Accueil / Livres et médias / L’Odyssée des gènes
L’Odyssée des gènes
Evelyne Heyer
Editions Flammarion
Prix « Le goût des sciences »
Prix du Jury « La science se livre »
Prix du livre scientifique Paris Saclay
A, C, G, U... des chaînes de lettres pour découvrir 7 millions d'années d'histoire de l'humanité révélées par l'ADN ancien. Au coeur de la paléogénétique !
Présentation de l’éditeur
Les gènes sont une fascinante machine à remonter le temps depuis que nous savons faire « parler » non seulement l’ADN des Sapiens actuels, mais aussi celui de nos lointains ancêtres. En nous faisant partager les derniers résultats des laboratoires comme ses péripéties sur le terrain, Evelyne Heyer dévoile un récit qui semblait à jamais inaccessible : celui de l’aventure humaine. Ou comment une espèce, qui s’est séparée des chimpanzés il y a 7 millions d’années à peine, a pu conquérir la planète.
Dans cette grande fresque, vous cheminerez aux côtés de cousins disparus tels Néandertal et Denisova, ou du mystérieux peuple des steppes qui aurait imposé les langues indo-européennes. Au gré des migrations et des mélanges, vous suivrez les juifs de Boukhara, les armées de Gengis Khan ou encore ce millier de « filles du Roy » envoyées par Louis XIV peupler la Nouvelle-France – et aïeules de bon nombre de Québécois…
Vous embarquerez avec les esclaves africains depuis leurs pays d’origine, que révèlent les tests génétiques. Une odyssée qui éclaire aujourd’hui nos différences et façonnera demain notre avenir. Une extraordinaire histoire collective dont nous sommes tous les héritiers
.
Parution le 26/08/20
388 pages
Hominides.com
Les progrès de la génétique ont été tels que, depuis quelques années, les grandes avancées concernant la compréhension de l’évolution des hominidés sont très souvent issues de cette discipline. La généticienne Evelyne Heyer reprend les études effectuées dans le monde entier et esquisse un arbre de l’évolution humaine.
L’étude de l’ADN a ainsi permis de confirmer que l’origine de l’espèce humaine est bien africaine, et que les européens ont gardé une peau foncée jusqu’à assez récemment, il y a 10 000 ans. D’autres études ont également mis en lumière les rapports de filiation entre les espèces d’hominidés (le fameux «on a tous un peu de Néandertal en nous»). Ces études comparatives ne sont toutefois possibles qu’avec les espèces dont on a pu extraire un ADN exploitable. En effet, la conservation des séquences d’ADN dépend de nombreux facteurs comme le taux d’humidité, la température…
On ne trouve donc pas du matériel génétique dans tous les morceaux d’os humains !
Pour l’instant (en 2020) la plus ancienne séquence d’ADN exploitable a été retrouvée à la Sima de los Huesos, sur le site d’Atapuerca.
Pour les hominidés récents, le positionnement dans la famille peut se faire si le matériel génétique est suffisant, mais plus on s’éloigne dans le temps, plus les interactions sont indescriptibles.
Pour les populations plus anciennes, les généticiens ont pu calculer, en prenant en compte le taux de mutation, le moment où deux espèces se sont séparées. Cette horloge génétique fonctionne de manière rétrospective pour connaître les liens de parenté entre deux espèces et la période où elle ont eu un ancêtre en commun.
Ce touvrage permet de retracer les grandes migrations de populations, découvrir l’origine de certains peuples, les adaptations de l’espèce humaine à son milieu par le biais de la sélection naturelle, les évolutions particulières de populations face à un nouvel environnement ou un changement d’habitudes alimentaires.
Un livre pour tous les publics qui ne nécessite pas de connaissances particulières mais au minimum de la curiosité !
C.R.
L’auteure, Evelyne Heyer
Évelyne Heyer est professeur d’anthropologie génétique au Muséum national d’histoire naturelle où elle mène des recherches sur l’évolution génétique et la diversité de notre espèce. Son laboratoire est situé au Musée de l’Homme où elle dirige une équipe de recherche en anthropologie évolutive. Elle mène également des travaux de terrain en Asie Centrale et en Afrique Centrale et a publié plus de 100 articles scientifiques. Par ailleurs, elle s’est fortement impliquée dans le projet de rénovation du Musée de l’Homme (inauguré en 2015) dont elle est la commissaire scientifique générale. Elle a été commissaire scientifique de la première grande exposition temporaire du nouveau Musée de l’Homme en 2017 : « Nous et les Autres – Des préjugés au racisme ».
