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Des aérophones, instruments à vent, au Moyen-Orient il y a 14 000 ans BP
Des aérophones, instruments à vent, au Moyen-Orient il y a 14 000 ans BP
Les natoufiens utilisaient des instruments de musique à vent sur le site d’Eynan-Mallaha dans le nord d’Israël.
Une étude publiée dans la revue Nature Scientific Reports
Le site d’Eynan-Mallaha au Moyen-Orient est l’un des gisements de cette culture les plus riches. Les fouilles depuis 1955 ont permis de démontrer que les natoufiens occupaient ce village entre 15 000 ans BP et 11 700 BP.
Leur économie, basée sur la chasse, la cueillette et la pêche était accompagnée de nouvelles pratiques comme la construction d’habitats et de structures ressemblant à des villages.
Les natoufiens sont l’un des premiers peuples de chasseurs-cueilleurs ayant adopté un mode vie sédentaire, utilisant progressivement l’agriculture et l’élevage.
Des ossements d’oiseaux en quantité
Une équipe franco-israélienne de chercheurs a publié le 9 juin 2023 le résultat de ses études dans la revue Nature Scientific Reports. L’équipe a découvert des instruments préhistoriques fabriqués à partir d’os d’oiseaux datant de plus de 14 000 ans BP.
Au totale l’archéologue Tal Simmons, co-auteur de l’article de Scientific Reports, a identifié 1 112 ossements de 59 espèces d’oiseaux trouvés sur le site. Cela a permis de déterminer les périodes de l’année où les natoufiens chassaient et quelles espèces étaient privilégiées.
Des aérophones… de 14 000 ans BP
Parmis tous les ossements, les scientifiques ont isolé certains os qui présentaient des perforations, des crans, des marques montrant qu’ils avaient été « retouchés » et utilisés par l’homme.
Au total un os complet et 6 fragments d’os ont été identifiés comme aérophones. « Tous les sept ont été intentionnellement fabriqués en rainurant et en grattant en rotation avec de petites lames de pierre dans les os longs de deux types d’oiseaux – la sarcelle eurasienne et la foulque eurasienne. Ils montrent tous une usure microscopique indiquant qu’ils étaient, en fait, utilisés ou joués « , a déclaré Tal Simmons. « Ils sont également vraiment uniques car le son qu’ils produisent est très similaire à celui de deux oiseaux de proie spécifiques qui ont été chassés par les personnes vivant sur le site où ils ont été découverts, à savoir le faucon crécerelle et l’épervier d’Europe.«
L’un des aérophones est entier, avec des trous pour les doigts et un embout buccal. Lorsqu’elle est jouée, la flûte émet comme un cri de rapace ou, comme l’a précisé Simmons, « un son comme un cri aigü , très semblable à celui d’un petit oiseau. » Ce sont les os les plus petits qui ont été choisi afin d’obtenir les sons les plus aigus.
L’étude multidisciplinaire des artefacts permet aux chercheurs de déterminer que ces sortes de flûtes devaient servir (comme des appeaux) à attirer des proies de chasse et probablement à faire de la musique.
Un instrument de musique ou un appeau ?
Ces flûtes sont donc les premiers et les plus anciens instruments de musique préhistorique à avoir été retrouvés au Proche-Orient. En Eurasie, on peut trouver des instruments similaires dans le Jura Souabe datés de 40 000 ans, comme dans la grotte de Höhle Fels, ou celle de Geissenklösterle.
Pour Tal Simmons, ces aérophones sont peut-être une preuve que la musique jouait un rôle important dans la culture natoufienne et qu’il existait une relation spécifique entre les peuples humains et les oiseaux de proie. « C’était peut-être comme un appeau de canard – pour essayer d’attirer les oiseaux afin qu’ils puissent être chassés. Cela peut également avoir été une tentative de communication avec des oiseaux de proie ; ce qui était important pour un natoufien comme le montre le nombre disproportionné de serres de rapaces dans les assemblages archéologiques d’os d’oiseaux. Ceux-ci peuvent avoir été portés par les peuples préhistoriques comme des «bijoux» rituels et peuvent même avoir été des animaux «totems».
C.R.
Sources
Bone aerophones from Eynan-Mallaha (Israel) indicate imitation of raptor calls by the last hunter-gatherers in the Levant
Nature Science reports
CNRS
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