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Renne
Renne
Rangifer tarandus
Les origines du renne remontent à 10 ou 14 millions en arrière en Amérique du sud : c’est là qu’un petit cervidé aurait vécu au début du Pléistocène moyen. Les premiers fossiles de l’espèce Rangifer tarandus ont été retrouvés en Béringie (une ancienne langue de terre qui reliait la Sibérie et l’Alaska) et datent de 1,6 million d’années. On retrouve Rangifer tarandus en France il y a 600 000 ans (Caune de l’Arago, Tautavel) et il prospère particulièrement en Europe occidentale à partir de – 120 000 ans. Il ne se développe en Amérique du Nord qu’il y a 50 000 ans.
Morphologie
Selon les différentes études, la longueur totale du corps du renne se situe entre 1m70 et 2m40. En hauteur au garrot l‘animal peut atteindre 1m30 (pour les mâles). Pour le poids, le renne peut peser de 100 à 200 kg suivant le sexe : les femelles sont généralement plus petites et moins massives que les mâles.
Le dimorphisme sexuel se joue presque uniquement sur la taille et le poids car le renne est le seul cervidé dont les deux sexes portent des bois.
Les sabots des doigts principaux et secondaires de ce cervidé sont larges et peuvent s’écarter, permettant une marche facilitée sur la neige en hiver et dans les marécages en été. Cette adaptation très spécifique au milieu arctique donne l’impression que le renne marche avec des « raquettes ».
A droite : renne exposé au Musée de Préhistoire de Quinson.
Les poils du renne sont creux et constituent à la fois une excellente protection contre le froid, mais également une aide supplémentaire pour la traversée de cours d’eau où l’air, emmagasiné dans les poils, aide à la flottaison de l’animal.
Les bois du renne sont sous la forme d’une perche courbée. Chez la femelle les bois sont plus petits et un peu plus aplatis. Cette dernière perd ses bois à la fin de l’hiver, alors que c’est au début de la période hivernale pour le mâle.
Mode de vie
Le renne a un régime alimentaire très particulier puisqu’en hiver il ne consomme presque exclusivement que des lichens et des mousses, qu’il va chercher en grattant la neige. Il peut même consommer des aliments gelés. Au printemps, son régime alimentaire se diversifie et il consomme alors des herbes, des petits branchages, des écorces, des buissons, des champignons… Le lichen ayant une croissance très lente, les troupeaux de rennes devaient régulièrement changer de lieux de pâturage.
A gauche enne au Musée de préhistoire des Eyzies-de-Tayac.
Comme tous les ruminants, le renne possède un rumen qui agit comme une cuve à fermentation pour pouvoir digérer certains aliments. Dans son cas, cette fermentation du lichen va également provoquer un dégagement de chaleur qui permet à l’animal de se « réchauffer » de l’intérieur, sans activité physique.
Adaptés à un climat arctique, les rennes sont nomades et migrent du nord vers le sud après l’été, et en chemin inverse au printemps. Même s’ils empruntent les mêmes chemins, les troupeaux de renne se séparent en deux : les plus grandes hardes sont constituées des femelles et des jeunes mâles, alors que les vieux mâles sont à part, parfois seuls.
A la fin de l’été, la période de rut commence et peut durer jusqu’au mois de novembre. Après une période de gestation de 8 mois aux alentours du mois de juin, l’animal donne naissance à un faon (ou veau) de 5-6 kg . Plus rarement le renne accouche de jumeaux.
La chasse
Dès que la rencontre s’est faite en Eurasie, les hommes ont chassé le renne. Tout d’abord Néandertal puis Homo sapiens, il y a 40 000 ans.
Selon Laure Fontana « Les hommes ont chassé les rennes sans sélectionner les individus selon leur sexe ou leur âge et en se concentrant, durant la saison froide, sur les hardes ». Le renne présentait un grand nombre d’avantages pour les chasseurs du Paléolithique. L’animal fournissait de la nourriture avec sa viande, de la chaleur avec sa fourrure, une matière dure à tailler pour réaliser des outils ou des armes avec ses bois.
On estime qu’au Paléolithique le renne fit l’objet d’une exploitation intensive dont le paroxysme a été atteint au Magdalénien. Cette période a même été appelée l’Age du renne.
Avec une faune comprenant à 99 % des restes de renne, Pincevent apparaît comme un site de chasse fréquenté annuellement en septembre et octobre lorsque les troupeaux entamaient leur migration d’automne. Confronté aux sites voisins de Verberie, étiolles et Marsangy, qui montrent des spécialisations complémentaires, il est aujourd’hui au cœur d’une réflexion sur les modes de vie et de subsistance des populations magdaléniennes du Bassin parisien. Noel Coye. https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00722386/document
Restes de faune
Etant pendant plusieurs millénaires un gibier de choix pour l’homme préhistorique, il est logique de retrouver ses ossements et ses bois un peu partout dans les gisements préhistoriques comme Etiolles, Le Roc-aux-Sorciers, La Madeleine, La Vache, Pincevent, Laugerie-Haute, l’abri Pataud, Badegoule, Castenet, la grotte du Renne (Arcy).
Il faut noter que certains gisements renferment jusqu’à 99% de restes de renne (Pincevent). Mais il y 10 000 ans, les restes de renne deviennent quasiment introuvables en France : l’animal a quitté nos contrées pour un environnement plus adapté au nord, avec d’autres espèces dites « froides » comme le renard polaire.
Le renne dans l’art préhistorique
Si le renne a dû être l’un des animaux les plus chassés du Paléolithique, ses représentations par les artistes préhistoriques sont beaucoup moins nombreuses : seulement 5% du total (ce qui explique, par ailleurs, que la théorie de l’art pour la chasse est ici mise à mal).
En art pariétal on retrouve quelques œuvres aux Combarelles, à Font-de-Gaume, Teyjat, Cosquer, Chauvet, les Trois-Frères, la Mouthe, Sainte Eulalie et Altxerri.
A droite : Rennes gravés – Grotte de la Forêt, à Tursac Reproduction Musée de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac – Photo Neekoo et Kroko pour Hominides.com
Le renne dans l’art mobilier
Un peu plus fréquent dans l’art mobilier, le renne y est l’animal le plus représenté, derrière le cheval et les poissons. On l’aperçoit sur des pièces d’art mobilier retrouvées sur certains sites comme La Madeleine, l’abri Morin, du Soucy, Laugerie-Basse, Limeuil. Il faut également prendre en compte que le renne, ou du moins ses os et ses bois, ont très régulièrement été choisis comme support de l’art mobilier, comme à Laugerie-Basse ou la grotte de La Vache…
A droite : Renne – gravure en art mobilier Abri Morin
Musée National de Préhistoire des Eyzies de Tayac
C.R.
Sources
– L’homme et le renne, Laure Fontana.
– L’art des cavernes en action – Les animaux modèles, Marc Azéma.
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