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Mammouth
Mammouth
Mammuthus
Presqu’un animal mythologique, le mammouth est entré dans l’imaginaire commun. Il étonne toujours les nombreuses générations d’écoliers qui découvrent sur leurs livres une sorte d’éléphant poilu, armé de gigantesques défenses, cerné par des hommes préhistoriques munis de pieux. Si cette image a certainement peu de chose à voir avec la réalité il ne reste pas moins que le mammouth devait être, aux temps préhistoriques, un sujet d’étonnement et de frayeur pour nos ancêtres. C’était alors le plus grand mammifère terrestre.
Les premiers restes fossiles de mammouth trouvés dès l’Antiquité étaient attribués à des hommes géants et monstrueux. Les recherches indiquèrent par la suite que les ossements devaient appartenir à des éléphants.
C’est Georges Cuvier, en 1796 (Recherches sur les ossements fossiles), qui va démontrer par comparaison entre les ossements qu’ils appartiennent bien à une autre espèce. Mais c’est seulement en 1799 que Brumenbach lui donne l’appellation scientifique d’Elephas primigerius.
Plusieurs espèces de mammouths
Mammifère herbivore, le mammouth appartient à la famille des éléphantidés, du groupe des proboscidiens. Si l’on trouve les origines de ce groupe au Cénozoïque il y a 55 millions d’années, les premiers mammouths apparaissent il y a 4 à 5 millions d’années. Leur évolution se diversifie en 11 espèces distinctes : Mammuthus africanavus, Mammuthus columbi , Mammuthus exilis, Mammuthus gromovi, Mammuthu intermedius, Mammuthus meridionalis, Mammuthus primigenius, Mammuthu rumanus, Mammuthus subplanifrons, Mammuthu sungari, Mammuthus trongontherii. La dernière espèce de mammouth est attestée au nord de la Sibérie vers 1 700 ans av. J.-C.
A noter, les mammouths ne sont pas les ancêtres des éléphants, les deux espèces ont néanmoins des ancêtres communs.
La disparition des mammouths
Les différentes espèces de mammouths ont commencé à disparaître il y a 12 000 ans en Europe. S’il restait, semble-t-il, des poches de survie en Amérique du Nord et en Sibérie, les derniers mammouths ont été retrouvés sur l’île de Wrangel (Sibérie). Ces survivants ont été datés de – 3700 ans BP.
Pour expliquer cette extinction deux hypothèses sont envisagées : la chasse intensive par l’espèce humaine ou le radoucissement du climat. Les deux raisons se sont d’ailleurs peut-être cumulées.
Répartition géographique
Originaire d’Afrique les espèces de mammouths se sont ensuite répandues sur le continent européen (entre -2 et -3 millions d’années), puis en Amérique du Nord (-1,5 millions d’années), probablement en passant par le détroit de Bering.
Caractéristiques de l’animal
Les mammouths mesuraient entre 3 et 5 mètres au garrot et pesaient en moyenne de 4 à 6 tonnes suivant l’espèce. Le mammouth le plus imposant était Mammuthus sungari, dont le poids était compris entre 6 et 8 tonnes. La femelle était beaucoup plus petite que le mâle.
Sa « trompe lui permettait de sentir, respirer, aspirer et pulvériser. Ce véritable bras articulé servait également d’outil ou d’instrument de communication« 1.
Pour se protéger du froid le mammouth s’était doté de 3 couches spécifiques : une épaisseur de 8 à 9 cm de graisse, une couche de peau de 2 cm et, pour finir, de longs poils qui recouvraient son corps. Tous les ans, lors des périodes plus chaudes, le mammouth perdait ses poils qui repoussaient ensuite pour l’hiver.
Les défenses de l’animal, l’un de ses traits distinctifs, étaient fortement recourbées et presque enroulées. Elles pouvaient atteindre une longueur de 4 à 5 mètres. Les défenses permettaient à l’animal de déterrer des herbacées ou de fouiller la neige en hiver pour faire apparaître la maigre végétation.
