Il y a 50 000 ans plusieurs espèces humaines cohabitaient sur la planète
Il y a seulement 50 000 ans plusieurs espèces humaines cohabitaient sur la planète…
Certains de ces homininés ne se sont probablement jamais rencontrés et une seule espèce s’est maintenue…
Il y a 50 000 ans, il y avait, au moins, 5 espèces humaines sur la planète. Trois d’entre elle se trouvaient sur ce qui allait devenir l’Europe et l’Asie… et 2 étaient relativement isolées sur des îles en Asie du Sud-Est. On ne saura probablement jamais pourquoi Homo sapiens est la seule espèce humaine survivante…
Sur les cinq espèces humaines (du genre Homo) qui se trouvaient sur terre il y a 50 000, seule une seule est aujourd’hui présente. Dans le passé, l’évolution de l’humanité a toujours été multiple et plurielle, si bien que l’on la compare le plus souvent à un buisson. Australopithèques, Homo ergaster, Homo erectus, paranthropes… les chercheurs ont à ce jour identifié plus de 25 espèces dont les plus anciennes sont éteintes et aujourd’hui disparues !
Il ne reste aujourd’hui plus qu’un seul hominine, Homo sapiens, c’est à dire nous. Si l’on élargit le propos aux hominidés nous sommes 5 « survivants » au total : les gorilles, les chimpanzés, les bonobos, les orang-outang et les humains ! Et parmi ces derniers seul l’Homme n’est pas en risque d’extinction immédiat : il s’est propagé sur l’ensemble de la planète et se multiplie très rapidement !
Il y a 50 000 ans le genre Homo était riche de 5 représentants
Il y a seulement 50 000 ans les espèces humaines présentes ne sont pas réparties uniformément sur la planète. En Europe c’est Homo neanderthalensis qui occupe le terrain jusqu’en Sibérie, là où il a rencontré l’Homme de Denisova qui se situait jusqu’en Asie. Ces deux espèces ont bien rencontré les Homo sapiens car la génétique montre que les contacts ont été très charnels ! Pendant ce temps en Asie d’autres espèces de plus petite taille avaient élu domicile sur les îles : Homo floresiensis sur l’île de Flores, et Homo luzonensis sur les l’île de Luzon… Et Homo sapiens ? Il est juste sorti d’Afrique et il commence son périple par l’Eurasie.
Homme de Denisova
L’Homme de Denisova, un drôle de personnage celui-là… On le connaît plus par son ADN, trouvé la première fois dans la grotte de Denisova, que par ses ossements. Et de ce fait il est assez difficile d’en faire le portrait car aucun crâne complet de l’espèce n’a été trouvé ou identifié.
Toujours grâce à son ADN on a retrouvé ses traces en Asie Centrale et Orientale mais il a également laissé des traces génétiques dans celui des Néandertaliens, et des Homo sapiens… Bref, à cette époque il semble que les échanges cordiaux inter espèces étaient monnaie courante. N’ayant pas actuellement de squelette de référence certains chercheurs proposent d’ailleurs de regrouper plusieurs fossiles asiatiques, comme Homo longi, sous la « bannière » Dénisovienne ! Pour le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin « Cette proposition fait l’objet de nombreuses discussions, mais elle est la première visant à nommer tous ces « étranges » fossiles d’Asie continentale, contemporains d’Homo sapiens et des autres« .
Les scientifiques estiment que la présence des Dénisoviens est pour le moment documentée dans peu de sites entre 160 et 40 000 ans.
Homo floresiensis
Homo floresiensis, cet hominine a dû vivre entre 700 000 et 100 000 ans sur l’ile de Flores en Indonésie. C’est probablement un descendant des Homo erectus, loin de tout et à priori sans contact avec d’autre humains sur toute la période… Du fait de son isolement il a subi avec d’autres espèces de l’ile (dont des éléphants !) une sorte de rapetissement dû aux ressources limitées : le phénomène est appelé nanisme insulaire. Mais ce n’est pas la raison de sa disparition !
Des études tentent de faire coïncider la disparition des hobbits de l’île de Flores avec l’arrivée des Homo sapiens en Australie… Mais sans preuve directe aucune confirmation n’est possible. C’est peut-être une explication, mais notre niveau actuel de connaissance ne permet pas de le confirmer.
