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Béring – Le passage Asie-Amérique libre de glace dès -17 000 ans ?
Le passage entre l’Asie et l’Amérique par le Détroit de Béring était praticable 17 000 ans BP ?
Publiant leur étude dans la revue Quaternary Science Reviews, des scientifiques américains ont récemment établi que le pont terrestre situé sur l’actuel Détroit de Béring était probablement libre de glace et donc praticable 2 000 ans plus tôt qu’on ne le supposait. À quand les preuves archéologiques d’une occupation humaine de l’Amérique avant -15 000 ans ?…
L’étude
Dirigée par Nicole Misarti, de l’Université de l’Oregon, et destinée, à l’origine, à documenter les migrations de saumons durant l’âge glaciaire, l’analyse de carottes de sédiments lacustres prélevées sur l’île de Sanak, à 65 km des côtes de l’Alaska, suggère qu’à cet endroit, la sortie de la dernière période glaciaire se serait produite bien plus tôt que supposé. Or, avec un dégel amorcé dès 17 000 ans BP environ (soit 1 500 à 2 000 ans plus tôt qu’on ne le pensait), la porte des migrations Asie-Amérique (le Détroit de Béring), généralement considérée comme bloquée par les calottes glaciaires jusqu’à 15 000 ans BP, semble s’ouvrir précocement pour Homo sapiens …
Des preuves biologiques
La matière organique des sédiments prélevés – des macro-fossiles de végétaux terrestres indiquant que la région était libre de glace – a permis 22 datations au radiocarbone, qui ont surpris les chercheurs en donnant aux lacs de cet endroit un âge de 16 000 à 17 000 ans. « Nous avons trouvé un contingent complet de pollen qui indique une végétation de toundra sèche il y a quelque 16 300 ans. Cela doit avoir été un paysage viable, permettant à des gens d’y survivre ou de le traverser. Ce n’était pas seulement de la glace nue et du roc« , précise Nicole Misarti.
Des indices circonstanciels
Des sites archéologiques bien documentés, tels ceux de Monte Verde, au Chili (photo à droite), ou de Huaca Prieta, au Pérou, remontent à plus de 14 000 ans : si, comme le suggèrent les anciens modèles, le passage Asie- Alaska n’avait été libre de glace qu’à partir de 15 000 BP, il aurait fallu que les fondateurs de ces sites (ou plutôt les ancêtres de ceux-ci) colonisent ces étendues ‘à marche forcée’, traversant la totalité de l’Amérique du Nord puis de l’Amérique du Sud en moins de 1 000 ans. Les nouvelles données apportées par l’Université de l’Oregon rendent cet aspect plus compréhensible.
Une conclusion raisonnable
« Il est important de noter que nous n’avons pas trouvé de preuves archéologiques documentant une entrée antérieure dans le continent. Mais nous avons (…) documenté clairement que le retrait du complexe de glaciers de la Péninsule de l’Alaska s’est fait plus tôt qu’on ne le pensait. (…) Suffisamment pour ne plus entraver la circulation des êtres humains le long de la bordure sud du pont terrestre de Béring presque dès -17 000 ans…« , conclut Nicole Misarti.
C.R.
Sources
ScienceDaily
Image : United States Archéeology Weblog
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Ce qui relativise les « droits » prétendus « autochtones » à la propriété éternelle de tel ou tel territoire (au nom moderne de l’identité culturelle), en Amérique comme ailleurs ( France, Allemagne, Russie, Afrique du Sud, Chine, etc )