Mode de vie
Par analogie avec les tribus d’éléphants actuels on peut supposer qu’un troupeau de mammouths devait être composé d’une femelle dominante et de plusieurs femelles accompagnées de leurs petits. Les mammouths mâles devaient être plus solitaires, se rattachant ponctuellement pour des accouplements.
Grand herbivore, le mammouth n’avait que l’embarras du choix dans un paysage de steppe propice au développement d’une multitude d’herbacées et de graminées : carex, parturin… et même du pissenlit ! En hiver le mammouth consommait principalement des mousses et des lichens.
Photo : Figure de mammouth taillée – Grotte de Vogelherd 2
Rapports entre le mammouth et l’homme
Aux temps glaciaires la recherche de nourriture devait être une quête perpétuelle pour les hommes. Le mammouth, pesant plusieurs tonnes, ne devait pas être facile à traquer et encore moins à tuer. Pour immobiliser ces animaux, Homo sapiens ou Néandertal pouvait le piéger dans d’énormes fosses (mais dures à creuser du fait d’un sol gelé) ou le pousser vers des marécages ou des lieux escarpés. Une fois l’animal coincé ils devaient probablement achever l’animal avec des lances.
Si l’on peut imaginer que nos ancêtres chassaient, avec difficulté, le mammouth, le charognage devait être le principal moyen pour récupérer ces énormes masses de viande.
Une fois mort (ou plus rarement abattu) le mammouth était une véritable aubaine pour les hommes préhistoriques : en dehors de la viande, l’animal donnait accès à une quantité extraordinaire de graisse, de peaux, de moelle, de poils et d’os. Tout était bon à prendre.
Les mammouths « célèbres »
Plusieurs fossiles de mammouths sont connus, souvent par un état de conservation exceptionnel ou une particularité anatomique.
Helmut le mammouth français a été découvert en France en 2012. Le squelette, très complet, était accompagné de silex tranchants. Une preuve que l’animal a été tué, ou au minimum dépecé, par Néandertal qui était le seul homme présent en France il y a 50 000 ans.
En savoir plus sur la découverte du squelette de mammouth en France
Dima est un bébé mammouth découvert en 1977 près de Magadan en URSS. Le corps était totalement conservé (ossements, chairs, peau, poils…) car il a été probablement enseveli dans des sables mouvants lors de sa mort, il y a 40 000 ans. Le sol étant gelé le fossile a été particulièrement bien préservé.
Le mammouth dans l’art préhistorique
Moins fréquentes que le rennes ou le cheval le mammouth est néanmoins bien représenté dans de nombreuses grottes françaises. Petit tour dans les grottes ornées où figurent un ou plusieurs mammouths (la grotte de Rouffignac a la particularité de présenter plus de 120 mammouths sur ses parois).
Collection de la Varende
Centre de préhistoire du Pech-Merle
Le mammouth, support de l’art préhistorique
Le mammouth a également été utilisé par nos ancêtres comme support de l’art préhistorique. Son ivoire ou ses grands os sont des surfaces suffisamment grandes pour êtres taillées ou gravées. Les représentations sont très nombreuses, en particuliers des vénus préhistoriques.
Le mammouth comme élément de construction.
C’est en Ukraine qu’ont été découverts les vestiges de plusieurs « huttes préhistoriques » réalisées par un empilement de défenses et d’ossements de mammouth. Sur le site de Méziric les restes de 4 huttes ont été mises au jour. Les structures ont été édifiées avec les squelettes de 150 mammouths au minimum. Sur le site de Gontsy, également en Ukraine, 5 huttes préhistoriques construites avec des ossements ont été découvertes.
Ci-contre la reconstitution d’une de ces huttes à Méziric utilisant les défenses mais aussi de nombreuses parties du squelette du mammouth (omoplates, crânes…)
Où voir des restes ou reconstitutions de mammouths ?
C.R.
Références :
1 – Marc Azéma, L’art des cavernes en action, Tome 1 : Les animaux modèles – Aspects, mocomotion, comportement.
2 – Mammuthus primigenius in the cave and portable art: An overview with a short account on the elephant fossil record in Southern Europe during the last glacial.
A lire sur le Mammouth et la Paléontologie
Eric Buffetaut