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Neandertal, une vie pas si sédentaire que cela… ?
Comment connaître les mouvement d’un hominidé durant sa vie…
Une équipe internationale de chercheurs réunissant l’Allemagne, le Royaume-Uni, et la Grèce a utilisé une nouvelle technique pour déterminer les mouvements géographiques d’un individu (ou d’une population) pendant sa vie.
C’est le professeur Michael Richards (Max Planck Institute for Evolutionnary Anthropology) qui dirigeait les travaux.
Une molaire, objet de l’étude
Les scientifiques ont analysé une dent datée de 40 000 ans, appartenant à un néandertalien, découverte en 2002 dans une grotte à Lakonis (sud de la Grèce). Cette molaire s’est formée lorsque le jeune Néandertal était âgé entre 7 et 9 ans.
L’étude du pourcentage de strontium
En prélevant (grâce à la technologie laser) un microscopique morceau de l’émail de cette dent les chercheurs ont pu déterminer le taux de strontium que celui-ci contenait.
Le strontium s’est déposé lors de la formation de la dent et donc pendant l’enfance du jeune néandertalien. Le pourcentage de strontium est fonction de son alimentation et de l’eau ingérée. Cette étude permet donc de déterminer la zone d’habitation correspondant au taux de strontium.
Image: Max Planck institute for Evolutionary Anthropology
Néandertal mobile mais pas aventurier
L’équipe de scientifiques a pu ainsi déterminer que notre homme de Néandertal avait vécu, dans sa petite enfance, sur un site formé de roches volcaniques anciennes. Ce site, identifié, est à une vingtaine de kilomètres du lieu de la découverte de la dent.
Le professeur Richard déclare » Le strontium ingéré avec l’alimentation et l’eau est absorbé comme du calcium chez les mammifères pendant la formation des dents. Nos tests montrent que cet individu a dû vivre dans des endroits différents pendant son enfance et à sa mort… Les preuves indiquent que ce néandertalien s’est déplacé dans un périmètre relativement large de 20 kilomètres ou plus lors de sa vie…«
Trois théories s’affrontaient jusqu’à maintenant sur la mobilité d’Homo neanderthalensis.
La première soutenait que les néandertaliens restaient la plupart de leur vie dans une aire restreinte. La deuxième penchait vers un homme de Néandertal grand migrateur. La dernière plus pragmatique, voulait démontrer que cette espèce se déplaçait peu sauf lors de migrations saisonnières pour trouver des ressources alimentaires.
Pour étayer ces théories les scientifiques ne pouvaient se baser que sur des sources indirectes :
– des outils retrouvés fabriqués dans un matériau non présent sur le lieu de la découverte
– la présence d’éléments sans rapport avec le lieu de découverte comme des restes de coquillages loin de la côte.
« …Aucun de ces éléments n’apporte de preuve directe de la mobilité de Néandertal… » explique le Dr Katerina Harvati (Max Planck Institute).
A suivre
Le même type de recherche va devoir maintenant être effectué sur d’autres restes néandertaliens en provenance d’autres lieux et/ou d’autres époques. La multiplication des études pourra, ou non, valider la théorie de la mobilité d’Homo neanderthalensis.
Et pourquoi pas permettre également d’étudier les grands mouvements migratoires de notre espèce.
C.R.
Sources
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