Homo luzonensis
En 2019, la découverte la plus récente, en Asie du sud d’une nouvelle espèce d’hominine est un vrai coup de tonnerre médiatique. Celle-ci vivait sur l’île de Luzon, dans la grotte de Callao : Homo luzonensis. Deux individus ont été directement datés à – 50 000 et – 67 000 ans. Comme floresiensis les individus étaient de très petite taille. Les ossements et les dents d’Homo luzonensis présentent des particularités étonnantes qui compliquent la recherche de l’origine de l’espèces : certaines parties font penser à Homo erectus (les mains) alors que les pieds évoquent une parenté avec les Australopithèques et des facilités à se déplacer dans les arbres !
Le peu de restes fossiles retrouvés ne permet pas de déterminer depuis quand Homo luzonensis était à Callao… et quand il a disparu. Les premiers Homo sapiens sur l’île sont datés de – 40 000 ans.
Homo neanderthalensis
Homo neanderthalensis est l’un des plus ancien hominines toujours vivants il y a 50 000 ans. Les néandertaliens se développent depuis 450 000 ans sur une aire qui s’étend de l’Europe de l’Ouest jusqu’en Asie occidentale. On a retrouvé des restes fossiles aussi bien en Espagne qu’en Sibérie ! Il est très bien adapté y compris aux climats les plus froids. Les derniers vestiges de l’espèce sont datés de 42 000 ans en Belgique (Spy) et en France (La Ferrassie, Saint Césaire). Pour certains c’est Homo sapiens qui est directement à l’origine de l’extinction de Néandertal. Pour d’autres les causes sont multiples comme une dégénérescence génétique, une épidémie, la concurrence avec Homo sapiens… Mais ce qui est sûr c’est que les deux espèces ont cohabités pendant plus de 20 000 ans en Eurasie.
Homo sapiens
Le dernier hominine encore vivant c’est Homo sapiens… Originaire d’Afrique il y a 300 000 ans il a commencé son expansion il y a au moins 60 000 ans probablement d’abord vers l’est en Asie puis à la conquête de l’ouest. Ce n’est pas le premier à avoir ainsi voyagé : Homo erectus et Homo heidelbergensis ont également mis un pied devant l’autre à travers l’Eurasie avant Sapiens.
Il a aussi bien rencontré Néandertal que les Dénisoviens… mais probablement pas les petites espèces d’hominines de Callao et de Flores, jusqu’à preuve du contraire !
Par ailleurs les étude ADN montrent que les Homo sapiens européens d’il y a 40 000 ne sont pas liés génétiquement aux Hommes modernes d’aujourd’hui. En résumé cette ancienne population des Homo sapiens est restée sans descendance et a elle même été remplacée par d’autres vagues d’Homo sapiens.
Il y a 50 000 ans, cinq espèces humaines sur la planète !
Il y a une trentaine d’années on ne connaissait ni l’Homme de Flores, ni luzonensis, ni l’Homme de Denisova… et rien ne laissait présager leur découverte… Il ne faut donc pas arrêter l’évolution de l‘humanité à l’état de nos connaissances actuelles ! Ces espèces sont la preuve de notre évolution buissonnante : physique, géographique, culturelle…
La majeures partie de ces espèces ont disparues au cours de l’évolution : Homo erectus, Homo habilis, Homo heidelbergensis sans que l’on n’en connaissent les raisons.
Notre arbre généalogique n’est pas figé… Il n’est pas impossible que de nouvelles espèces soient découvertes, grâce à des fouilles ou par des recherches génétiques ! Il est également imaginable de trouver des fossiles plus récents qui rajeunirait la disparition d’une espèce… Pourquoi pas, rêvons un peu, un crâne fossile de Denisovien daté de 20 000 ans en Russie ?
Le paléoanthropologue Antoine Balzeau, dans son livre « Brève histoire des origines de l’Humanité » déclare « Ce n’est pas un secret, nous sommes seuls sur Terre aujourd’hui. Pourtant, nous avons côtoyé d’autres humanités jusque très récemment, dans un monde multiple et métissé. Cette diversité modifie la vision de l’évolution humaine récente et a aussi des implications sur comment nous reconstruisons aujourd’hui l’histoire d’Homo sapiens.
Ce sont au moins cinq espèces humaines qui cohabitaient il y a environ 50 000 ans. Elles n’interagissaient peut-être pas toutes ensemble, n’étaient pas dans les mêmes régions, mais certaines se sont croisées, la paléogénétique ou le patrimoine génétique actuel nous le montrent.«
Et pour l’instant la disparition de toutes les autres espèces ne doit pas être imputée à notre l’espèce pour la seule raison qu’elle est survivante…
Stop au « Sapiens bashing » !
C.R.
Hominides.com remercie Antoine Balzeau pour ses remarques et ses corrections.
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de Denis Vialou