L’habitat au Paléolithique
Où vivaient les Hommes préhistoriques ?
Habitat et habitation des Hommes de la préhistoire au Paléolithique
L’Homme préhistorique ne vivait pas dans les grottes…
Autant le préciser tout de suite, les hommes de la préhistoire n’avaient pas choisi de vivre dans des grottes. Cette image d’Epinal persiste pourtant dans l’esprit des néophytes et on voit souvent des gravures représentant un homme hirsute sortant d’une grotte à la recherche de nourriture.
Si les préhistoriques n’avaient pas élu domicile dans les grottes c’est tout simplement que les conditions ne s’y prêtaient pas forcément. Toutes les régions ne bénéficiaient pas d’un relief comportant des grottes ou abris sous roches. Parfois les grottes étaient déjà occupées par des animaux (comme les ours par exemple…).
Pourquoi trouve-t-on plus souvent des habitats dans les grottes qu’en plein air ? Les sites « abrités » sont plus faciles à repérer que les autres car les préhistoriens savent où chercher… et les sites en plein air sont souvent très mal conservés du fait de leur exposition aux intempéries.
Une définition de la notion d’habitat
Dans le langage courant le mot habitat fait référence à l’endroit où les hommes (ou d’autres animaux) se réfugient pour dormir, travailler ou tout simplement se protéger des intempéries et de la faune. On parle même plus souvent d’habitation.
De manière plus scientifique, l’habitat est une zone plus ou moins étendue ou vivent les animaux. Cet habitat peut être provisoire (une journée) ou plus long (une saison).
Cette différence de sens prend toute sa mesure avant le Paléolithique car à cette période les populations pré-humaines ne « s’installaient » pas au sens ou l’on l’entend aujourd’hui. Que ce soit Toumaï, Orrorin ou les lignées d’australopithèques on peut supposer que ceux-ci se reposaient et se protégeaient tout simplement en grimpant dans un arbre. Il n’était pas question pour eux de construire une quelquonque sructure (à part peut-être des nids de branchages et de feuilles comme le font encore certains primates aujourd’hui).
L’habitat au Paléolithique – généralités
De -1.8 millions d’années à – 12 000 ans
Un habitat plutôt provisoire
Les ancêtres de la lignée humaine comme Homo habilis ou Homo erectus étaient des cueilleurs-chasseurs nomades. Suivant les saisons et la nourriture disponibles ils pouvaient parfois s’installer pour quelques jours ou quelques heures dans un lieu. Ils privilégiaient des lieux proches de l’eau (lac ou rivière). Mais après avoir épuisé les ressources sur place ils se déployaient vers un autre lieu.
Les traces qu’ils ont laissées sont donc des habitats provisoires sur lesquels on peut retrouver des déchets de nourritures, ou des éclats de pierre. Les structures « aériennes » (toiture, peaux, branches…) ne peuvent être retrouvées car elles ont disparu.
Plusieurs sortes d’habitats
Cet habitat pouvait être de deux sortes, soit en plein air, soit sous abri. ces différents types d’occupation varient suivant le climat et le relief des lieux. En Afrique orientale (Olduvai par exemple) l’absence de grottes et d’abri sous roche a privilégié les campements de plein air. Dans les régions où il existait des abris rocheux les hominidés ont bien sûr profité de ses protections naturelles (Montaigu en Afrique du Sud, ou le Périgord en France).
Les traces laissées sont succinctes et se résument assez souvent à des vestiges osseux de dépeçage d’animaux, de pierres plus ou moins agencées (parfois en demi-cercles), de pavage, de trous de poteaux…
Contrairement à ce que l’on peut penser il n’existe pas de véritable évolution de l’habitat allant du simple au plus compliqué. Les hominidés ont profité de la typologie des lieux, de la faune, des conditions météorologiques. A chaque fois, ils se sont adaptés et ont créé un type d’habitat qui reste parfois très typé et régional.
Les sites ci-dessous, classés dans un ordre chronologique ne montrent donc pas une progression historique mais plutôt une réponse humaine adaptative à un milieu et des conditions donnés.
Le plus ancien site d’habitat daté de 2,4 millions d’années.
