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Découverte de nouveaux fossiles d’Australopithecus afarensis au Kenya
C’est sur les berges de la rivière Kantis, au Kenya, qu’ont été découverts de nouveaux restes d’Australopithecus afarensis
La découverte
Le site de Kantis (Ongaga-Rongai), au Kénya, est situé dans les « Ngong Hills », non loin de la ville de Nairobi. L’équipe est constituée de scientifiques kényans, américains, japonais et français, coordonnés par le professeur Emma Mbua, chercheur associé au National Museum of Kenya.
Les chercheurs ont mis au jour les restes de plusieurs représentants de l’espèce Australopithecus afarensis : deux dents fossilisées et les os de l’avant-bras. Les fossiles appartiennent à un adulte mâle et deux enfants.
Avec cette découverte, le site fossilifère de Kantis rejoint d’autres sites kényans humains précoces au Kénya qui ont donné des fossiles d’au moins cinq espèces humanoïdes, comme Koobi Fora, Kanapoi et Nariokotome sur le côté est et ouest du lac Turkana. Depuis le début des fouilles en 1991, le gisement a également délivré des centaines de fossiles de mammifères, y compris ceux d’une nouvelle espèce de bovidé et d’un babouin.
Double première pour Australopithecus afarensis
C’est une première pour ce petit australopithèque car c’est la première fois qu’on retrouve cette espèce au Kénya. Jusqu’à présent, cette espèce avait seulement été identifiée en Ethiopie et en Tanzanie. C’est également la première fois qu’A. afarensis a été retrouvé à l’est de la Vallée du Rift.
Cette espèce avait donc un territoire beaucoup plus étendu et diversifié qu’on ne le pensait auparavant.
Pour Masato Nakatsukasa (anthropologue biologique à l’Université de Kyoto au Japon) « Jusqu’à présent, tous les autres fossiles A. afarensis ont été identifiés à partir du centre de la vallée du Rift, cette nouvelle étude implique une gamme de répartition plus étendue de ces ancêtres, à savoir que l’australopithèque aurait couvert une superficie beaucoup plus grande à cette époque».
Un environnement diversifié
L’analyse isotopique du site où les fossiles ont été retrouvés permet de déterminer, dans les grandes lignes, l’environnement et le climat de la région il y a 3,2 millions d’années. L’analyse a ainsi révélé que la région avait un environnement humide et de plaines. Il y avait également moins d’arbres que les autres régions dans lesquelles cet australopithèque a été identifié. Il apparaît que A. afarensis, qui vivait il y a -3,85 à -2,95 millions d’années, avait de bonnes capacités d’adaptation à des environnements différents.
L’anthropologue John Hawks déclare « A. afarensis est donc la première espèce d’hominidé que nous trouvons dans un environnement moins boisé. Et si ce gisement à côté de la rivière Kantis s’étend vers des prairies encore plus loin que nous pensions, c’est la preuve d’une grande flexibilité comportementale. «
Image photo :Cicero Moraes / CC BY-SA 3.0
Des sites d’hominidés… ailleurs ?
Le scientifique rajoute : «Vraiment, Kantis n’est pas le type de zone ou de gisement dans lequel les anthropologues ont jusqu’à présent recherché prioritairement des hominidés fossiles. »
Cela montre que des régions entières, jusqu’à présent délaissées, pourraient faire l’objet de fouilles avec l’objectif de compléter le buisson de nos ancêtres de nouvelles branches…
C.R.
Sources
Kantis: A new Australopithecus site on the shoulders of the Rift Valley near Nairobi, Kenya
L’équipe Emma Mbuaa, Soichiro Kusakab, Yutaka Kunimatsuc, Denis Geraadsd, Yoshihiro Sawadaf, Francis H. Browng, Tetsuya Sakaih, Jean-Renaud Boisseriei, Mototaka Saneyoshik, Christine Omuombol, Samuel Mutetim, Takafumi Hiratan, Akira Hayashidao, Hideki Iwanop, Tohru Danharap, René Bobeq, Brian Jichar, Masato Nakatsukasas.
Journal of evolution
Sciencedaily
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