Les mains
Brigitte et Gilles Delluc
Les mains (09/10)
Les représentations humaines pariétales
Palaeolithic art in Périgord.
Parietal human representations
10.1 Description
Ce chapitre concerne, avant tout, les mains dessinées, gravées. On en rapprochera les mains négatives obtenues au pochoir, mais elles sont rares en Périgord.
à Bara-Bahau, il est habituel de décrire comme une image de main (Fig. 17(1)), une griffade d’ours (4 traits) complétée par quelques courts traits gravés, située entre les deux registres inférieurs, non loin des signes quadrangulaires. Elle apparaût comme intégrée au dispositif pariétal (Delluc et Delluc, 1997).
à Bernifal (Meyrals), quatre mains encadrent l’accès à la zone d’entrée (Roussot, 1984c) : deux mains en éventail, gravées côte à côte sur la paroi gauche, avec les doigts dirigés vers le haut (Fig. 17(2) et photo ci-contre) et deux mains négatives noires disposées l’une au-dessus de l’autre, sur la paroi droite.
A Fronsac (Delluc et Delluc, 1996), tout au fond de la galerie des Femmes, sur la paroi gauche, deux mains finement gravées, côte à côte, les doigts dirigées vers le sol (Fig. 17(3)), accompagnent la tête humaine isolée.
En Périgord, il n’existe aucun site comparable aux grottes ornées pyrénéennes, ardéchoise ou méridionales, ni même du Lot voisin. Peintes ou gravées, les mains négatives sont en général assez discrètes et on ne connaût aucune main gravée et peinte comme celles de Roucadour. Aucune main négative n’est connue pour l’Aurignacien ni pour la période solutréenne et le début du Magdalénien.
Pour la période gravettienne, la Dordogne en compte deux. Une main négative noire provient de la voûte de l’abri Labattut (Delluc et Delluc, 1982-1983). Mais on ne sait rien de sa position dans le décor, puisque l’abri s’est effondré au cours du Gravettien et qu’elle a été trouvée sur une écaille tombée. Une main négative noire, de la même époque, orne encore la voûte de l’abri du Poisson, non loin de la sculpture en bas relief du célèbre saumon, en plein milieu de la voûte (Roussot, 1984c).
Au Roc de V ézac (V ézac), deux mains négatives noire et rouge, côte à côte, sont situées sur la partie haute d’une coulée stalagmitique (Aujoulat, 1984). Cette grotte de la vallée de la Dordogne recèle également deux signes échancrés sculptés, d’un schéma analogue à celui des signes « en pomme » des grottes gravettiennes du Quercy voisin.
Quelques rares mains négatives existent dans les sites du Magdalénien moyen ou supérieur: à Bernifal déjà cité, à Font-de-Gaume et dans la grotte du Bison.
A Font de Gaume (Les Eyzies), deux mains négatives cernées de noir sont visibles dans la galerie principale. Il y en aurait deux ou trois autres sur la paroi opposée (Roussot, 1984b).
Dans la grotte du Bison (Meyrals), deux mains négatives noires occupent le fond de la galerie d’accès (Roussot, 1984e) ; un mammouth est gravé au fond de l’autre galerie.
à la limite du Périgord, la Corrèze calcaire recèle une grotte d’époque gravettienne conservant en place son décor, modeste mais très spectaculaire, centré sur deux mains négatives noires, associées à une nappe de gros points rouges: c’est la grotte du Moulin de Laguenay (Corrèze) (Pigeaud et Primault, 2006).
10.2. Commentaires
Quelques rares mains gravées ont été relevées dans le domaine magdalénien en Périgord. à Bernifal, deux mains gravées côte à côte, doigts en l’air, en face de deux empreintes de mains négatives noires, marquent l’entrée dans le sanctuaire. à Fronsac, deux mains, doigts dirigés vers le bas, sont gravées tout au fond de la Galerie des Femmes à côté de la tête humaine et en face de deux FFS très schématiques. On peut citer encore une griffade complétée par quelques traits pour figurer une main qui s’insinue entre les deux registres inférieurs de l’ensemble pyramidal de Bara-Bahau. Les empreintes de mains négatives sont encore plus rares: une provient de la voûte de l’ancien abri gravettien de Labattut, sans que l’on connaisse sa position topographique précise; deux empreintes côte à côte, l’une rouge et l’autre noire, ornent la paroi de la grotte de Vézac, à côté d’un signe en « pomme» sculpté en bas relief. On ne connait aucune main gravée et peinte comme celle de Roucadour dans le Lot voisin.