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L’homme de Lascaux et l’énigme du puit
Jean-Loïc Le Quellec Edition Tautem
Présentation de l’éditeur
Parmi toutes les images préhistoriques, la « Scène du Puits» de Lascaux est certainement l’ensemble qui a suscité le plus d’interrogations et de commentaires. L’homme mystérieux qui figure au centre de ce panneau a été tout à tour vu comme un chasseur accidenté, un sorcier se préparant à la traque ou un chamane en transe. Les interprétations les plus étonnantes se sont multipliées depuis des décennies, et cette étrange composition continue d’alimenter nos rêveries.
Ce livre réunit pour la première fois l’ensemble des hypothèses formulées au fil des ans à propos de cette peinture, des plus terre-à-terre aux plus surprenantes, de l’abbé Breuil à nos contemporains. Leurs qualités sont discutées, leurs contradictions soulignées, leur degré de validité minutieusement soupesé, et de nouvelles pistes sont suggérées.Au terme d’une enquête menée tambour battant, le voile du sens sera-t-il enfin levé ?
Broché
15 x 21 cm
100 pages
Hominides.com
La Scène du Puits, dans la grotte de Lascaux, a fait couler beaucoup d’encre depuis sa découverte. Elle n’est pourtant pas exceptionnelle par ses représentations : un bison, un « homme », un oiseau, un rhinocéros ; des éléments que l’on retrouve dans plusieurs autres grottes. La réalisation est également classique pour de l’art préhistorique et l’utilisation de pigments naturels ou du support n’a rien d’extraordinaire.
Non, ce qui a fait parler les chercheurs (préhistoriens, philosophes, spécialistes de l’art…) c’est l’agencement de ces représentations, le fait que ces éléments semblent associés pour nous raconter une histoire ou simplement nous dire quelque chose.
Depuis des dizaines d’années les hypothèses les plus fouillées, mais aussi les plus farfelues, ont été avancées pour tenter d’expliquer cette scène : astronomie, chamanisme, mythe, chasse…
Jean-Loïc Le Quellec répertorie tout ce qui a été dit sur cette fameuse scène en n’omettant pas de faire remarquer les incohérences, les « recopies » malencontreuses, les oublis. L’auteur démontre également que l’angle où l’on se positionne pour voir les représentations a un impact immédiat sur la lecture et le rapport des représentations entre elles. C’est passionnant car cette scène, à elle seule, a focalisé presque l’ensemble des théories et hypothèses d’explications de l’art préhistorique en général.
Lorsque que vous vous retrouverez devant cette scène (à Lascaux 4 par exemple) vous pourrez vous-même rajouter votre interprétation !
C.R.
L’auteur Jean-Loïc Le Quellec
Jean-Loïc Le Quellec est directeur de recherche honoraire au CNRS. Spécialiste de l’art rupestre, il a publié de nombreux ouvrages et articles portant aussi bien sur la mythologie que sur l’art préhistorique.
Un extrait de Homme de Lascaux et l’énigme du puit
… La même année, Breuil se montrait naturellement plus disert à l’occasion d’une communication écrite envoyée à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres :
« Un homme, mort apparemment, repose entre, à sa droite, un bison blessé et furieux, et un rhinocéros laineux s’écartant à sa gauche. Un peu plus bas que bison se voient les vestiges très atténués d’un second bison beaucoup plus petit. L’homme, d’un dessin assez schématique, est renversé obliquement sur le dos ; la tête, petite, ressemble à celle d’un oiseau au bec droit ; les bras, étalés obliquement, se terminent par des mains étendues à quatre doigtes ; le tronc, allongé, est fait de deux traits parallèles s’épaississant vers les hanches, et se rejoignant en demi-cercle, à la fourche, ou s’insère le sexe, pointé horizontalement vers le bison […]. Sous [s]es pieds se voit un court objet muni d’un fort crochet, à autre extrémité croisillonnée, qui paraît un propulseur. La lance, à grande barbure unilatérale, prend en écharpe le bison ; sa hampe est fracturée vers les deux tiers de sa longueur. Du ventre du bison s’échappent ses entrailles, formant une anse énorme à quadruple tracé. Le bison est à l’arrêt, tracé en noir sur une tache jaune ocreuse naturelle, habilement choisie pour imiter une peinture bichrome. Ses pieds, en perspective tordue, ne témoignent d’aucun mouvement, malgré l’expression féroce de la tête aux cornes sinueuses menaçantes abaissées vers l’homme […] Pour la queue dressée, elle fouette l’air avec furie. Si l’on pense, comme j’y suis incliné, que ce n’est pas un coup de lance qui peut éventrer ainsi un bison, la présence du rhinocéros qui s’éloigne à gauche à pas tranquilles en donne l’explication ; il semble s’écarter, paisible, ayant détruit ce qui l’inquiétait […] Il reste une figure à expliquer, le poteau à base paraît muni[e] d’une barbelure, et son couronnement, oiseau conventionnel sans pattes et presque sans queue. Il m’a rappelé les poteaux funéraires des eskimos de l’Alaska et des Indiens de Vancouver. Il sera intéressant de s’assurer si la sépulture ne gît pas au pied de cette peinture, commémorative sans doute d’un accident mortel au cours d’une chasse ».