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Les premiers « américains »
Expansion des premiers hommes sur le nouveau monde
Les premiers hommes aux Amériques, une controverse
Le peuplement des Amériques est depuis longtemps sujet à débats.
La discussion principale concerne la date, le chemin, les moyens empruntés par les premiers hommes pour conquérir les Amériques. La majeure partie des scientifiques penche pour une arrivée par la terre, alors qu’une minorité évoque une colonisation par voie maritime. Mais d’où viennent les premiers Américains ?
Lire également, en bas de page, les récentes études publiées sur la colonisation du continent américain
Les plus anciennes découvertes sur le continent américain
Les plus anciennes découvertes sur le sol américain
En 1926, près de la ville de Folsom, un cow-boy découvre des ossements de bisons fossilisés depuis 10 000 ans. Au milieu des restes sont fichées des pointes de flèches en silex. Celles-ci attestent donc d’une présence humaine à cette époque.
En 1932 toujours au Nouveau Mexique on découvre des ossements de mammouths accompagnés de pointes de silex sur le site dit de « Clovis« . Les restes sont datés de – 12 000 ans.
D’autres sites ont été mis au jour mais les datations ne sont pas reconnues par tous les scientifiques :
– Bluefish Caves – Amérique du Nord (- 25 à – 17 000 ans)
– Santa Elina – Bresil (- 27 000 ans)
– Cactus Hill – Amérique du Nord (- 18 000 ans)
– Meadowcroft – Amérique du Nord ( -15 à – 12 900 ans)
– Taima-Taima – Vénézuela (- 12 500 ans)
– Las Toldos – Argentine (- 14 600 ans)
– Monte Verde – Chili (- 14 500 ans)
Les anciennes hypothèses de la colonisation du continent américain
En 1589, le père José de Accosta pense que les habitants des Indes occidentales sont peut-être les enfants de chasseurs provenant d’Asie.
En 1884, Ernest Haeckel imagine lui que les amérindiens sont les descendants d’une immigration sibérienne.
En 1926, l’anthropologue Alès Hrdlicka affirme que les Amériques ont été colonisées par bateau 4000 ou 5000 ans avant notre ère.
Les hypothèses actuelles
1 – Le passage à pied par le détroit de Béring
Jusqu’à la fin des années 90, la théorie dominante était que les hommes avaient commencé la colonisation des Amériques à la fin de la dernière période glaciaire, il y a 13 000 ans. Ces groupes humains (« Clovis culture »), qui étaient de bons chasseurs, avaient suivi des troupeaux de la Sibérie à l’Alaska sur une langue de terre gelée à travers le détroit de Béring, puis progressivement s’étaient propagés vers le Sud. Les premiers hommes auraient profité d’un corridor interglacier à l’est des montagnes Rocheuses.
Pour confirmer cette hypothèses, aucun élément archéologique de la culture Clovis n’était daté de plus de 13 000 ans, à l’époque…
2 – Le cabotage de long du détroit de Béring
Une autre théorie émerge depuis les années 2000. Les premiers colonisateurs du continent américain seraient venus en bateau (ou en radeau) en suivant de près la côte du détroit de Béring. Ils auraient pu se nourrir le temps du voyage en pêchant et en capturant éventuellement des proies lors de brefs accostages quand la côte le permettait.
Pour l’instant aucun vestige d’embarcation n’a été retrouvé qui permettrait d’étayer cette théorie. La matière même du « bateau », à savoir le bois, a très peu de chance de se fossiliser sur une période aussi longue.
Cette hypothèse présente au moins un avantage : la navigation permet de limiter le temps nécessaire aux premiers pour conquérir le continent américain du Nord au Sud.
La traversée des océans
Se basant sur des ressemblances culturelles ou physiques, de nouvelles théories sont apparues, impliquant des traversées maritimes beaucoup plus longues.
3 – La traversée de l’Atlantique
Trouvant des ressemblances entre la culture Clovis (américaine) et le Solutréen (européen), des scientifiques ont émis l’hypothèse d’une traversée de l’Atlantique en bateau. Si cette traversée est possible techniquement*, on peut s’interroger sur la motivation des hommes préhistoriques… Walter Neves est l’un des ardents défenseurs de cette hypothèse.
4 – La traversée du Pacifique
La similitude de certains caractères sur des fossiles d’Amérique du Sud et les aborigènes australiens a permis d’imaginer qu’une traversée de l’océan Pacifique pouvait être à l’origine de la colonisation.
Dans les 2 cas, pour préparer ce type de voyage, il faut estimer la quantité d’eau et de nourriture (non périssable) qui permette de tenir toute la traversée. Comment des hommes qui partaient dans l’inconnu ont-ils pu savoir ce qui les attendait ? Par ailleurs les preuves que les hommes de l’époque maîtrisaient la construction de bateaux et la navigation n’ont pas encore été fournies.
