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Oldowayen
Entre 2,5 et 1,3 millions d’années environ, les hominidés ont inventé et fait évoluer une culture, l’Oldowayen, dont la principale expression est une industrie lithique, si efficace que certains de ses usages ont perduré jusqu’au Néolithique. |
Olduvai : un baptême, pas une naissance
Étudiés au départ par les chercheurs kenyans Mary et Louis Leakey, les outils livrés par le site des gorges d’Olduvai (partie tanzanienne de la vallée du Rift) sont les archétypes des produits de la culture oldowayenne, dont le nom dérive d’Olduvai. Cependant, les chercheurs ont, depuis, découvert des sites plus anciens (Oldowayen ancien ou « pré-Oldowayen ») : Lokalelei, Hadar, lac Turkana… : les véritables débuts de l’Oldowayen
Une technique pas si simple que cela
Les outils sont obtenus en frappant un galet (on parle de pebble culture, culture du galet aménagé) avec un percuteur dur en pierre, pour le rendre tranchant. On trouve des choppers (tranchoirs, couperets) avec un seul côté taillé, des chopping tools avec deux faces taillées, parfois des pierres polyédriques où toutes les faces sont travaillées. Les éclats enlevés, rarement retouchés, peuvent aussi être utilisés.
Pour Pascal Picq, ces techniques témoignent « d’une grande connaissance des propriétés physiques de la matière, (…) d’une capacité à opter pour des modes de débitage idoines en fonction du résultat escompté« .
« Contrairement aux hypothèses héritées de l’époque où l’on mit au jour les premières traces anciennes d’activités techniques – l’Oldowayen étant alors assimilé à une technique rudimentaire – il est maintenant avéré qu’une diversité certaine s’impose dès le début des productions lithiques. » Hélène Roche, directeur de recherches au CNRS
Une tache difficile pour les archéologues
La tracéologie, discipline consistant à examiner au microscope les marques laissées sur les outils par leur fabrication ou leur utilisation (et, au besoin, à tenter de les reproduire en imitant les gestes des artisans), est particulièrement difficile à exercer sur ces vestiges du Paléolithique ancien : les outils étaient multi-usages et des traces de taille de la pierre, de cassage de noix, de découpe de branches, de raclage ou de découpe d’os peuvent s’y entremêler. Les spécialistes peuvent néanmoins établir, sur certaines carcasses de proies fossilisées, l’ordre de passage entre les prédateurs (marque des crocs) et les hominidés (marques d’outils), tous étant à la fois chasseurs et charognards.
Des sites qui racontent l’évolution des modes de vie
Outils et éclats, mais aussi topographie des gisements, indiquent l’évolution de cette culture lithique.
Pour l’Oldowayen classique (1,8 à 1,5 Ma), le niveau I d’Olduvai (Tanzanie), Swartkrans (Afrique du Sud), Ain Hanech (Algérie), sont surtout des sites de boucherie, des ateliers de taille ou des abris construits. On y a trouvé des choppers, des polyèdres, des rabots, des éclats retouchés.
Pour l’Oldowayen évolué (1,5 à 1,3 Ma.), le niveau II d’Olduvai, Melka-Kunturé (Éthiopie), Barogali (Djibouti), sont des camps de base comportant différentes aires d’activités spécialisées. Mêmes outils qu’au stade précédent, mais découlant d’un débitage plus affiné.
Un succès probablement inter-espèces
Les ressemblances entre ces outils issus des quatre coins de l’Afrique, « non dictées par les propriétés naturelles des matières premières », serait plutôt le signe de contacts entre les hominidés de ces différentes régions, nous dit Pascal Picq. Une véritable culture, donc, qui s’est propagée à travers un vaste espace et une grande échelle de temps, évoluant au fil des âges et transformant la vie d’espèces aussi diverses qu’Australopithecus garhi, Paranthropus bosei, Homo rudolfensis, Homo habilis et Homo ergaster.
F. Belnet
Sources
La plus ancienne technologie : Pré-Oldowayen et Oldowayen
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