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Renancourt : une vénus datée de – 23 000 ans
Les morceaux d’une statuette en craie représentant une femme ont été retrouvés dans le quartier Renancourt à Amiens. |
La découverte
Un petit amas de morceaux de calcaire a été découvert en juillet 2014 sur un chantier de fouilles (Renancourt 1) mené par le service régional de l’archéologie, l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) et le service d’archéologie préventive d’Amiens métropole. Ce chantier est situé dans le quartier Renancourt au sud-ouest d’Amiens.
Au Paléolithique, le site de Renancourt 1 était un campement de chasseurs qui ont laissé derrière eux différents artefacts :
– des objets en silex (pointes de projectiles de chasse, couteaux, grattoirs),
– des ossements de chevaux qui avaient servi de repas,
– des éléments de parures (rondelles percées en craie).
Avec la vingtaine de fragments calcaire, les archéologues ont pu reconstituer une statuette féminine (génériquement appelée vénus préhistorique) d’une taille de 12 centimètres. Elle était située à 4 mètres de profondeur sous la surface du sol actuel.
Photo Détail de la Vénus lors de sa découverte en 2014. On remarque son état très fragmenté à cause du gel. © Clément Paris
La vénus préhistorique
Reconstituée, la statuette représente une femme assez opulente (comme la majorité des vénus préhistoriques, mais pas toutes non plus…). La poitrine, forte, retombe sur le ventre. Les fesses sont extrêmement bombées, comme tirées vers l’arrière. Nommée vénus callipyge le terme est inapproprié car, si la statuette a effectivement un arrière-train remarquable, c’est plus par sa démesure et ses proportions que par sa beauté qu’elle se remarque.
Comme de nombreuses vénus préhistoriques, la statuette a donc des attributs sexuels très marqués, alors qu’à l’opposé ses membres et son visage sont juste esquissés. Pour le préhistorien Clément Paris, « Cette statuette constitue probablement l’expression symbolique de la femme, et plus particulièrement de la fécondité ».
La statuette n’est pas complète ; un morceau de la partie inférieure à droite est manquant (voir photo) de face. Retrouvée en 19 morceaux, la statuette a peut-être éclaté tout simplement sous l’effet du gel.
Une découverte géographiquement atypique
Pour les chercheurs, la découverte est exceptionnelle car c’est la première vénus qu’on trouve dans le nord de la France. Il n’existe actuellement au monde qu’un peu plus de 240 vénus préhistoriques et néolithiques. Les statuettes de ce type ont majoritairement été retrouvées dans le grand quart sud-ouest de la France (Aquitaine, Périgord…) ou à l’étranger (Autriche, Sibérie en Russie). Comme le rapelle Nicole Phoyu-Yedid (Directrice régionale des affaires culturelles de Picardie), la dernière découverte d’une vénus gravettienne en France remonte à une cinquantaine d’années, en 1959, à Tursac.
« Rarissime, inattendu, les superlatifs manquent » déclare Pascal Depaepe (Directeur interrégional de l’INRAP). Il ajoute qu’au cours de cette période glaciaire, il y a 23 000 ans, la Picardie étant sous la neige : « Je n’avais jamais imaginé une découverte de ce genre dans la région ».
Pour le préhistorien Clément Paris, découvreur de la vénus « Il n’existe en France que 15 statuettes féminines de cette époque. Elles proviennent du Sud-Ouest ». Il indique que les hommes du Paléolithique « ont dû profiter d’une micro-période d’amélioration du climat pour remonter vers le Nord. Ces chasseurs se déplaçaient sur de très longues distances. Les silex, les parures trouvés sur les chantiers de fouilles du Sud-Ouest montrent qu’ils parcouraient 200 à 300 km ».
Après les études de la statuette, cette vénus trouvera naturellement sa place au Musée de Picardie, à Amiens.
C.R.
Sources
Equipe de fouilles : Clément Paris, responsable de la fouille, Paule Coudret, Jean-Pierre Fagnart, Alain Boucher, Pierre Antoine, Olivier Moine, Sylvie Coutard, collaborateurs scientifiques.
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