néolithique on utilise des fibres végétales comme le lin pour fabriquer des petites pièces qui ne supplantent pas encore les vêtements en cuir. Le tissage est une activité qui prend beaucoup de temps.
Vannerie
La vannerie et le tressage des végétaux, l’osier ou les cordes ne laissent que peu de traces : la matière première disparaît rapidement sous l’action du temps. Les empreintes de cordes ou d’éléments tressés datant de plus de 15 000 ans ont cependant été retrouvées en Moravie.
Les parures
Au Néolithique on retrouve des parures qui, selon les régions, sont fabriquée en pierre, coquillages ou autres matériaux ayant pour caractéristique première la rareté (couleur, éloignement…). Toutefois, les femmes et hommes qui portaient ces « bijoux » pouvaient également choisir des matériaux plus banals, utilisés brut ou finement ciselés. Il apparaît que ces parures étaient probablement des signes d’appartenance à une communauté ou à un statut.
Ces anneaux-disques qui nécessitent un long travail de perforation et de polissage sont des marqueurs d’un statut social particulier. Une lame de silex accompagnait l’ensemble. Ils ont été découverts dans la propriété du professeur
Heimburger, à l’entrée de Schiltigheim (rue de Wasselone ?), en 1867.
Musée de Strasbourg – Photo Kroko pour Hominides.com
CR.
(1) L’homme et l’outil ,.Sophie A. de Beaune
(2) Encyclopédie pratique des outils préhistoriques, Jean-Luc Piel-Desruisseaux.
(3) Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire, Jean-Paul Demoule.