Tumeur des os chez un homme de Néandertal
Une étude américano-croate publiée le 5 juin dans PLoS ONE a mis en évidence une tumeur osseuse sur une côte fossilisée provenant des restes d'un Néandertalien qui vivait il y a plus de 120 000 ans en Croatie.
L'étude
Une équipe de chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, de l'Université du Kansas et du Musée national d'histoire naturelle croate a récemment découvert, sur des restes fossilisés néandertaliens - une côte, en l'occurrence -, une tumeur osseuse. C'est le plus ancien cas connu de ce type de pathologie, dont il fait reculer l'apparition de plus de 100 000 ans par rapport à ce qu'avaient pu observer jusqu'à présent les scientifiques. Cependant, le caractère fragmentaire et épars de ces restes humains ne permet pas de préciser l'effet de cette maladie sur l'individu qui en était atteint.
Un site difficile à interpréter
Situé dans des collines du nord de la Croatie, le site de Krapina, où ces ossements ont été mis au jour, est un abri sous roche découvert dans les années 1800 et qui contenait pas moins de 876 fragments de fossiles néandertaliens ayant appartenu à plusieurs dizaines d'individus, tous morts vers -130 à -120 000 ans. L'état et la dispersion des os, souvent brisés et calcinés, a incité certains auteurs à suggérer un épisode de cannibalisme pour expliquer la nature particulière de ce gisement fossilifère. La côte atteinte de tumeur ne peut être jumelée avec certitude à d'autres vestiges, bien que les chercheurs pensent en avoir trouvé une autre appartenant au même individu.
Un échantillon bien caractérisé
L'objet de l'étude est une côte supérieure gauche d'adulte. Elle présente une tumeur indicative d'une maladie appelée dysplasie fibreuse, dans laquelle l'os normal est remplacé par un tissu spongieux fibreux. L'analyse détaillée de l'os, grâce aux rayons X et à la tomodensitométrie (« CT scan »), a montré une assez grande lésion située au centre, caractéristique d'une tumeur due à la dysplasie fibreuse et bien distincte de celle qu'aurait occasionnée une simple fracture - laquelle aurait laissé des indices traumatiques qui sont absents ici.
Une avancée dans l'Histoire des tumeurs...
Les plus anciennes tumeurs osseuses découvertes jusqu'à présent remontaient à peine à il y a entre 1 000 et 4 000 ans. Les tumeurs de toute nature sont, d'une manière générale, extrêmement rares dans le registre fossile humain, et pour de bonnes raisons : d'abord, en dehors des os, les tissus sur lesquels elles se développent ont peu de chances de se conserver ; ensuite, elles ont tendance à survenir à l'âge mûr ou au-delà - un âge que les homininés n'atteignaient que rarement. « L'identification d'une côte néandertalienne de plus de 120.000 ans avec une tumeur de l'os (...) donne un aperçu (...) de l'histoire de l'association de l'Homme aux maladies néoplasiques [= tumorales]", concluent les auteurs.
... plus que dans l'Histoire de l'Homme de Néandertal
Parfois sans effets (sans symptômes), la dysplasie fibreuse peut, dans d'autres cas, induire des malformations. Mais faute d'autres éléments du squelette, il n'y a aucun moyen de savoir quelle a été l'incidence globale de la maladie sur l'individu concerné, ni si il (ou elle, puisqu'on ignore son sexe, ainsi que son âge) est mort(e) des suites de la tumeur ou pour d'autres raisons. La nouvelle étude, selon ses auteurs, montre surtout que l'apparition de tumeurs osseuses - cancéreuses ou bénignes - n'est pas forcément liée, comme cela est souvent admis, à la pollution - évidemment absente de l'habitat des Néandertaliens.
F. Belnet
Sources :
ScienceDaily,
blogs.smithsonianmag.com
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