Accueil / Accueil – articles / Cro-Magnon a laissé d’autres traces dans son abri !
Cro-Magnon a laissé d’autres traces dans son abri !
Cro-Magnon a laissé d’autres traces dans son abri !
Découverte majeure en Dordogne : les plus vieilles peintures préhistoriques du sud-ouest de la France à l’Abri Cro-Magnon (Les Eyzies de Tayac).
Estelle Bougard
L’Abri Cro-Magnon, aux Eyzies-de-Tayac, en Dordogne, est mondialement connu pour la
découverte en 1868 de la première sépulture reconnue d’Hommes anatomiquement modernes.
Ce fameux site, ouvert au public en avril 2014, a récemment fait l’objet d’un aménagement muséographique sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, Jean-Max Touron, entrepreneur périgourdin. Les travaux d’aménagement ont été faits sous le conseil scientifique d’Estelle Bougard, docteur en préhistoire, spécialiste de l’art paléolithique.
Depuis toujours des taches rouges sont bien visibles sous le plafond de l’abri, en général
décrites comme des traces de feu.
Dans le cadre des travaux, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (D.R.A.C.) d’Aquitaine a recommandé l’intervention d’un pariétaliste pour examiner les parois, par mesure de précaution. C’est ainsi qu’Eudald Guillamet, restaurateur d’art spécialiste des parois peintes et gravées des grottes et abris préhistoriques, a été sollicité. Celui-ci a identifié la présence de traits résiduels parmi les taches rouges et a recommandé l’application de techniques d’imagerie.
C’est le studio Guichard dirigé par Lionel Guichard, photographe spécialiste des grottes ornées, qui a été sollicité pour cette intervention. Celui-ci a participé a la réalisation de la 3D colorisée des grottes ornées françaises les plus importantes (Lascaux, Chauvet et Font de Gaume entres autres) où il a pu développer des techniques d’imagerie appropriées à l’art des cavernes préhistoriques et adaptées aux différents milieux. Son analyse d’une zone réduite de la paroi confirme la présence de traits d’ocre rouge partiellement recouverts de concrétionnement. Il s’agit donc bien de peintures résiduelles.
La question de la datation de ces peintures se pose bien sûr, mais les circonstances particulières de la découverte de l’Abri Cro-Magnon nous fournissent un cadre solide pour y répondre. En effet on sait que la fameuse sépulture de Cro-Magnon avait été déposée dans l’Abri déjà presque comblé il y a environ – 32 000 ans. Les peintures se trouvent sur le plafond au dessus de la zone sépulcrale et doivent logiquement dater soit de cette époque, soit d’une époque plus ancienne, l’Abri ayant ensuite été enfoui sous plusieurs mètres de sédiments. Le concrétionnement les recouvrant exclut une réalisation depuis la découverte de 1868.
Nous nous trouvons donc en présence de peintures qui sont potentiellement les plus anciennes du Sud Ouest de la France et qui sont, de plus, associées à une sépulture multiple, ce qui est unique à ce jour. L’intérêt scientifique de cette découverte est donc certain malgré l’aspect résiduel des peintures et devra être précisé par de futures études.
Estelle Bougard
2012 Des peintures pariétales de – 42 000 ans attribuées à Néandertal ?
2012 La peinture préhistorique en Espagne datée de – 40 800 ans ?
2012 Michel Lorblanchet, à propos des nouvelles datations d’art parietal
2014 Premiers pas artistiques pour Néandertal ?
2016 Des gravures datées de 12 000 à Atxurra au pays basque espagnol
2017 Des encoches sur un os de corbeau
2018 Datation Uranium Thorium de grottes ornées espagnoles à – 64 000 ans ?
2019 La datation Uranium Thorium remise en cause par Randall White et 44 autres signataires
2020 Une nouvelle grotte ornée en Espagne : une centaine de gravures à la Font Major