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L’ADN des orangs-outans, sa diversité peut être une chance…
L’ADN des orangs-outans, sa diversité peut être une chance…
L’ADN des orangs-outans est à la fois plus diversifié que celui de l’homme mais également plus stable dans le temps… Une équipe de scientifiques s’est attachée au séquençage du génome des orangs-outans dans le but d’aider à la conservation de cette espèce en voie de disparition. Revue Nature du 27/01/11.
Selon les dernières estimations il ne reste plus que 57 000 orangs-outans à l’état sauvage : 50 000 à Bornéo et 7 000 sur Sumatra. Ces études génétiques des orangs-outans sont importantes car ces grands singes sont sous une pression écologique intense. Leur nombre ne cesse de diminuer à mesure que les humains empiètent sur leur habitat en pratiquant la déforestation. En Malaisie, orang-outan signifie « Homme des forêts »; en détruisant les forêts l’homme détruit également toute sa faune.
L’étude génétique des orangs-outan
Parmi les grands singes (comme le bonobo ou l’homme), les orangs-outans sont des cousins les plus éloignés génétiquement de l’espèce humaine. L’équipe de scientifique dirigée par la « Washington University School of Medicine » (St Louis) a publié les premiers résultats d’une étude sur la variation génétique des 2 populations de Pongo pygmaeus. L’ADN d’un orang-outan de Sumatra a été le premier a être séquencé. Il a ensuite servi de référence aux étude ADN de cinq congénères de Bornéo et de cinq de Sumatra.
Si l’étude apporte de informations totalement nouvelles elle remet également en lumière plusieurs schémas concernant l’évolution de ces primates.
Un ADN présentant une grande diversité génétique
Les études permettent de constater que l’espèce humaine et les orangs-outans partagent 97% de leur génome (soit moins que l’homme vis-à-vis des chimpanzés). Toutefois, l’ADN des orangs-outans est beaucoup plus diversifié que celui de l’espèce humaine et également beaucoup plus stable dans le temps.
Cette diversification est présente à la fois entre les 2 populations de Sumatra et Bornéo mais également au sein même des 2 espèces. C’est une grande chance pour les orangs-outans car cela augmente leur chance de survie et leur adaptabilité, même si le nombre d’individu diminue.
Les scientifiques ont répertorié quelque 13 millions de variations de l’ADN chez les orangs-outans. Ils ont par contre remarqué que leur génome évoluait beaucoup plus lentement que celui de l’homme et du chimpanzé. « En termes d’évolution, le génome des orangs-outangs est tout à fait spécifique parmi les grands singes du fait qu’il a été extraordinairement stable au cours des 15 derniers millions d’années», explique l’auteur principal de l’étude Richard K. Wilson (Université de Washington Genome Center), qui a conduit le projet. Il rajoute « On peut le comparer avec les génomes des chimpanzés et des êtres humains, qui ont tous deux connu de grands réarrangements structuraux de leur génome, ce qui a accélérer leur évolution. »
… mais des résultats inattendus
Si 70 % des séquences d’ADN comparées montrent, bien logiquement, une plus grande proximité homme-chimpanzé (le gorille étant sensiblement différent), dans 15 % des cas, cependant, l’homme est plus proche du gorille que du chimpanzé, et dans les 15 % restants, ce sont les deux espèces de grands singes qui se ressemblent le plus, s’écartant de l’homme.
Selon Aylwyn Scally, également de l’Institut Sanger, l’explication la plus probable de ce ‘flux’ de gènes interspécifique est que les ancêtres des gorilles se sont croisés avec l’ancêtre commun à l’homme et au chimpanzé, un peu comme Homo sapiens et Néandertal. « Il y a quinze millions d’années, c’était la bonne époque pour être un singe », dit-il : climat et végétation favorables ont alors facilité leur propagation et leur diversification. Puis, face aux changements environnementaux, les populations se sont fragmentées, ont évolué séparément, adoptant diverses stratégies, dont la reproduction avec d’autres groupes zoologiques. L’étude suggère aussi des croisements entre les deux espèces de gorille.
Autre particularité de l’ADN des orangs-outans, les séquence ALU
Les séquences ALU sont de petits fragment d’ADN. Ces courts segments d’ADN représentent environ 10 % du génome humain et peuvent « sauter » dans d’autres endroits du génome pour créer de nouvelles mutations ou des réarrangements génétiques. Le génome humain possède environ 5.000 Alus spécifiques, tandis que le chimpanzé a environ 2.000 Alus chimpanzé spécifiques.
L’étude démontre que l’ADN de l’orang-outan présente un très faible pourcentage de ces séquences ALU et seulement 250 nouvelles depuis 15 millions d’années. Ce qui pourrait expliquer l’absence de grandes réorganisations structurelles chez l’espèce sur cette période.
La séparation des 2 populations d’orangs-outans a du se produire il y a environ 400 000 ans et non 1 million d’années comme on le pensait auparavant. Par ailleurs les chercheurs ont également découvert que la population d’orangs-outans de Sumatra est génétiquement plus diversifiée que celle de Bornéo.
Avec toutes ces nouveaux éléments, les scientifiques espèrent pouvoir venir en aide à ces populations de primates en danger d’extinction.
C.R.
Sources : Sciences Daily, BBC News
Photo : Orang-outan de la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris. Copyright Kroko1000 pour Hominides.com
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