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Des dents de – 9 000 ans portent les traces de perforations.
Un dentiste opérait il y a 9 000 ans BP
Communiqué du CNRS
Une opération dentaire au Néolithique
L’étude
Le site de Mehrgarh (Balochistan) au Pakistan
Véritable cimetière du Néolithique, la nécropole de Mehrgarh est constituée de 225 sépultures. Les squelettes dégagés ont permis de prélever plus de 4000 dents. Les études de ce matériel nous permettent d’en savoir plus sur le régime et les habitudes alimentaires des hommes du Néolithique.
Un régime alimentaire modifié.
Le développement de l’agriculture des céréales de cette époque a eu une incidence non prévue sur la dentition des hommes.
Les céréales, plus riches en sucre ont certainement augmenté le nombre de caries dentaires.
L’utilisation de meules pour écraser les graines ont mélangé des cristaux à la farine consommée. Ces mêmes cristaux se retrouvaient dans l’alimentation des hommes du Néolithique et contribuaient à l’abrasation de l’émail protecteur.
Des dents abîmées
Sur les 4000 dents retrouvées, 11 présentaient des traces de l’intervention d’un « dentiste » sur l’être humain vivant. Pratiquées à l’aide d’un petit perçoir en bois ou en os, les perforations devaient soulager les patients atteints de carie. Les interventions devaient être douloureuses sur le moment mais permettaient au patient de libérer l’inflammation.
Chercheurs
Catherine Jarrige (CNRS) et Roberto Macchiarelli (Université de Poitiers).
C.R.
Le communiqué du CNRS
Il y a 9000 ans : les premiers dentistes
Des fouilles réalisées à Mehrgarh, une nécropole du Pakistan datant de 9000 ans, ont révélé les prémices d’une profession encore tout à fait actuelle : celle de dentiste. Ces travaux ont été réalisés par une équipe internationale conduite par la mission archéologique française (CNRS, Musées des arts asiatiques-Guimet). Ils sont publiés dans la revue Nature du 6 avril 2006.
Alors que se mettent en place les débuts d’une économie agricole fondée sur la culture des céréales et sur l’élevage, la vie dans les premiers villages sédentaires de la période néolithique a comporté une détérioration temporaire de l’état de santé général des habitants, en particulier sur le plan de la nutrition. La santé bucco-dentaire a empiré. D’une part, l’emploi de meules pour le traitement des céréales a très largement favorisé le phénomène d’abrasion de l’émail, entraînant des risques pour l’intégrité des dents ; d’autre part, la qualité du nouveau régime alimentaire – plus riche en sucres – a favorisé les processus d’acidification et le développement des caries. Ces deux états pathologiques ont été probablement la cause de nouvelles « typologies de la douleur ».
À Mehrgarh, sur un total de presque 4000 dents provenant de 225 sépultures, 11 cas de perforations dentaires pratiquées in vivo ont été identifiés sur les couronnes de 9 patients adultes, probablement dans un but thérapeutique ou palliatif. La présence de perforations uniquement sur les dents postérieures (molaires supérieures et inférieures) exclut l’intention esthétique de la pratique. Les marges émoussées des perforations confirment qu’après les interventions, les surfaces des dents ont repris leur fonction masticatoire.
Les dentistes préhistoriques utilisaient des techniques identiques à celles de la fabrication des minuscules perles en os, coquillages marins, stéatites, calcites, turquoises, lapis lazuli, utilisés pour les parures trouvées en abondance sur le site. L’instrument principal était un perçoir en bois muni d’une petite pointe en silex, probablement actionné par un archet. Les artisans de Mehrgarh ont excellé dans ces pratiques de perforation, en se montrant capables de produire des perles de 1 mm de diamètre percées de trous de quelques dixièmes de mm.
Les analyses au microscope électronique mettent en évidence qu’après la phase de trépanation, les artisans-dentistes utilisaient parfois des petites lames en pierre comme bistouris et scalpels de précision pour « parachever » l’intervention.
Mais qui étaient ces lointains ancêtres des dentistes d’aujourd’hui ? Dans les premières agglomérations néolithiques, on pratiquait, pour la première fois de façon simultanée, des activités très diverses comme celles de cultivateur de céréales, de pasteur, de potier, de tailleur de pierre, et sans doute de « prêtre ». Dans le cimetière néolithique de Mehrgarh, la variété des objets et des offrandes ensevelies avec les défunts témoigne d’activités comme celles d’éleveur de chèvres, de tailleur de silex. Dans un tel contexte, il est probable que les mauvaises conditions de santé de nombreux membres de la communauté aient fait naître le besoin de « techniciens-thérapeutes », au moins à temps partiel. Ce nouveau rôle impose le transfert du séculaire savoir-faire artisanal vers une « pratique thérapeutique ». Apparemment, l’expérience a été un succès.
Références :
« Early Neolithic tradition of dentistry » par A. Coppa, L. Bondioli, A. Cucina, D.W. Frayer, C. Jarrige, J.-F. Jarrige, G. Quivron, M. Rossi, M. Vidale & R. Macchiarelli. NATURE, vol. 440, 6 avril 2006, pp. 755-756 (+ suppl. infos.)
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