Des os de plus en plus fragiles
Une étude montre que les os des êtres humains ont perdu de la force du fait d'une sédentarité accrue. Moins l'homme a d'activités, plus il risque de se casser les os... Par ailleurs, de manière globale, parmi les primates, les humains ont globalement une ossature moins dense.
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De nouvelles études, publiées dans la revue des PNAS (Proceeding of the National of Sciences of the United States of America), montrent que les chasseurs-cueilleurs qui vivaient il y a environ 7 000 années avaient une ossature comparable en force avec celle des orangs outans actuels. Les agriculteurs de la même région ont, plus de 6000 ans plus tard, des os significativement plus légers et plus faibles qui sont plus sensibles à la rupture. Parallèlement les ossements d'espèces encore plus anciennes d'hominidés (australopithèques, paranthropes...) montrent la même structure allégée de notre squelette.
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L'os trabéculaire ?
L'os trabéculaire (la partie spongieuse à l'intérieur des os) est très malléable en fonction des pressions et torsions qu'il subit. S'il supporte une charge importante en permanence le maillage de l'os trabéculaire va avoir tendance à se densifier. Il y a 7 000 ans l'ossature de nos ancêtres était donc encore soumise à de multiples agressions dues à une activité soutenue qui provoquait un renforcement globale. |
Les études
Pour cette dernière étude, les scientifiques ont utilisé des scanners afin de mesurer la densité osseuse de la partie spongieuse des os. Pour la première étude ce sont 229 individus primates, hominidés dont l'Australopithécus africanus (-3,3 à -2,1 millions d'année) le Paranthropus robustus (-1,2 millions d'années) et Homo néandertalensis (-250 000 à -28 000 ans). Les résultats montrent que seuls les humains ont une faible densité des os, particulièrement prononcée au niveau des hanches, des genoux et des chevilles.
La deuxième étude s'est basée sur les ossements des chasseurs-cueilleurs datant de 7 000 ans en arrière (et originaires de l'Etat d'Illinois). Ces derniers avaient une ossature comparable en force avec celle des orangs outans actuels. Mais les agriculteurs de la même région ont, plus de 6000 ans plus tard, des os significativement plus légers et plus faibles qui sont plus sensibles à la rupture.
Les résultats
Par rapport à ses ancêtres, l'homme moderne a perdu beaucoup de force. Au niveau de l'ossature la perte est importante. Les études montrent une chute de 20 % au niveau de la densité osseuse par rapport à nos ancêtres chasseurs-cueilleurs (7 000 ans en arrière) ou par rapport à l'homme de Neandertal il y a 28 000 ans.
Pour expliquer cette perte les études mettent en avant le manque d'activité et de dépense physique de plus en plus prononcé qui touche notre espèce. Sans remonter trop loin dans le temps, il y a 7 000 ans, pour vivre (ou survivre...) nos ancêtres devaient être perpétuellement en mouvement, à la fois pour manger (chasser ou cueillir) mais aussi pour se défendre ou trouver de nouvelles aires de chasse ou de cueillette.
Avec les débuts de l'agriculture et donc la sédentarisation, la dépense physique quotidienne a chuté et notre alimentation a changée. Notre régime alimentaire à base de racines, de fruits et de viandes s'est relativement rapidement transformé avec un apport de céréales important.
Pour le chercheur Timothy Ryan (l'Université de Pennsylvanie, Etats-Unis) "Le pourcentage de céréales cultivées dans la ration alimentaire des agriculteurs et les probables carences en calcium pourraient être à l'origine de la réduction de la masse osseuse » mais le chercheur poursuit en indiquant « qu' il apparaît toutefois que l'aspect biomécanique de l'abandon des activités de chasse et de cueillette a joué un rôle plus grand ".
C.R.
Sources :
Gracility of the modern Homo sapiens skeleton is the result of decreased biomechanical loading
Recent origin of low trabecular bone density in modern humans
Modern life has turned us into WEAKLINGS: Scans reveal human ancestors were as strong as orangutans but sedentary lifestyles have made modern bones more fragile
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