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Châtelperronien
Nous sommes au tournant du Paléolithique moyen et du Paléolithique supérieur. Désormais, la culture évolue plus vite que la biologie : une même culture lithique n’accompagne plus la succession de différentes espèces humaines, c’est au contraire chaque espèce qui, au long de son évolution, invente plusieurs cultures, qui ne durent alors « que » quelques milliers d’années. Le Châtelperronien s’étend de 38 000 à 30 000 ans BP environ, restant localisé en Europe occidentale. |
Un dû à un illustre préhistorien
L’abbé Henri Breuil, membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), qui enseigna la Préhistoire à l’Université de Fribourg, à l’Institut de Paléontologie Humaine et au Collège de France de Paris, définit en 1906 le Châtelperronien pour désigner l’outillage mis au jour au milieu du 19ème siècle dans La Grotte des Fées, près du village de Châtelperron (Allier). Cette culture lithique a été parfois encore appelée « Périgordien ancien ». Cette terminologie n’est plus guère utilisée.
Un faciès original
Grande nouveauté de cette industrie lithique : la production « en série » de lames, éclats allongés souvent retouchés, déclinés en grattoirs, burins ou pointes – le « couteau de Châtelperron », outil caractéristique, au dos courbe, qui fut peut-être emmanché. Persistent aussi, surtout au début, des outils sur éclats moustériens. Il est en effet admis que le Châtelperronien est ancré dans le Moustérien de tradition acheuléenne, comme l’a montré le préhistorien français François Bordes.
Poinçons et épingles en os ont également été trouvés. S’y ajoutent enfin des éléments de parure : dents d’animaux perforées, pendentifs en os ou en ivoire.
Des sites une sépulture
Très localisés, les gisements châtelperroniens se trouvent en France – notamment dans les Pyrénées, en Dordogne (La Ferrassie, Combe Capelle), dans le Lot, dans l’Allier (Châtelperron) – et dans le nord de l’Espagne (Cueva Morin).
C’est grâce aux restes humains présents sur deux sites que l’on a pu attribuer cette culture à l’homme de Néandertal : Saint-Césaire (Charente-Maritime), où se trouve la sépulture d’une Néandertalienne, et Arcy-sur-Cure (Yonne), où quelques dents de cette espèce ont été découvertes.
Néandertal seul, Néandertal et Sapiens ou Sapiens seul ?
Si un consensus – relatif – considère Néandertal comme l’artisan du Châtelperronien, on se pose la question de savoir s’il s’est inspiré ou non de la culture de l’Aurignacien, apportée en Europe à peu près à la même époque par Homo sapiens.
Selon certains auteurs, l’alternance rapprochée des couches aurignaciennes et châtelperroniennes sur certains sites, mise en évidence par François Bordes, indiquerait que la seconde industrie est « copiée » sur la première (phénomène d’acculturation). De nouvelles études et contre-études ont successivement confirmé ou infirmé cette idée.
Le débat n’est pas clos.
En 2023 une étude dirigée par Ludovic Slimak sur un site français (la grotte Mandrin) et un site Libanais (Ksar Akil) attribue le Châtelperronien à Homo sapiens.
Lire : Homo sapiens, 3 vagues de migrations en Europe depuis 55 000 ans
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