* un bateau fabriqué en matériaux basiques et sans technologie a réussi la traversée en 2006.
Toutes ces théories ne sont pour l’instant pas suffisamment étayées pour que l’une d’elles puisse être acceptée par l’ensemble des chercheurs. Les deux premières qui utilisent le détroit de Béring sont toutefois les plus souvent reprises.
Certains scientifiques penchent pour une colonisation du continent américain en plusieurs grandes vagues et à plusieurs époques. Cette hypothèse est contredite par la relative homogénéité génétique des habitants américains actuels par comparaison avec le reste du monde.
Les recherches continuent et de nombreux sites sont toujours fouillés actuellement.
La solution apportée par la génétique ?
Une étude publiée en 2008 (dans la revue Plos genetics) par l’Université du Michigan s’est attachée à mesurer la diversité génétique du peuple américain actuel. Les chercheurs ont tout d’abord identifié 29 populations indigènes (ou natives) reparties au nord, au sud et au centre du continent américain. Sur les 422 individus testés ils ont identifié et comparé pas moins de 751 marqueurs génétiques. Cette base de données a été comparée à une étude génétique des populations de la Sibérie actuelle.
Premier constat : les Américains et les Sibériens partagent des caractères génétiques propres indiquant une origine commune. Deuxième constat : plus on s’éloigne du détroit de Béring plus la diversité génétique diminue.
Les scientifiques concluent donc que la colonisation du continent américain a démarré au nord du continent, par le détroit de Béring. Ils confirment, par là-même, les premières hypothèses de colonisation par le détroit de Béring, terrestre ou maritime…
En 2015 une équipe internationale de chercheurs a comparé les génomes de 31 individus actuels d’origine américaine, sibérienne, et océanienne avec les génomes de 23 individus anciens retrouvés sur le continent américain (sur une période de 6 000 ans). L’objectif était d’établir la chronologie de l’arrivée et de la propagation des populations amérindiennes sur le continent américain.
D’après les chercheurs les premiers Américains sont arrivés il y 23 000 ans, au plus, en une seule vague. Ces migrants ont investi l’Amérique du Nord. Il y a 13 000 ans la population d’origine s’est séparée en deux et l’une des deux s’est aventurée en Amérique du sud.
Les plus anciens fossiles humains découverts en Amérique.
Luzia
Le squelette de Luzia a été découvert sur le site de Lapa Vermelha au Brésil en 1995. Il était enfoui sous 12 mètres de terre. Les restes fossiles de cette femme de 20 à 25 ans sont assez complets ce qui a permis de déduire qu’elle mesurait un peu plus d’un mètre cinquante.
La reconstitution de son crâne lui attribue une certaine ressemblance avec les Mélanésiens, les Aborigènes australiens ou même les Africains : un crâne étroit et ovaloïde, une face prognathe…
La encore c’est une interprétation vivement contestée. Sa datation est plus sûre et permet de dire que Luiza est décédée il y a 11 500 ans.
Homme de Kennewick
Découvert le 28 juillet 1996 au nord-ouest des Etats-Unis, près de la rivière Columbia. Les datations effectuées sur le squelette indiquent un âge compris entre 9200 et 9600 ans, ce qui en fait l’un des plus anciens américains fossilisés.
L’étude de l’homme de Kennewick montre des traits caucasoïdes, donc proches de ceux des européens, mais cette interprétation est remise en question par une grande partie de la communauté scientifique.
A note une nouvelle étude de son ADN a été publiée dans la revue nature en 2015 : l’homme de Kennewick a bien des origines amérindiennes.
Les fossiles humains du Yucatan
Avec le développement de la plongée sous-marine, les explorations dans les grottes submergées près de Tulum à Quintana Roo ont permis de découvrir des ossements anthropologiques en associations avec des restes de faunes éteintes, des outils lithiques et des foyers datant de la transition du Pléistocène tardif au début de l’Holocène. Les dernières datations radiocarbone sur des charbons de bois, probablement utilisé pour l’éclairage, indiquent que des humains étaient présents de 13 000 à 7 177 BP.
Grottes préhistoriques submergées du Yucatán au Mexique
Un article de Jonathan Ozcelebi
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2010 : Publication d’une étude sur Inuk, un homme de – 4000 ans dont on a pu reconstituer l’ADN grâce à une simple touffe de cheveux !
2011 : Les restes calcinés d’un enfant de trois ans ont été retrouvé en Alaska et datés de 11 500 ans.
2015 : Une étude génétique semble démontrer que le continent américain a été colonisé avec une seule vague de migration il y a 23 000 ans.
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C.R.
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