Le plus ancien site présentant une surface d’habitat structurée se trouve dans le bassin du lac Turkana au Kenya. Découvert par Kay Behrensmeyer en 1969, il a été répertorié sous le code KBS. Daté de 2500 000 ans, il présente des ossements brisés d’animaux (poissons, gros herbivores..) ainsi que des restes de taille de chopper. Uniquement constitué d’une zone de « travail », ce bivouac provisoire ne présente aucune trace de recherche de protection de la part des hominidés.
Très ancien Paléolithique : – 1.800 000 – 500 000 ans
Au Paléolithique, de nombreux sites présentent les traces d’une installation d’hominidés sur une durée plus ou moins longue. On y retrouve généralement des outils, des ossements d’animaux, des galets… Parfois des marques de feu sur des galets brûlés permettent d’identifier un campement.
Pour les plus anciens on peut citer Olduvai (Tanzanie, 1.8 millions d’années) mais également Melka-Kunturé ou Bodo (Ethiopie, entre 1.7 et 0.3 millions d’années). Le site de Koobi Fora au Kenya présente les traces d’un camps de base daté de – 1.8 millions d’années. Cette région a délivré de nombreuses espèces d’hominidés : australopithèques, habilis, ergaster…
Paléolithique inférieur : – 500 000 – 250 000 ans
Terra-Amata, les plus vieilles « cabanes » connues, sont datées de – 400 000 ans. Située sur une plage, c’est Homo erectus qui a construit la vingtaine d’habitats présents. Chacune d’elles pouvait abriter entre quinze et vingt hominidés. On retrouve généralement un foyer installé dans son centre. Ces traces de feu « préparé » sont parmis les plus anciennes au monde.
Daté de – 400 000 ans La Caune de l’Arago, à Tautavel, a permis de découvrir une vingtaine de niveaux différents d’habitats. Les fouilles, réalisées par Henry de Lumley, montrent qu’Homo erectus s’est installé à plusieurs reprises de manière provisoire ou prolongée.
Paléolithique moyen : – 250 000 – 30 000 ans
Les ellipses d’Orangia 1 (en Afrique du sud). Ce site présente une série de sept paravents elliptiques. Constitués de pierres sèches ils sont orientés face au vent du Nord et « protègent » de petites cuvettes (ou certains ont vu des sortes de couchettes…). Chaque cuvette mesure entre 2 et 3 mètres. A noter la datation de ces vestiges n’est pas réellement acquise.
La Grotte de Lazaret présente plusieurs couches d’habitats datées entre – 230 000 et – 120 000 ans. Ce sont donc plusieurs générations d’Homo erectus qui se sont succédé sur les lieux, de quelques jours à plusieurs mois. L’une des couches les plus intéressante, datée de – 150 000 ans montre les traces d’une « cabane » positionnée à l’intérieur de la grotte. Large de 3.5 m et longue de 11 mètres elle pouvait abriter une dizaine de personnes.
Paléolithique supérieur : – 30 000 – 12 000 ans
Le site de Mezhirich, daté de 15 000 BP, est très représentatif de l’habitat en Ukraine. Par manque de bois les hominidés se sont servis du matériel solide qu’ils trouvaient à disposition : des os de mammouths ! Ces constructions sont très spécifiques et on a évalué le total pour la construction d’un abri à plus de 20 tonnes. A proximité on a également découvert des fosses dont l’utilisation semble avoir été multiple : extraction d’argile, lieux de stockage ou de rejet.
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A l’opposé, en Europe occidentale on trouve des structures plus légères mais plus structurées .
L’une des grottes d’Arcy-sur-Cure, fouillée en 1946 et 1963, montre un espace très organisé avec des foyers multiples mais surtout un muret et une banquette délimitant un dallage au sol. Une quinzaine de trous dans le sol indique également la présence de poteaux. La datation au carbone 14 permet de dater cet abri entre – 28 et – 33 000 ans. Cet habitat châtelperronien est caractérisé par des cabanes circulaires de trois mètres de diamètre, cerclées de pierre.
Le site de Pincevent, découvert en 1956 n’a vraiment commencé a être étudié qu’à partir de 1964 par André Leroi-Gourhan. Les datations montrent une occupation des lieux comprise entre – 10 et – 12 300 ans. Ici pas de cercles de pierres, mais des vestiges qui permettent d’imaginer l’existence de parois délimitant des zones d’activité.
Reconstitution au Musée de préhistoire Terra Amata – Photo Kroko pour Hominides.com
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