Du même auteur
On vient vraiment tous d’Afrique ? (avec Carole Reynaud-Paligot)
Une belle histoire de l’homme (sous la direction d’Evelyne Heyer)
Devenir humain
Sommaire de l’Odyssée des gènes
Prologue
Partie 1
Premiers pas
-7 millions d’années
La séparation d’avec les chimpanzés
-2,2 millions à-1,8 million d’années
La première sortie d’Afrique
-300000 ans à -200000 ans
La (première) naissance de l’Homme moderne
-100000 à -70000 ans
L’Homme moderne part à l’aventure hors d’Afrique
-70000 ans
Notre rencontre avec Neandertal
Partie 2
L’esprit de conquête
-50000 ans
La colonisation de l’Australie
-60000 ans
Les ancêtres des Pygmées en Afrique
-40000 ans
Homo sapiens arrive en Europe
-40000 ans
Et pendant ce temps en Asie
-15000 ans
La véritable découverte de l’Amérique
Partie 3
L’Homme dompte la nature
-10000 ans
!’invention de l’agriculture et de l’élevage
-6000 ans
L’agriculture arrive en Europe
-6500 à -5000 ans
L’Homme se met à boire du lait
-3000 ans
Ôtzi surgi des glaces
-3000 ans
La domestication du cheval au Kazakhstan
-3000 ans
La rencontre Pygmées-Bantous
-1000 ans
D’intrépides navigateurs débarquent en Polynésie..
-1000 ans
La grande chevauchée des Srythes
Partie 4
L’Age de la domination
De la fin du IXe siècle au Xe siècle
L’expansion des Samanides perses en Asie centrale,
Aux confins de l’histoire
Les juifs de Boukhara
Du IXe au Xe siècle
Les Vikings colonisent l’Islande
XIIe siècle
L’armée de Gengis Khan déferle sur l’Europe
XVIe siècle
Les Européens s’établissent en Nouvelle-France
Du xvIIe au XVIIIe siècle
Les migrations forcées des esclaves
Partie 5
Les temps modernes : tous parents
2010
La généalogie génétique retrace votre passé
Fin des années 2010
Montée des nationalismes en Europe
2015
250 millions de migrants dans le monde
2100
Naissance du premier être humain qui vivra 140 ans ?
Conclusion
Bibliographie
Remerciements
Crédits
Un extrait de « L’odyssée des gènes »
– 2,2 millions à -1,5 million d’années
La première sortie d’Afrique
En 1991, en Géorgie, dans les montagnes du Caucase, les paléoanthropologues font une découverte majeure. En fouillant à Dmanissi, un village ceint de collines boisées et dominé par une forteresse médiévale, ils découvrent plusieurs fossiles humains datés d’environ
1,8 million d’années. Cette exhumation clôt enfin un débat portant sur la date approximative de la sortie d’Afrique par l’Homme. Jusqu’ici, les seules traces disponibles de ce départ étaient matérialisées par des objets façonnés rudimentaires, découverts en Chine et datés à 2,2 millions d’années, mais sans restes humains associés.
Ainsi, l’aventure de la lignée humaine hors d’Afrique dispose maintenant d’un jalon géographique et temporel indiscutable : Dmanissi, 1,8 million d’années. Il existe deux hypothèses sur.l’identité du premier Homo à avoir quitté le continent qui nous a servi de berceau : il s’agirait d’un Homo erectus ancien (aussi nommé Homo ergaster), à moins qu’il n’appartienne à l’espèce Homo habilis (l’Homme habile, qui a été le tout premier Homo). Le fait le plus remarquable sur les ossements des différents individus mis au jour est qu’ils montrent une grande variabilité morphologique, aussi prononcée qu’encre les espèces contemporaines d’Homo habilis ou les premiers Homo erectus. Plutôt que de conclure que plusieurs espèces s’étaient succédé sur le même site, les paléontologues ont imaginé que les Homo de l’époque vivant là (bientôt appelés Homo georgicus) provenaient de la même espèce, mais présentaient une forte variabilité d’aspect. Mais était-ce vraiment la première sortie d’Afrique ? Comme précisé ci-dessus, il en existerait au moins une plus ancienne, attestée par le matériel chinois de 2,2 millions d’années. Mais quant à savoir qui a laissé ces traces… D’autant que les outils ne sont pas le propre de l’Homme : les chimpanzés en utilisent aussi (même s’ils ne sont pas autant façonnés, il est vrai). De plus, si pendant longtemps on a associé les premiers Homo à la production d’outils, des fouilles récentes au Kenya remettent ce paradigme en question : des outils, cerces rudimentaires, ont été trouvés qui datent de 3,3 millions d’années, soit 500 000 ans avant l’émergence des premiers Homo il y a environ 2,8 millions d’années, une période où seuls les australopithèques et les parantrhropes sont présents. Ainsi, l’association outils-Homo tombe et rend problématique toute tentative d’attribuer les outils chinois à une espèce.
La génétique serait un superbe outil pour résoudre ces relations entre espèces anciennes, mais c’est- malheureusement impossible : ces restes humains sont trop anciens pour renfermer de l’ADN. Lors de la fossilisation, la matière organique disparait petit à petit; ainsi l’ADN se dégrade, se casse en petits fragments. Actuellement, le plus vieil ADN humain que l’on a pu analyser date d’environ 400 000 ans – et c’est déjà un exploit -, bien loin des 2 millions d’années …