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Les nouveaux-nés des hominidés ont-ils toujours eu besoin d’autant de soins ?
L’accouchement est un moment délicat chez les hominidés pratiquant la bipédie : le cas des australopithèques.
L’étude
Chez les hominidés les accouchements ne sont pas forcément facilités. Parmi les lignées encore vivantes on peut comparer les chimpanzés et les hommes modernes. Pour les premiers l’accouchement est relativement facilité par la forme du bassin maternel alors que chez l’homme l’accouchement est très souvent difficile, mettant en danger la vie de la mère et du bébé.
C’est en fait le développement de la bipédie qui est jugé à l’origine de ce dysfonctionnement. En se tenant de manière verticale et en marchant sur les deux jambes, le bassin des premiers hominidés s’est modifié en favorisant chez la femelle, un canal d’accouchement plus étroit. C’est ce processus qui a servi d’hypothèse pour l’étude de l’équipe de l’anthropologue et sage-femme Pierre Frémondière qui a publiédans la revue Communications Biology
Trois espèces étudiés A. africanus, A. afarensis, A, sediba.
L’équipe a donc effectué des simulations numériques en se basant sur de très anciens représentants de la lignée humaine, les australopithèques (entre 3,2 millions d’années et 1,8 million d’années). Ce sont principalement des crânes adultes de trois espèces d’australopithèques qui ont été retrouvés et qui ont donc servi de modèles : les crânes des bébés, très fins et fragiles ne résistent pas au temps. Utilisant un logiciel modifié pour la « biomécanique des accouchements » les chercheurs voulaient calculer le ratio entre la taille crânienne néonatale et celle de l’adulte.
Comment faire passer une tête dans un bassin étroit ?
Les chercheurs ont donc émis plusieurs hypothèses de taille du crâne pour les nouveaux-nés. Les plus petites hypothèses étaient comprises entre 110 et 145 grammes, correspondant au chimpanzé. Les plus élevés atteignaient 180 grammes soit l’équivalent de celui d’un Homo sapiens.
Les premiers résultats montraient que seules les plus petites options, entre 110 et 145 grammes, passaient sans encombre à travers le bassin. Toutes des tailles supérieures restaient coincées.
L’équipe a ainsi pu calculé quel devait être la taille maximum du crâne par rapport au bassin. « Avec cette option la plus petite, on a calculé un ratio de 28% à 30%, ce qui est très proche de la configuration d’Homo sapiens », détaille le chercheur en anthropologie bio-culturelle Pierre Frémondière.
Un « investissement parental » important
Comme chez l’être humain actuel les membres de l’équipe en déduisent que les australopithèques devaient posséder à l’accouchement un crâne beaucoup plus petit que celui de l’adulte. Le nouveau-né australopithèque immature, sans possibilité de se déplacer ou de se nourrir seul devait faire l’objet de soins continus de la part de ses parents et de son groupe.
« Plus la naissance est précoce, plus le bébé est démuni et plus l’investissement parental post-partum est important, de la part de la mère mais aussi du groupe », analyse Pierre Frémondière.
Un investissement, et donc une évolution de la parentalité, qui a « permis de socialiser les humains à un stade précoce ».
C.R.
Sources :
Frémondière, P., Thollon, L., Marchal, F. et al. Dynamic finite-element simulations reveal early origin of complex human birth pattern. Commun Biol5, 377 (2022)
https://doi.org/10.1038/s42003-022-03321-z
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