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Le Mésolithique
Le terme « Mésolithique » a été créé dès le XIXème siècle pour caractériser la période comprise entre la fin du Paléolithique supérieur (ou âge du renne) et le Néolithique. Les populations d’Homo sapiens conservent un mode de vie nomade mais s’adaptent aux changements de leur environnement liés au réchauffement climatique, après la dernière glaciation. |
En Europe le Mésolithique est une période où un environnement tempéré s’installe au début de notre actuelle période interglaciaire il y a 9 600 ans. Si les chasseurs cueilleurs collecteurs sont toujours présents, de nouvelles activités se développent : agriculture, élevage. Cette période transitoire va durer jusqu’au début du Néolithique il y a – 5 300 ans en Europe. Pour les archéologues il faut diviser le Mésolithique en trois : le Préboréal (9600-8000), le Boréal (8000-6900) et enfin l’Atlantique ancien (6900-4700).
Il faut toutefois noter que les bornes de la période mésolithique, comme pour les autres périodes préhistoriques, sont différentes selon le positionnement géographique. Pour le préhistorien Jean-Paul Demoule « …le Mésolithique est la simple continuation du Paléolithique… mais principalement pour l’Europe et le Proche-Orient, un peu moins pour les différentes régions d’Asie et pas du tout pour l’Afrique et les Amériques« . Sur le territoire qui allait devenir la France le préhistorien Jacques Jaubert précise que « pour la première fois l’ensemble du territoire hexagonal, haute montagne, îles, Corse incluse est investi par un peuplement humain« . (5)
Un environnement qui change
Face à un changement du climat et de l’environnement les Homo sapiens du Mésolithique vont s’adapter progressivement mais les changements n’ont pas forcément été perceptibles au niveau d’une ou même plusieurs générations, réchauffement climatique, remontée des niveaux marins… En Europe la steppe va être remplacée par des forêts : des bouleaux, des pins, puis, progressivement, par les feuillus.
La « faune froide » laisse peu à peu la place à une faune de climat tempéré : cerfs, chevreuils, sangliers, aurochs. Selon les régions les humains s’adaptent et peuvent consommer d’autres animaux comme le renard, le bouquetin, des oiseaux, des fouines. Toutes ces proies vont également convenir aux chasseurs que sont le loup, l’ours brun, le lynx… en concurrence avec l’homme !
En effet, les populations du Mésolithique continuent majoritairement à « vivre de chasse, de cueillette et de pêche mais dans un environnement devenu tempéré et non plus glaciaire » comme le souligne Jean-Paul Demoule.
Avec des conditions climatiques plus favorables les groupes humains se sont davantage reproduits et propagés. Pour le professeur Telmo Pievani ( Département de biologie de l’ Université de Padoue), « c’est probablement … le déséquilibre entre le nombre croissant d’êtres humains et le manque relatif de nourriture disponible dans la nature qui a engendré le développement de l’agriculture et de l’élevage. »
Des adaptations
Pour profiter pleinement du changement de son environnement la population mésolithique va faire preuve d’une grande inventivité : c’est de cette période que date l’existence certaine de l’arc, la pirogue, de la nasse et du filet (2).
Pour la chasse également les pratiques vont évoluer. Là où l’homme chassait des troupeaux entiers de rennes ou de chevaux, il va maintenant sélectionner des individus isolés et les ramener au campement, quitte à retourner rapidement en chasse pour trouver une autre proie.
Le préhistorien Nicolas Valdeyron précise que « La mobilité des groupes, comme leur composition, semble également changer : les déplacements saisonniers s’effectuent sur des territoires moins étendus (mais exploités plus intensivement), alors que la morphologie sociale, variable pendant les cycles annuels, favorise les groupes de taille assez réduite (quelques familles ?« ).
Un habitat plutôt temporaire
Les populations se déplacent rapidement et les campements sont plutôt temporaires : on parle de haltes de chasse. Généralement l’habitat est simplement composé de zones d’activités autour d’un ou plusieurs foyers. Pour l’archéologue Michel Orliac, « Les habitations mésolithiques, très légères ont laissé peu de traces ; elles sont de forme rectangulaire ou ovale et leur surface est comprise entre 10 et 25 mètres carrés ; elles comportent rarement des trous de poteaux (Muge, Portugal) et exceptionnellement des plateformes de planches et d’écorces de bouleau (Duvensee, Allemagne) ; le foyer, souvent diffus, est parfois bordé de dalles (Téviec), ou empli de pierres destinées à la cuisson indirecte des aliments« . (7)
Sur certains sites il apparaît que l’installation était de plus longue durée dû probablement à la possibilité de s’approvisionner en continu en denrées alimentaires (végétaux, gibier, poisson, coquillages…).
Nécessitant moins de temps sur le terrain les chasseurs adoptent facilement l’arc et les flèches qu’ils faut toutefois préparer en amont : la fabrication de pointes de flèche en silex dites « microlithiques » est une activité récurrente.
