Les auteurs avaient écrit il y a 2 ans à peine un premier ouvrage intitulé « Néandertal, mon frère » qui avait été, à juste titre, un succès. Ainsi, comme pour tout bon « blockbuster », une suite était attendue et c’est ce qu’ont fait les auteurs en publiant, avec brio, ce nouveau livre intitulé « Dernières nouvelles de Sapiens ».
Cet ouvrage présente l’intérêt ne pas être une énième compilation sur les origines de l’homme et les différentes espèces humaines qui se sont côtoyées et / ou succédé, ce qui en soit est déjà très attirant. En effet, les auteurs s’attachent à déterminer les moteurs de l’évolution humaine en s’appuyant sur des données factuelles issues des publications des plus éminents spécialistes de la paléoanthropologie. De plus, l’ouvrage se lit très facilement, même pour des non-initiés à la préhistoire car le texte est fluide avec peu de mots techniques. La facilité de lecture est aussi due à la présence d’une iconographie à la fois simple et très claire, complémentant utilement le texte. En outre, chaque chapitre débute par un court résumé permettant de faire ressortir les points clés du texte.
Les auteurs montrent que l’évolution humaine, en particulier celle d’Homo sapiens, est le résultat de l’interaction entre les individus et leur milieu (comme pour tout être vivant) mais que ce milieu est de plus en plus façonné par l’Homme lui-même, et donc que ce dernier influe sur sa propre évolution. Tout a commencé avec la mise en place de la bipédie, qui en plus de nous faire perdre nos poils, a entraîné, notamment, la libération de la main, qui serait alors devenu un outil de haute précision, permettant de tailler et d’utiliser des outils. Le cerveau devenant plus gros, le contrôle nerveux de la main devient plus précis et les outils plus techniques. De manière générale, plus on avance dans le temps (et donc plus on se rapproche de l’apparition d’Homo sapiens) plus la culture prend de l’importance, pour atteindre un paroxysme avec l’avènement de notre espèce. C’est aussi le développement de la culture qui a permis à Homo sapiens de coloniser d’autres environnements que ceux qui lui sont naturellement favorables, grâce notamment au feu, qui ne fait pas qu’apporter de la chaleur mais permet aussi une alimentation plus variée et plus « stérilisée ».
En d’autres termes, plus la culture occupe une place importante dans l’environnement humain et plus cette dernière influe de façon significative sur notre biologie, puis dans le fonctionnement culturel des groupes humains et sur notre psychisme, à tel point qu’Homo sapiens pourrait être nommé aujourd’hui Homo domesticus, un humain auto-domestiqué !
En conclusion, cet ouvrage est passionnant et très bien écrit. Il est facile d’accès même pour des non-initiés. Je le recommande donc vivement, en particulier pour les fêtes de Noël qui approchent, d’autant plus que son prix de 12 € le rend très accessible.
Jean-Luc Voisin
UMR 5198 & USM 103-Institut de Paléontologie Humaine
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