On retrouve en majorité les sites du Mésolithique au bord des rivières, donnant ainsi un accès à l’eau et à la pêche. Si les abris sous-roche font toujours de bons abris, les sites de plein air « bien situés » à l’époque sont également recherchés. Les campements sont parfois utilisés à plusieurs reprises par les générations suivantes à plusieurs centaines d’années de décalage !
Les sépultures du Mésolithique
Les sépultures mésolithiques diffèrent peu de celles du Paléolithique supérieur et sont le plus souvent associées à l’ocre rouge, des parures, voire, parfois, des galets peints ou coloriés. Les sépultures sont le plus souvent individuelles mais les archéologues ont mis au jour des sépultures doubles et mêmes multiples. Certaines sépultures individuelles montrent parfois des installations en pierres dressées sur chant, formant une sorte de coffre dans lequel était inhumé le défunt. Parfois les corps ont été incinérés avant d’être inhumés. De véritables cimetières ont été découverts : ils rassemblent un ensemble de tombes dans un espace délimité et structuré comme à Téviec.
Mésolithique – Musée archéologique de Strasbourg – Photo Kroko pour Hominides.com
Les évolutions du Mésolithique
Le mode de vie au mésolithique
Le Mésolithique est le cadre de l’instauration de rapports nouveaux entre l’Homme et la Nature. C’est durant cette phase culturelle que naissent les prémices du grand bouleversement socio-économique du Néolithique et le passage irrémédiable de l’économie de prédation à celle de production.
En Europe la période est riche et le gibier est abondant, par ailleurs plus de 600 espèces de plantes sauvages comestibles sont à disposition (2).
En Australie ou dans les Amériques les chasseurs-cueilleurs vont maintenir leur mode de vie jusqu’à l’arrivée des colons européens (2).
C’est au Mésolithique que l’homme domestique le premier animal, le chien. Les techniques de pêche s’améliorent de manière spectaculaire et c’est à ce moment que débute l’exploitation intensive des espèces végétales (graminées, noisettes, glands) et animales (mammifères terrestres de toutes tailles, oiseaux, rongeurs, mais aussi mollusques, crustacés). « Dès le Mésolithique, toutes les conditions semblent être en place pour un passage rapide et efficace à l’agriculture et l’élevage. » Jean Gagne-Pain (Musée des gorges du Verdon 2008)
Pour le préhistorien Marc Azema « Leur mode de subsistance est basé sur sur la chasse aux grands mammifères en expansion (cerf, sangliers), mis aussi aux petits mammifères et aux oiseaux, sur la pêche et sur la cueillette (noisettes). La consommation de mollusques se développe donne lieu en milieu côtier à la formation d’importants amas coquilliers. »
Les armes
Les hommes préhistoriques doivent s’adapter progressivement pour harmoniser leur mode de vie aux transformations de leur environnement. En France c’est à cette époque que se développe une arme particulièrement précise et efficace : l’arc, arme adaptée à un milieu boisé grâce à la précision du tir.
Pour le tir à l’arc la fabrication des flèches génère la production de pointes en silex qui s’allègent de plus en plus afin d’augmenter la vitesse de la flèche.
Les pointes de silex deviennent minuscules au Mésolithique, période de leur plus grand essor. Ces microlithes, outre l’utilisation pour les flèches sont également fixés dans de longs manches à rainures et forment ainsi des dents de sortes de scies particulièrement utiles en forêt.
Le paléontologue Jean Chaline rappelle que les microlithes de formes variées constituent les éléments de base des industries dites sauvetériennes, tardenoisienne, maglemosienne, montmorecienne ou castelnovienne… » (6)
Plus haut : schéma de la distance potentielle des armes de jet à la préhistoire – Musée de Préhistoire de Solutré – Photo Neekoo pour Hominides.com
Musée d’Aquitaine à Bordeaux – Photo Kroko pour Hominides.com
Un peu d’art…
On ne trouve plus à cette époque que quelques rares traces de la tradition artistique des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique. Il est tout à fait possible que les artistes du Mésolithique aient changé de support et que celui-ci ne se soit pas conservé… ou que les conditions de vie ne permettaient pas les expressions artistiques.
Musée d’Archéologie Nationale – Photo Kroko pour Hominides.com
C.R.
Sources Mésolithique
1 La préhistoire en 100 questions Jean-Paul Demoule 2021
2 Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire Jean Paul Demoule 2017
3 Jean Gagne-Pain (Musée des gorges du Verdon 2008)
4 Musée de Préhistoire de Carnac
5 Préhistoire de France Jacques Jaubert (2018)
6 Un million de générations Jean Chaline (2000)
7 Dictionnaire de la Préhistoire – Collectif Universalis (1999)
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Laurent Carozza, Cyril Marcigny
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